avril 19, 2024

Final Girl

De : Tyler Shields

Avec Abigail Breslin, Alexander Ludwig, Wes Bentley, Logan Huffman

Année: 2015

Pays: Etats-Unis, Canada

Genre: Thriller, Horreur

Résumé :

Nouvelle au lycée, Veronica est une fille timide et vulnérable. Elle semble être la cible parfaite d’une bande d’adolescents, qui attirent les filles pour les chasser et les tuer. La règle est simple : la chasse commence quand Veronica est lâchée dans les bois avec trois minutes d’avance. Ce que les garçons ignorent, c’est que Veronica est un assassin en formation, et elle a choisi de tuer ces garçons pour son test final…

Avis :

Les contes traditionnels ont toujours inspiré les scénaristes dans n’importe quel pays que ce soit. Entre des dessins animés cultes, des versions live plus ou moins réussis, des moments plus poétiques, d’autres plus barrés, les contes peuvent avoir la vie dure au cinéma, pour autant, on en bouffe quasiment toutes les années. Ce qui est intéressant avec ces récits, c’est de les détourner pour en faire quelque chose d’autre, comme un film d’horreur, une métaphore à notre vie contemporaine, ou encore un thriller original qui va prendre un parti pris radical. Avec Final Girl, Tyler Shields, réalisateur complètement inconnu au bataillon et qui n’a rien fait d’autre depuis ce film en 2015, essaye de reprendre le mythe du petit chaperon rouge pour l’amener vers un thriller horrifique où la proie devient tout simplement le chasseur. Un concept déjà vu une multitude de fois, mais qui va essayer de perdre le spectateur en brouillant les piste temporelles et spatiales. Car oui, on ne sait pas à quelle époque on se situe, ni où on se situe. Malheureusement, si l’intention est louable, le film est un ratage quasi complet.

Dès l’introduction du film, on nage dans une sorte d’ambiance étrange, délétère, mais qui fait très cheap. On va y voir un homme interroger une jeune fille, lui annoncer qu’il allait la former à tuer des gens et que cela est motivé par la vengeance, puisque des hommes ont tué sa femme et sa fille. On fait alors un bond dans le temps, et la jeune fille est devenue une adulte, qui se forme encore dans les bois, car son mentor va lui faire tuer quatre garçons qui s’amusent à piéger des filles blondes autour d’un lac, faisant des parties de chasse improvisées. Dès lors, le film bascule dans une sorte de thriller étrange, où les relations entre le mentor et la jeune femme sont ambiguës, ne trouvant jamais une accroche crédible. Le film joue la carte des non-dits, des passages silencieux et des moments gênants, dans l’espoir de rendre l’ensemble un peu arty, mais rien n’y fait, on se demandera constamment ce que fait le réalisateur. Son film est un thriller, qui n’a rien de psychologique, qui est même bas du front dans son message, et il essaye d’en faire une sorte d’expérience étrange qui ne colle pas du tout avec l’ambiance globale. Alors oui, certains passages sont jolis, visuellement parlant, mais ils brassent du vide et ne sont qu’une démonstration du savoir-faire du cinéaste, ce qui concrètement ne sert à rien du tout…

Et plus le film avance, et plus le film se lourde dans une sorte de démarche d’auteur pour un film qui n’en est pas un. La présentation sommaire des antagoniste prête plus à sourire qu’autre chose, entre le chef de meute imbu de sa personne et complètement con, celui qui se prend pour John Travolta dans Grease et qui en fait des caisses, dansant même tout seul dans son salon, ou encore celui qui est secrètement amoureux de sa mère, faisant une métaphore de son sexe autour d’un cône de glace. L’ensemble met mal à l’aise, mais pas à cause de l’ambiance, à cause d’une façon de faire hasardeuse et qui ne sied absolument pas à ce thriller revanchard et qui essaye d’être un petit peu bourrin. D’ailleurs, il n’y a pas que les méchants qui ont une présentation bancale, l’héroïne n’a aucun background. On nous la pose devant les yeux, toute jeune, orpheline, et on ne sait pas pourquoi cet homme la choisit pour la faire devenir une tueuse. Il manque vraiment quelque chose d’essentiel à ce film, des personnages qui tiennent la route et pour lesquels on ressent de l’empathie. Là, on ne sait rien, on nage en eaux troubles et aucun effort n’est fourni pour avoir un semblant de solidité dans le script. De ce fait, on s’ennuie très vite et on se fout royalement de ce qui se passe sous nos yeux endormis.

Et l’endormissement sera bien présent même dans le dernier tiers où l’héroïne va s’amuser à dézinguer les quatre garçons qui ne seront plus trop dans le vent. Là encore, le film expérimente quelque chose, c’est-à-dire que la jeune fille va droguer les types, et ils vont devoir faire face à leurs plus grandes peurs. En gros, elle va utiliser la potion magique de l’épouvantail de Batman pour avoir plus de facilité à les battre. Si l’idée est originale, elle va rester au stade de concept mal utilisé. Pourquoi ? Parce que les hallucinations des antagonistes sont factices et n’apportent rien sur leur passé ou leurs grosses peurs. Danny va voir deux personnes déguisées en Mickey, un autre va devoir faire face à sa peur de perdre sa copine qui va se taper son chef, et l’autre va voir plusieurs personnes masquées tourner autour de lui. C’est complètement nul, c’est mal filmé et tout est fait pour que la démarche pseudo arty soit remise en valeur dans un métrage où l’on attendait qu’une chose, de la sauvagerie, du sang et de la bagarre. Même les meurtres un peu sanglants sont souvent hors-champs, ne voulant certainement pas « déranger » l’aspect auteur de l’œuvre en question. Et puis les acteurs sont relativement mauvais. Abigail Breslin est insupportable en jouant les vierges effarouchées qui finalement tabasse à tout va. Alexander Ludwig a la tête du débile de service qui se croit beau gosse. Et Wes Bentley fait quelques apparitions pour toucher son petit chèque. Tout ce petit monde se retrouve à jouer à celui qui est le plus mal dirigé et la concurrence est rude.

Au final, Final Girl est un film hautement dispensable qui n’a rien à raconter. Se voulant être un détournement du petit chaperon rouge où la jeune fille va traquer les loups, le film de Tyler Shields se fourvoie dans une démarche auteurisante qui ne sied absolument pas à un thriller horrifique de cette toute petite envergure. Cheap, souvent à côté de la plaque, sans aucun personnage intéressant, Final Girl est un beau ratage qui possède tout de même quelques beaux plans, mais cela ne sauve pas le film d’un ennui mortel.

Note : 06/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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