décembre 10, 2024

Black Mirror Saison 1

D’Après une Idée de : Charlie Brooker

Avec Rory Kinnear, Daniel Kaluuya, Toby Kebbell, Jodie Whittaker

Pays: Angleterre

Nombre d’Episodes: 3

Genre: Science-Fiction, Drame

Résumé :

Chaque épisode de cette anthologie montre la dépendance des hommes vis-à-vis de tout ce qui a un écran…

Avis :

Les écrans de télé, d’ordinateur, les tablettes, les smartphones, les consoles de jeu portables, les pubs autour des centres commerciaux, nous sommes très clairement entourés d’écrans. De partout, tout le temps. Et avec cet avènement numérique, l’humanité n’en a pas tiré que du bon. Le niveau global baisse, les pires méfaits sont partagés, échangés et la plèbe se sent pousser des ailes, se faisant à la fois juge, juré et exécuteur pour n’importe quelle histoire. Et les images ne valent pas mieux, véhiculant le plus souvent de la haine, de la moquerie ou encore des images choquantes pour mieux surfer sur un vague succès limité dans le temps. Il n’en fallait pas plus à Charlie Brooker pour créer Black Mirror, une série anthologique qui montre les dangerosités des écrans et des technologies futures dans plusieurs épisodes qui font froid dans le dos. Et les trois premiers épisodes de la série sont tout simplement incroyables, livrant avec intelligence et pertinence plusieurs critiques d’une société qui va de plus en plus vers un néant absolu.

Le premier épisode peut faire peur à priori, notamment dans sa teneur, puisqu’il raconte le chantage d’un homme auprès du premier ministre britannique à travers le kidnapping d’une princesse admirée de tous. Difficile de tenir plus de quarante minutes avec un tel sujet et surtout de garder une tension palpable durant tout ce temps et avec un tel sujet. Et pourtant… Le message de cet épisode est clair, nous sommes tous responsables de la déchéance de nos politiques, puisque nous participons tous à la médiatisation macabre de ces derniers. Ici, le deal est simple, le premier ministre doit faire l’amour à une truie, en direct à la télévision, soit la princesse meurt. L’opinion public, la prise de parole des médias, le buzz médiatique sur toute la planète, le partage sur les réseaux sociaux, l’importance de l’image des politiques, plus que de leurs idéaux, tous ces sujets vont être traités de manière extrêmement intelligente, incluant une tension de dingue. Nous serons constamment à côté du premier ministre, tenu magistralement par Rory Kinnear (Penny Dreadful), ou avec ses collaborateurs et nous verrons tout le cirque qui est fait autour. Nous verrons la tension monter et l’inéluctable se présenter à nous de façon frontale. Et lorsque nous ne sommes pas à côté de cette caste politique, nous serons auprès des gens et des médias, prêt à tout pour voir ce divertissement abrutissant et destructeur, participant ainsi, et volontairement, à la déchéance de l’être humain. Tous coupable, tous idiot, tous accros à la télé qui nous manipule et fait de nous des voyeurs malsains.

Le deuxième épisode sera complètement différent et prendra place dans une sorte de dystopie. On va y suivre des gens qui vivent dans des chambres minuscules entourées d’écrans et qui doivent, toute la journée, pédaler pour créer de l’énergie. La seule façon de se sortir de ce marasme, c’est de participer à une émission de télé-crochet dans l’espoir de devenir chanteur professionnel ou acteur pornographique. Cet épisode est très rude pour les nerfs, car il est plus long que les deux autres épisodes, mais il est aussi plus dense et plus dur. Ici, un homme va tomber amoureux d’une fille et de sa voix, lui donnant alors son argent pour qu’elle participe à l’émission et sorte de son esclavage. Les choses ne vont pas se passer comme prévu. Bien évidemment, les autres cyclistes regardent ces émissions dans leur chambre ou en pédalant, prenant cela pour une récompense. Le problème, c’est qu’en plus de cela, ils sont obligés de regarder ces émissions, même pornographiques, sous peine de perdre des crédits. Et tout est payant, aussi bien la bouffe que l’eau pour se laver les mains ou encore le dentifrice. Daniel Kaluuya tient ici le rôle principal et il est totalement dingue. Son personnage va devenir une victime de ce mode de vie, va sombrer dans une sorte d’abnégation et de sauveur pour finalement se mettre au même niveau que les autres chanceux qui ne pédalent plus. L’épisode interroge alors sur la manipulation des médias et l’abrutissement de masse de la télé-réalité, sans oublier d’inclure une grosse pique à la dématérialisation et au fait d’acheter des choses fausses, factices, dont nous n’avons pas besoin. Là aussi très intelligent dans sa structure et sa montée en tension, cet épisode montre un avenir que l’on ne veut absolument pas voir.

Enfin, le dernier épisode tend vers autre chose, l’obsession. Dans un futur proche, les souvenirs sont stockés dans des piles qui sont implantées derrière notre oreille. A l’aide d’une télécommande, on peut sélectionner et visionner nos souvenirs sur un écran, à la vue de tous. Un jeune père de famille, avocat un peu porté sur la bouteille, va alors découvrir que sa femme a une relation avec un ami. Malgré tous les aveux de sa femme, il reste persuadé qu’elle le trompe encore et que leur enfant n’est pas de lui. Il va alors fouiller dans ses souvenirs, forcer sa femme à lui dévoiler certains souvenirs et même rendre une petite visite à l’ami en question. Conçu comme un thriller post-moderne, ce troisième épisode interroge non seulement sur le fait de garder tous nos souvenirs en mémoire, mais aussi de l’utilité de savoir une vérité. Alors heureux en mariage, convaincu d’être le père de l’enfant, il va tout détruire au nom de la sacro-sainte vérité en remontant le fil d’une technologie qui détruit plus qu’autre chose. Doit-on vivre heureux dans le mensonge sans s’en rendre compte ? Ou doit-on tout savoir quitte à tout perdre ? Un questionnement encore une fois intelligent et savamment bien mis en scène. En plus de cela, l’épisode s’amuse à rajouter quelques dérives à ce système, comme le fait de regarder des souvenirs érotiques pour se masturber ou durant un acte sexuel plus ou moins enviable. C’est dérangeant et impose finalement une vision dichotomique d’une technologie qui n’est pas si loin de nous.

Au final, la première saison de Black Mirror est une immense réussite, car c’est non seulement addictif, comme les écrans, mais c’est aussi très intelligent, au point de se dire que ce que nous sommes en train de voir n’est pas si loin de notre avenir. Charlie Brooker livre trois scénarios d’une rare maîtrise, aussi bien dans la mise en scène, que le choix des acteurs ou sur les sujets choisis, poussant constamment à la réflexion sur notre société, son futur et notre propre humanité. Pour faire clair, c’est tout simplement brillant.

Note : 19/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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