décembre 11, 2024

Coffee and Kareem

De : Michael Dowse

Avec Ed Helms, Terrence Little Gardenhigh, Taraji P. Henson, Betty Gilpin

Année: 2020

Pays: Etats-Unis

Genre: Comédie

Résumé:

Un policier de Détroit doit faire équipe, à contrecœur, avec le fils âgé d’onze ans de sa petite amie afin de mettre la main sur le criminel le plus impitoyable de la ville et ainsi retrouver son honneur.

Avis:

Le buddy movie est un genre à part entière, et il n’est jamais vraiment facile d’en saisir toute la quintessence. Si on retrouve encore et toujours les codes de ce genre dans des films récents, et que certains sont des réussites comme The Nice Guys de Shane Black, beaucoup se fourvoient dans des comédies ringardes où tout le sel comique réside dans les conflits d’intérêt des deux personnages et non pas dans l’enquête en elle-même. Mais en vrai, c’est quoi un buddy movie? C’est tout simple, on prend deux personnalités éloignées qui vont devoir cohabiter et s’entendre pour résoudre une enquête ou une affaire complexe. Les meilleurs exemples sont L’Arme Fatale ou Die Hard 3 qui demeurent des références en leur genre. Netflix a bien senti le filon et propose aujourd’hui Coffee and Kareem, un buddy movie signé Michael Dowse, qui avait déjà essayé l’exercice avec Stuber, un film dont la notoriété est plutôt catastrophique. Qu’en est-il de ce nouveau film porté par Ed Helms, connu, notamment, pour Very Bad Trip?

Au niveau du pitch, c’est du basique de chez basique. Un flic raté se tape la mère d’une petite racaille dodue qui va essayer de le faire tuer par un rappeur qu’il fantasme. Malheureusement, ce jeune garçon va être témoin d’un meurtre et son beau-père de flic raté va remonter un trafic de drogue où la police joue un rôle important puisqu’elle participe à ce trafic. Dès lors, beau-père et enfant vont devoir faire équipe pour faire éclater l’affaire au grand jour. Très simple dans sa construction, le film propose ni plus ni moins qu’un buddy movie classique où la nouveauté viendrait d’un enfant dans le duo. Un enfant pénible, vulgaire, détestable et qui compte mettre la misère à son pseudo beau-père, mauvais flic et peureux par-dessus le marché. Le problème avec ce scénario, c’est qu’il ne va pas au bout des choses et qu’il reste très basique pour tenter de fournir des moments comiques. Il n’y a pas de tension, il n’y a pas de moments dramatiques ou tragiques et tout réside dans un humour à deux balles, à base d’insultes, de références scabreuses et de situations débiles à caractère racistes. Alors attention, le film n’est pas raciste, mais il joue tout le temps sur les codes du gentil flic blanc et du méchant trafiquant noir et de la vision que peuvent avoir les noirs sur les flics blancs. Bref, les clichés vont bon train.

Mais au-delà de ça, ce qui aurait pu être intéressant dans Coffee and Kareem, c’est l’évolution logique et attendue du duo. Ici, un beau-père qui a peur d’assumer son rôle de « père de substitution » et qui va trouver du courage dans les mots employés par l’enfant et un gosse insupportable qui va se rendre compte qu’il juge mal les personnes et fonde ses jugements sur des fantasmes véhiculés par des personnes qu’il ne connait pas, en l’occurrence un rappeur qui se fait passer par un gangster. Si évolution il y a, elle reste très terne et se passe en grands renforts d’inepties et de situations grotesques. Apprendre à l’enfant à parler aux femmes en payant une stripteaseuse dans un club pour adulte, dire au flic qu’il doit être à la fois gay et énervé pour susciter la peur, voilà deux exemples de la débilité de l’entreprise qui essaye de se jouer des clichés pour faire avancer deux types un peu paumés. Alors non seulement c’est risible et pas drôle, mais en plus, ça casse un rythme déjà bien cabotin. Le film n’avance jamais vraiment et il tourne en rond à l’image de cette course-poursuite dans un rond-point qui semble ne jamais s’arrêter. On en est clairement là, à voir gesticuler des acteurs en surrégime qui ne savent plus quoi inventer pour tenter de soutirer quelques sourires qui se rapprocheront plus de la grimace. L’humour est lourd, les situations comiques grotesques et les personnages sont insupportables.

On notera un vrai problème dans l’écriture. D’abord globale puisque le scénario ne va pas plus loin que des flics ripoux font du trafic de drogue en s’aidant de rappeurs débiles. Puis plus précise avec des personnages sans fond pour lesquels on ne ressentira aucune empathie. Coffee est un mauvais flic paumé au grand cœur mais son statut s’arrête là. Son background n’est pas détaillé, il va rapidement évoquer son horrible beau-père pour soutirer un peu de compassion, mais on s’en moquera tout autant que Kareem, boule de graisse suffisante et détestable. Alors oui, la remarque est méchante mais en aucun cas grossophobe. Ici, on utilise son physique pour le rendre d’autant plus disgracieux et pénible et c’est inadmissible. Les antagonistes sont tout aussi lisses, à commencer par cette fliquette énervée et qui parle constamment pour ne rien dire. Elle est tout simplement insupportable et on a envie de la baffer à longueur de temps. Et les rappeurs sont constamment rabaissés, pensant pour des débiles profonds au Q.I. d’huître. Et les acteurs de se débrouiller avec ça. Ed Helms fait du Ed Helms et c’est mauvais. Taraji P. Henson se demande ce qu’elle vient faire dans cette galère et ne peut s’empêcher de beugler à tout bout de champ. Quant aux autres, ils sont tous, absolument tous, mauvais.

Et que dire de la mise en scène de Michael Dowse. Pas grand-chose à vrai dire. Globalement, c’est joli. La photographie est soignée, les lumières sont plutôt correctes et même si l’ensemble est un peu statique, ce n’est pas catastrophique. Néanmoins, c’est plat. Il n’y a pas de plans iconiques, il n’y a pas de moments qui restent en tête et nous faisons face à une comédie américaine lambda, comme il en sort des tonnes chaque année. La seule chose que l’on peut ressortir visuellement de ce film, c’est son aspect gore qui va surprendre deux fois, et notamment lorsqu’un type explose sous l’effet d’une grenade. C’est en frontal et on voit tout, ce qui reste très étonnant mais qui apporte au moins un petit fou rire devant cette débauche gore inattendue.

Au final, Coffee and Kareem est une très mauvaise comédie disponible sur Netflix. Jouant la carte du buddy movie à fond en plaçant deux personnages qui ne peuvent pas s’entendre sur une enquête de trafic de drogue, Michael Dowse se plante complètement en faisant de la surenchère de vulgarité, de clichés et de situations grotesques pour tenter, vainement, de faire évoluer une relation pourrie au départ. Pas vraiment drôle, faussement sulfureux, le film n’est clairement pas bon et pour tout avouer, on s’en serait douté…

Note: 04/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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