avril 19, 2024

Family Blood

De : Sonny Mallhi

Avec Vinessa Shaw, James Ransone, Colin Ford, Ajiona Alexus

Année : 2018

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Après avoir déménagé pour faire table rase du passé, une ancienne toxicomane voit ses projets d’avenir prendre une dimension surnaturelle inattendue.

Avis :

Sonny Mallhi est un nom encore inconnu au bataillon des réalisateurs, et c’est assez logique quand on regarde un peu sa carrière, car Family Blood n’est que son deuxième film après Anguish en 2015. Il commence sa carrière en 2008 comme producteur de petits films d’horreur sans envergure mais qui vont bien marcher dans le domaine du bis. Il commence avec The StrangersLiv Tyler donne de sa personne dans un home invasion évasif, puis il enchaine avec Possession et Sarah Michelle Gellar ou encore La Maison au Bout de la Rue avec une toute jeune Jennifer Lawrence. De petits films qui vont alimenter le marché du DTV chez nous et plus ou moins ravir les fans d’horreur avide de bobines sans le sou. Scénariste à ses heures perdues, toujours dans le bis, Sonny Mallhi propose alors Family Blood et trouve le financement chez Netflix, lui donnant le feu vert pour ce film qui tente de revisiter le mythe du vampire. Cependant, le constat sera sans appel, c’est mauvais.

L’histoire commence déjà par une jeune fille qui cherche ses parents dans une maison en sale état. Elle tombe alors sur un homme en noir, omniscient, qui va finir par la buter en lui expliquant que le signe de la croix ne sert à rien. Après un générique douloureux, le film se pleinement avec une femme, ancienne droguée, qui participe à une réunion d’anonymes. Lors de sa sortie, elle tombe sur un homme qui va l’assommer puis lui faire boire son sang. Commence alors une transformation étrange chez la jeune femme, qui ne peut rien manger, s’affaiblit et ressent une forte envie de sang, allant jusqu’à bouffer la chatte de la voisine. L’animal, pas la partie du corps, bien évidemment. Ses deux enfant sont inquiets, surtout le fils aîné, qui va découvrir le pot aux roses et va tout faire pour sauver sa mère des griffes de cet homme taciturne et aux tendances violentes. Essayant vainement de retranscrire le mythe vampirique dans un monde urbain et contemporain, Sonny Mallhi essaye de jouer au plus malin en redistribuant les cartes, créant un vampire qui ne craint plus rien, ni le jour, ni l’ail, ni les croix religieuses. En soi, cela aurait pu être une bonne idée, mais l’ensemble est très mal exploité dans un scénario fainéant et un traitement arty qui frôle le foutage de gueule.

D’entrée de jeu, le film jouit d’une lumière vraiment dégueulasse. C’est terne, on oscille constamment sur des filtres jaunes et oranges, et l’ensemble fait extrêmement cheap. Voir la pauvre Vinessa Shaw, visiblement exténuée, naviguer dans ce fourbi fait mal au cœur. Et la mise en scène de suivre ce mauvais pas, alternant dès lors des champs/contre-champs sans savoir-faire, et n’utilisant aucune fulgurance gore pour appesantir un sentiment de malaise. Il y avait pourtant matière à faire quelque chose de sale, avec cette mère de famille divorcée, ancienne toxico, qui va devenir addict au sang et non plus aux médocs. Mais le réalisateur n’en fait qu’à sa tête, n’appuie jamais là où ça fait mal, et tente, de façon frontale, de choquer le quidam avec des gros plans sur des taches de sang. Un sang omniprésent, sur les corps, sur les draps, sur les murs, marquant alors la nouvelle addiction de cette femme en perdition mais qui ne demande jamais à mourir pour autant, même si cela met en danger ses gosses. Les failles scénaristiques sont si grosses que jamais on ne comprendra les raisons de ce vilain monsieur, qui n’est même pas motivé par l’amour ou la sensation d’isolement. Bien au contraire, il s’impose dans un film qui n’a pas vraiment besoin de lui, le plaçant comme boogeyman sans charisme.

Si l’on excepte une mise en scène où la lumière semble s’être barrée dans les îles, l’histoire manque aussi de points d’ancrage forts. Le coup du vampire dominateur n’est pas nouveau, mais surtout, le coup des symboles qui ne marchent pas sont de fausses bonnes idées, que l’on peut retrouver çà et là dans le cinéma horrifique. De plus, en faisant cela, Sonny Mallhi délivre un bad guy sans saveur, presque invincible et qui va devenir une fausse némésis pour la famille, où la mère ne sait pas prendre de décision forte et précise. Dès lors, difficile de ressentir de l’empathie pour qui que ce soit. En premier lieu, la matriarche qui se transforme laisse place à une ancienne accro qui semble bien contente de bouffer la voisine intrusive et dont tout le monde se moque. Le fiston devient l’élément perturbateur qui veut sauver tout le monde malgré son caractère d’ado rebelle à tendance débile et qui va chouiner pour un rien. Le grand méchant, un brun ténébreux au charisme proche de la sangsue joué par un James Ransone neurasthénique qui va jouer des coudes avant de se faire trancher la tête. Pardon pour le spoil, mais en même temps, tout le monde s’en branle. Dans cet univers, tout le monde végète, se menace, se prend quelques giclées de sang comme une actrice porno en pleine menstruation et nous, spectateur, on s’emmerde sec face à un programme sans âme, vide de sens, vide d’intérêt et de fond. Le film tente quelques allocutions arty dans une démarche crétine, où l’on va voir la mère de famille sucer son doigt ensanglanté en gros plan, ou encore bouffer le mouchoir de son fils imprégné de quelques gouttes rouges. Un spectacle que personne ne devrait supporter.

Au final, Family Blood est un bon gros navet disponible sur Netflix, visiblement peu regardant sur la qualité intrinsèque de ces produits de seconde zone. Filmé avec autant d’envie qu’un eunuque a envie de faire l’amour, joué par des acteurs que l’on sent en fin de carrière malgré leur âge plutôt vivace, Family Blood tombe dans le mauvais goût et la ringardise dès qu’il veut évoquer les vampires et les pseudos changements de mythe d’un scénariste qui se croit plus malin que le reste. Avec tout ce sang, on a droit à un joli boudin.

Note : 02/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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