avril 16, 2024

Time

Titre Original : Shi Gan

De : Kim Ki-Duk

Avec Seong Hyeon-a, Ha Jung-Woo, Ji-Yeon Park, Ji-Heon Kim

Année: 2007

Pays: Corée du Sud, Japon

Genre : Drame

Résumé :

Après deux ans de vie commune avec Ji-woo, See-hee s’inquiète de l’avenir de leur couple, de l’usure que le temps pourrait apporter à leur amour. Jalouse, elle ne supporte plus que son compagnon regarde d’autres femmes ou leur adresse ne fût-ce que quelques mots innocents. Mais, entre deux crises de colère et de larmes, See-hee se désole surtout de n’avoir que le même visage et le même corps à offrir, nuit après nuit, à celui qu’elle aime avec passion…
Un jour, après une dispute particulièrement âpre, See-hee disparaît, laissant Ji-woo désemparé. A l’insu de tous, elle se rend dans une clinique et demande à ce qu’on lui refasse entièrement le visage. Durant cinq mois, nul ne la verra autrement que masquée ; au sixième, See-hee renaîtra, méconnaissable…

Avis :

Il y a trois ans de cela, je me prenais une claque comme jamais et je découvrais un auteur dont j’allais tomber fou amoureux de son cinéma. Cet auteur, c’est Kim Ki-duk, un réalisateur coréen qui navigue dans le petit cinéma d’auteur. J’ai commencé avec son immense « Entre deux rives » et depuis chacun des films sur lesquels je me suis arrêté fut une expérience bouleversante et je ne serais dire combien il faut découvrir l’œuvre de ce type. Des films comme « Printemps, été, automne hiver … et printemps« , « Locataires« , « The Coast Guard » ou encore « Samaria » sont autant de films bouleversants qui tirent bien souvent vers le chef-d’œuvre.

Ce soir-là, je me suis lancé dans « Time« , dont l’affiche est sûrement l’une des plus poétiques de la filmographie de son réalisateur. Passionnant de bout en bout, beau, cruel, injuste et surtout bouleversant, « Time » est un film très différent de ce que j’ai pu voir dans le cinéma de Kim Ki-duk. Se lançant dans une histoire d’amour très singulière, le réalisateur sud-coréen offre un film aussi improbable qu’il est fascinant et il en ressort un petit bijou de cinéma qui hante nos pensées bien longtemps après l’avoir quitté.

Ji-woo et See-hee sont en couple depuis deux ans, mais pour la jeune femme, leur relation s’essouffle, plus le temps passe et un sentiment de jalousie s’installe, la jeune femme ne supportant pas qu’une autre femme s’approche de son amoureux. Un jour, après une violente dispute, See-hee prend la décision de disparaître sans explication. See-hee a une idée en tête et ainsi, elle entre dans une clinique de chirurgie esthétique. Six mois plus tard, cachée derrière un nouveau visage, See-hee va reconquérir Ji-woo…

Il est vrai que lorsqu’on survole le synopsis de « Time« , on a de quoi rester dubitatif face à la grosseur de cette intrigue qui dans un certain sens a du mal à tenir la route et pourtant la découverte du film « Time » se tient de bout en bout et en plus de ça, il se pose comme une œuvre magnifique. Une œuvre cruelle et injuste, mais dont le lyrisme et la beauté de ses sentiments poussés à l’extrême finissent par toucher profondément.

« Time« , c’est une histoire d’amour pas comme les autres. Kim ki-duk nous entraîne de manière magistrale au plus près des sentiments et surtout des bouleversements de ses personnages. Intelligent, subtil et très bien écrit, « Time« , c’est une réflexion sur l’amour, sur le temps qui passe, sur la passion des premiers jours cassés par l’acquis. Kim Ki-duk y aborde la peur, la confiance en soi, les apparences, le corps et le cœur. Le cinéaste, à travers cette histoire, aborde tant de choses, ce qui fait que son film est assez déroutant, et tout à fait passionnant à la fois. C’est déroutant et passionnant de voir et de ressentir à quelque point le cinéaste sait parfaitement ce qu’il fait, où il va et ce qu’il a envie de nous faire ressentir.

Malgré la grosseur de cette histoire, malgré des rebondissements qui, chez d’autres pourraient prêter à sourire, chez Kim Ki-duk, ça fait bien plus que de tenir la route. Kim Ki-duk, au gré des tournures que prend son intrigue, ne cesse de réinventer le film, de nous surprendre et de nous toucher, allant vers ce final, terrible, fou, désespéré, juste et tellement bouleversant. Ce final, et toute cette histoire par ailleurs, s’implante dans les esprits, si bien que quelques heures après la découverte, on se surprend à penser à ces personnages, à ces acteurs merveilleux, à cette histoire, à leurs choix. Bref, c’est grandiose.

Cette histoire d’amour effroyable et belle est filmée avec beaucoup de délicatesse de la part de Kim Ki-duk. Le metteur en scène se fait lyrique, donnant parfois à son film des allures de conte moderne. Très esthétique, doté d’un rythme parfait, tout ici est à sa place et entre ces scènes superbes, ces personnages complexes et sa BO magique, « Time » nous bouscule et nous fait voyager. Un voyage visuel certes, mais aussi émotionnel, Ki-duk sachant parfaitement maîtriser, composer et assembler son visuel et ses émotions, pour livrer un film et une expérience unique.

Bref, encore une fois, Kim Ki-duk m’a totalement envoûté et bluffé. « Time » est un film aussi beau qu’il est fou. C’est un film aussi magnifique qu’extrême dans l’exploration des sentiments. Délicat, cruel, passionné, complexe, amoureux, perturbé, et surtout inoubliable. Décidément, Kim Ki-duk est l’un des réalisateurs les plus doués et les plus intéressants de Corée et il serait temps qu’on le reconnaisse !

Note : 17/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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