mars 28, 2024

Hungerford

De : Drew Casson

Avec Drew Casson, Georgie Bradley, Sam Carter, Mark Cusack

Année: 2014

Pays: Angleterre

Genre: Horreur

Résumé:

Alors qu’ils filment leur vie de fêtards, quatre amis colocataires observent leur ville de Hungerford se transformer en champ de bataille. En effet, après un curieux phénomène météorologique, des habitants infectés par des insectes venus d’on ne sait où sèment le chaos et la mort partout.

Avis :

Il y a diverses façons de débuter dans le cinéma. Bien évidemment, le plus facile est celui du piston, d’avoir des portes d’entrée en fonction de ses connaissances et de finalement commencer sur des productions plutôt mineures, mais qui sont chapeautées par de grands noms. L’autre façon d’entrer dans le cinéma, c’est de devenir indépendant, de se démerder pour trouver du financement et de faire un film tout seul, dans son coin, et par la suite de tenter de vendre son produit à des boîtes de production plus ou moins véreuses. C’est ce qu’a tenté de faire Drew Casson en 2014, alors qu’il n’était âgé que de 19 ans. Le jeune homme prend sa caméra, trouve 20 000 livres et va faire un premier film avec ce qu’il a sous la main. Forcément, il cède aux sirènes de la facilité avec une caméra à l’épaule, faisant alors un found-footage horrifique que l’on a déjà vu mille fois. Néanmoins, une question se pose avec ce genre de projet : doit-on être indulgent ? Car c’est difficile de critiquer un premier film indépendant, fait avec les moyens du bord et qui a tous les atours d’un projet amateur. Cependant, le film est disponible sur Netflix, ce qui signifie que le métrage a été acheté et que des gens ont validé un tel produit. Pourquoi ?

L’histoire se passe de commentaires. Un jeune homme filme sa vie pour en faire une sorte de projet d’étude qu’il veut envoyer à l’un de ses professeurs. On va donc assister à ses beuveries, à ses jeux débiles, mais aussi à l’explosion de la vieille usine de la ville. Petit à petit, les gens à l’extérieur deviennent bizarres et agressifs. C’est alors que le petit groupe découvre que des bestioles parasites s’introduisent dans le corps des humains pour les stocker dans l’usine. Bon, très clairement, on sent que le réalisateur, qui co-signe aussi le scénario, est très influencé par des films comme Cloverfield de Matt Reeves. On a la même façon de voir les choses, avec une bande de copains pas très intéressants, qui vont faire front pour sauver l’un d’entre eux puis se barrer vite fait de la ville, en proie à une grosse invasion. Le problème avec un tel scénario, c’est qu’il faut quelque chose de solide derrière, un sous-texte important ou alors des personnages pour lesquels on ressent de l’empathie. Malheureusement, ce ne sera pas du tout le cas ici. Déjà, d’un point de vue scénaristique, c’est le néant total. Les personnages ont des réactions superficielles, ils prennent des risques pour sauver des gens dont ils se foutent complètement et surtout, ils ne s’écoutent pas. C’est pénible, en plus d’être juste des notes d’intention pour créer un semblant de suspens.

Mais du suspens, pour qu’il y en ait, il faut créer des personnages attachants et des situations tendues, tout ce que n’a pas Hungerford. En effet, si on regarde la bande de potes qui entoure Drew Casson, ils sont tous plus ou moins insupportables, ou au mieux, transparents. On aura donc droit au personnage principal, un sosie de Robert Plant qui dort dans un canapé et dont l’avenir semble compromis à cause de sa propension à faire des fêtes. Il est secrètement amoureux d’une nana mais n’arrive pas vraiment à lui avouer. Il est entouré de son meilleur ami, un type en liberté conditionnelle à cause de la drogue et qui est plutôt sanguin comme garçon. Et débile, cela va de soi. Il y a Phil aussi, la sœur du meilleur ami, qui sera une nana gentille et… c’est tout. Et bien évidemment, il y aura le geek de service, le type à lunettes qui rend tout le temps service. Enfin, le tableau est complété par un flic ventru au départ, mais qui va se révéler efficace en fin de métrage, une petite amie qui semble sous Xanax et des méchants qui ne servent à rien. Forcément, sans une once de background et des attaches pour se lier aux personnages, on va gentiment se foutre de ce qui arrive aux protagonistes, que l’on a plutôt envie de voir mourir. Les situations dangereuses deviennent alors grotesques, en plus d’être filmé en shaky cam qui donne la gerbe.

Et là, on va s’attarder sur la mise en scène. Il est effectivement plus facile de céder aux cloches du Found-footage quand on n’a pas une thune, mais c’est aussi un procédé qui demande une certaine implication. Avec Hungerford, on ne ressent pas cela. Certains plans sont complètement inutiles, pour ne pas dire fainéants. Quel intérêt de filmer des jambes en plan fixe durant plusieurs minutes pendant que le type est au téléphone ? Si c’est certainement fait pour apporter de la crédibilité à la mise en scène, Drew Casson semble oublier qu’à partir du moment où il y a du montage, la crédibilité du found-footage en prend un coup, et que certains plans sont donc totalement inutiles. Les scènes d’action sont illisibles et rendent même certains passages ridicules, à commencer par ce fameux moment où ils découvrent que le déodorant fait fuir les bestioles de l’espace. On nous sert alors des effets spéciaux indignes, avec des créatures en CGI dégueulasses et des cafards en latex que l’on pourrait trouver dans n’importe quel magasin de fête. Quant au final, qui se veut grandiloquent, il se passe dans un noir complet, cachant ainsi toutes les misères dues au manque de budget et laisse le champ libre à une suite, qui verra malheureusement le jour…

Au final, Hungerford est une boucherie sans nom pour le cinéma. Premier projet d’un jeune homme se rêvant réalisateur, ce found-footage ne vaut absolument rien et c’est presque négligeant de la part de certains producteurs d’avoir distribué ce produit, laissant croire à Drew Casson qu’il avait du talent. D’une nullité abyssale dans tout ce qu’il entreprend, ce film est un navet informe qui semble durer trois heures alors qu’il ne dépasse par les 1h20…

Note : 02/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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