D’Après une Idée de : Tony Schumacher
Avec Martin Freeman, Adelayo Adedayo, Warren Brown, Myanna Buring
Pays : Angleterre
Nombre d’Episodes : 5
Genre : Drame, Policier
Résumé :
Chris, un agent d’intervention d’urgence souffrant de crises, est contraint de faire équipe avec une nouvelle recrue. Dans les quartiers dangereux de Liverpool, ils ne pourront survivre la nuit qu’en se serrant les coudes. Sans cela, leur destruction mutuelle est assurée.
Avis :
Écrivain assez célèbre aux Royaume-Uni, Tony Schumacher, avant de passer à l’écriture, a été un temps chauffeur de taxi et policier à Liverpool. Si ses trois premiers romans n’ont rien à voir avec ce qu’il a connu, en parallèle de ses romans publiés dans des maisons d’édition, Tony Schumacher autopublie des ouvrages qui relatent ses expériences, et c’est sur la base de l’un d’entre eux que Tony Schumacher est contacté par BBC One pour écrire quelque chose autour dans la police. Ce sera alors « The Responder« .
Encore une fois, la télévision britannique nous montre toute l’étendue de son savoir-faire. Employer Tony Schumacher en tant que Showrunner, ex-policier pour décrire la police et surtout la descente vertigineuse d’un flic dans les abysses les plus sombres de son for intérieur, était une idée merveilleuse, d’autant plus que ce dernier est tenu par Martin Freeman, acteur anglais ô combien incroyable, qu’on devrait voir bien plus souvent.
Bref, avec ses cinq épisodes d’une heure environ, « The Responder » se pose comme une série passionnante et derrière ça, une série où une pression permanente nous tient de son ouverture jusqu’à la fin de son dernier épisode. À ce niveau-là, on peut même parler d’une claque.
Liverpool, Chris est un policier qui travaille de nuit. Fatigué et lassé, Chris sombre depuis quelques années déjà, dépassé par son métier dont la violence et l’irrespect se font de plus en plus présents. En dépression, Chris essaie tant bien que mal de garder la tête hors de l’eau, mais cette nuit-là, un appel, suivi d’une interpellation, va faire un effet boule de neige et entraîner Chris à la limite de l’illégalité…
Les Britanniques sont des maîtres en ce qui concerne leurs séries, et plus particulièrement lorsqu’ils s’emparent de série policière. Franchement, des séries comme « Happy Valley« , « Broadchurch« , « Line Of Duty« , « Sherlock« , ou encore « A Confession » sont autant de réussites et à cette belle liste (dont plusieurs titres ont été forcément oubliés), on peut d’ores et déjà y inclure la première série de Tony Schumacher, « The Responder« , tant cette dernière se pose comme l’une des meilleurs choses que la télévision anglaise nous offre cette année.
« The Responder« , c’est une descente en enfer dans le quotidien d’un flic de Liverpool, qui a franchi la frontière du Burn Out depuis bien longtemps. Très bien écrit, suivant ce flic au plus près dans un engrenage qui ne va faire que s’épaissir, « The Responder » est une sorte de cocotte-minute que nous offre là son créateur. Ce qui est aussi prenant qu’inquiétant avec cette série, c’est la sensation que son personnage principal peut craquer à n’importe quel instant, et si ce craquage devait avoir lieu, la série serait parfaitement imprévisible (chose qu’elle est déjà).
Ces cinq premiers épisodes sont impeccablement pensés, et surtout menés. Après une excellente présentation, qui pose bien des bases, Tony Schumacher ne va alors faire qu’épaissir ses personnages et surtout « la merde » dans laquelle Chris, mais aussi une partie de ceux qui l’entourent, va se fourrer. Avec cette histoire rudement menée, il est difficile de savoir où la série va bien pouvoir nous emporter et force est de constater que « The Responder » tient ses promesses jusqu’au bout.
De plus, derrière sa trajectoire, « The Responder » questionne sur l’investissement dans son travail, la violence de la société de plus en plus présente. Le manque de respect et de considération envers la police. Il y a un malaise permanent dès que la série aborde des sujets de société, ce qui la rend encore plus intéressante. Puis derrière ça, au travers de certaines décisions du personnage de Chris, la série questionne aussi bien la mauvaise rémunération de ces fonctionnaires, que le couple ou comment le temps et les ingérences d’un métier finissent par abîmer les sentiments, ou encore où se trouve la légalité dans un métier comme celui-là. Bref, c’est vraiment bien construit et très intelligent dans ce que cela raconte.
En plus de son écriture tendue en permanence, « The Responder » est aussi une série qui a un sacré cachet visuel et dans son ambiance. La série est on ne peut plus sombre et parfois, elle peut avoir des airs de chaos. Un chaos qui est aussi noir que celui de son personnage. Il faut dire que la série jouit d’un trio de réalisateurs excellents. Ainsi, on trouve des mecs comme Philip Barantini (« The Chef« ), Tim Mielants (« Peaky Blinders« , « The Terror« ), et Frien Troch (« Home« ).
On ajoutera à cela un rythme parfait, qui tout en faisant de l’accordéon, laisse en filigrane, en arrière-plan, une tension qui ne cesse de croître au fur et à mesure que la série avance.
Enfin, « The Responder » est bien tenue avec d’excellents acteurs, comme Ian Hart, Myanna Buring, Emily Fairn, Josh Finan, ou encore la belle et talentueuse découverte qu’est Adelayo Adedayo, mais au-dessus de tous, « The Responder« , c’est avant tout un Martin Freeman époustouflant dans l’un de ses rôles les plus sombres et les plus durs. Comme je le disais plus haut, on a l’impression que Chris pourrait exploser à n’importe quel moment, et il est passionnant à suivre, que ce soit dans ses bonnes décisions ou dans les mauvaises.
Cette première série pour Tony Schumacher est une grande réussite, et ces cinq épisodes sont, chacun à leur manière, de petites bombes. Puissante et sombre, intelligente, engagée et passionnante dans ce qu’elle raconte, tenue par un immense acteur qui livre là l’une de ses plus grandes performances, je le redis, mais oui, je me suis pris une claque… Et le pire dans tout ça, c’est que j’en redemande.
Note : 17/20
Par Cinéted