décembre 11, 2024

Dark Crystal

Titre Original : The Dark Crystal

De : Jim Henson et Frank Oz

Avec Jim Hensom, Frank Oz, Kathryn Mullen, Dave Goelz

Année: 1983

Pays: Etats-Unis

Genre: Fantasy

Résumé:

Un autre monde, un autre temps, à l’âge des miracles… Jen et Kira, seuls survivants de la race des Gelfings, partent à la recherche d’un éclat de cristal gigantesque, abîmé dans une commotion planétaire, qui donne force et puissance aux Mystiques, un peuple sage et pacifique. Ils doivent affronter les terribles et cruels Skekses qui tiennent ces derniers en esclavage.

Avis:

Jim Henson est un nom qui a retenu toutes les attentions dans les années 50. Créateur de Kermit la Grenouille ou encore de Peggy la Cochonne, il fondera les Muppets en 1954 alors qu’il n’a que 17 ans. Dans les années 70, il crée alors le Muppets Show qui fera un carton et finira d’introduire ses marionnettes dans la pop culture. On se souvient encore aujourd’hui du Kermit vampire avec Vincent Price ou encore d’Animal et de ses solos de batterie. Toute une époque qui fascine encore aujourd’hui, au point de sortir des films au cinéma avec les Muppets en star. Cependant, Jim Henson n’est pas que le père des Muppets, puisqu’il va créer en 1983 Dark Crystal, un film de fantasy débordant d’imagination et qui va bercer toute une génération de cinéphiles, certains lui vouant un culte presque indécent. Et plus de trente ans plus tard, histoire de bien montrer l’influence d’un tel film, Netflix a décidé d’en faire une série avec Louis LeTerrier aux commandes. Afin de satisfaire une curiosité toujours vivace et de replonger dans une époque révolue où les poupées et les animatronics sont les rois des effets spéciaux, nous avons voulu revoir le film Dark Crystal, et le constat est un peu plus mitigé qu’à l’époque.

La première chose qui frappe quand on regarde Dark Crystal c’est sa beauté visuelle. Et oui, malgré le temps qui passe, le film de Jim Henson et Frank Oz est toujours aussi flamboyant et d’une beauté incandescente. Le film fourmille de trouvailles visuelles, d’idées dans un univers unique et très riche. Outre l’animation des poupées qui sont toujours aussi belles, c’est surtout le monde Thra qui mérite le coup d’œil. Le bestiaire, les forêts, les châteaux, les méchants, tout respire l’imagination débridée et un univers que l’on ne retrouvera nulle part ailleurs. D’ailleurs, il serait bien impossible de recréer ça maintenant, tant les studios brident les réalisateurs et les prises de risques sont minimes pour gagner de l’argent. Il se dégage de Dark Crystal une certaine candeur et une volonté de rendre un travail impeccable, beau, poétique, tout en s’affranchissant des défauts techniques. Oui, on voit que c’est des marionnettes. Oui, on voit les effets spéciaux parfois grotesques, notamment lors de la course avec les échassiers, mais c’est fait avec le cœur et une envie de partager un monde enchanteur et féérique comme on n’en voit plus de nos jours. Malgré les années qui passent, et malgré les défauts techniques qui se voient de plus en plus, Dark Crystal demeure un enchantement pour les petits, comme pour les grands.

On notera aussi que le film peut faire peur. Les designs des bestioles est souvent sombre et les Skekses par exemple, sorte de corbeau anémique au visage émacié, font terriblement peur. Au contraire des mystiques, plus doux et donnant une forte impression de calme et de sagesse. Il y a une véritable volonté de créer des antagonismes avec le design des bestioles et cela marche plutôt bien. Sauf que parfois, les créatures les plus laides sont aussi des êtres gentils et il ne faut pas se fier aux apparences. Anghra est le personnage le plus symbolique de cet état de fait, tout comme l’espèce de petit chien avec ses deux mâchoires. Bref, Dark Crystal est un film qui possède une aura, aussi bien dans sa technique que dans son univers et sa fantasy. Encore une fois, les marionnettes sont superbes et on retrouvera toute une palette d’émotions sur leur visage, ce qui n’a pas dû être une chose aisée. Seulement, si l’emballage est fortement plaisant et qu’aujourd’hui encore, on n’arrive pas à reproduire ce genre de prouesse (sauf dans la série, mais on évolue dans le même univers), le film n’est pas exempt de défauts, et le premier qui vient en tête, c’est son scénario.

En effet, Dark Crystal souffre d’un scénario beaucoup trop simpliste. Alors certes, le film s’adresse principalement aux enfants, mais entre ses créatures difformes et ses passages un peu sombres, le film a le cul entre deux chaises. Ici, on va juste suivre un garçon qui est le dernier de sa race et qui doit accomplir une prophétie, guérir le dark crystal pour redonner l’équilibre au monde. Un voyage initiatique où il va apprendre qu’il n’est pas le dernier, qu’il peut se faire des amis dans la forêt et qu’il faut qu’il soit plus sûr de lui. Une quête donc, balisée, et qui ne va contenir que très peu d’embûches, ou sensiblement les mêmes à chaque fois. Très souvent, ce sont les Garthnims, des soldats en forme de crabe, qui vont traquer le pauvre héros et tout saccager autour de lui. C’est assez répétitif et cela ne justifie pas forcement l’évolution du héros qui va devenir de plus en plus fort. Mais encore une fois, c’est à mettre entre parenthèse, car il devient fort grâce à l’aide de sa compagne qui va le sortir à chaque fois du mauvais pas. Une compagne qui se révèle finalement plus intéressante que lui, notamment grâce à ses pouvoirs, celui de planer avec des ailes ou encore de contrôler les animaux. Du coup, on se surprend à préférer l’héroïne au héros, alors que c’est lui qui doit réaliser la prophétie. Bref, en plus d’un schéma narratif classique et balisé, on a un personnage central un peu niais et pas forcément attachant, contrairement à son side-kick.

Au final, Dark Crystal est un film qui fonctionne encore aujourd’hui grâce à sa prouesse technique et à son aspect inédit. C’est beau, c’est inventif, c’est bourré d’idées novatrices pour animer tout ce petit monde qui mérite (méritait depuis la sortie de la série) un approfondissement. Cependant, avec nos yeux d’adulte et l’aspect nostalgique en moins, il faut se rendre compte que le scénario de Dark Crystal est minime et manque d’ampleur, se contentant d’être un voyage initiatique d’un jeune garçon grandissant en même temps qu’il crapahute jusqu’à ce château et son cristal. Bref, un joli film, enchanteur, mais qui manque clairement d’épaisseur dans ce qu’il nous raconte. Et quand on voit la richesse de cet univers, on se dit qu’on a loupé quelque chose…

Note: 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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