novembre 3, 2024

La Prière

De : Cédric Kahn

Avec Anthony Bajon, Damien Chapelle, Alex Brendemühl, Louise Grinberg

Année : 2018

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Thomas a 22 ans. Pour sortir de la dépendance, il rejoint une communauté isolée dans la montagne tenue par d’anciens drogués qui se soignent par la prière. Il va y découvrir l’amitié, la règle, le travail, l’amour et la foi…

Avis :

Cédric Kahn est un cinéaste bien étrange dans le paysage du cinéma français, dans le sens où le réalisateur est assez libre d’aller où il veut. Sa filmographie est totalement incohérente, et c’est pour cela qu’elle est passionnante. Cédric Kahn n’a pas envie de s’enfermer dans un style et recenser les mêmes sujets, non, Cédric Kahn passe du drame au thriller, du thriller à la comédie dramatique ou sociale. Bref, Cédric Kahn, c’est une sorte d’électron libre qui étonne à chaque nouveau film. Après nous avoir proposé une sorte de « Captain Fantastic » à la sauce française avec « Vie sauvage« , Cédric Kahn prend une pause de quatre années pour mieux nous revenir.

Auréolé d’un Ours d’Argent du meilleur acteur à la Berlinade cette année-là pour le jeune Anthony Bajon, « La prière » fut l’un des tous petits succès de cette année 2018, approchant les cent mille entrées. Se renouvelant de nouveau, avec « La prière« , Cédric Kahn nous propose un film d’une très grande richesse. « La prière » est un film qui va transcender son sujet de base, pour l’emporter vers bien d’autres sujets et d’autres émotions. Captivé par Anthony Bajon, qui est clairement l’une des plus belles révélations de ces dernières années, « La prière » se laisse voir, et on en ressort, ce qu’on n’attendait pas.

Thomas, la vingtaine, est perdu quand il arrive dans cette communauté. Thomas est toxicomane et après une overdose, il a décidé de s’en sortir. Pour cela, il a rejoint une communauté religieuse perdue au fin fond des montagnes. Dès son arrivée, Thomas est prévenu, ce sera dur, et personne ne sera là pour l’aider. Si Thomas veut s’en sortir, il n’aura que la prière, la prière et rien d’autre…

J’aime bien de manière générale le cinéma de Cédric Kahn, mais malgré cela, il y a parfois des films qu’on ne sent pas, ou qui ne nous disent tout simplement rien, et « La prière » faisait partie de ceux-là. Mais bon, la curiosité et « l’amour » porté au cinéaste ont eu raison de moi et je me suis laissé tenter pour ce film et bien m’en a pris, puisque « La prière » est assurément l’un des meilleurs films de son auteur.

« La prière« , c’est un scénario très riche, qui, comme je le disais, dépasse très largement son statut de base. Cédric Kahn ne nous entraîne pas dans un film sur des pro-religieux comme je le craignais. Certes, « La prière » va parler de foi et de religion sur toute son intégralité, mais c’est surtout un film qui va parler de dépassement de soi et du doute. À travers le parcours d’un jeune drogué qui désire s’en sortir par n’importe quel moyen, le réalisateur livre un film passionnant de bout en bout. « La prière » parlera aussi bien de la dépendance à la drogue, et cette façon de s’en sortir via une expérience religieuse, que de l’envie de croire en Dieu, avec toutes les promesses et les doutes qui peuvent entourer la religion. L’espoir et le désespoir sont au cœur de ce drame qui peu à peu deviendra lumineux. Écrit pas Cédric Kahn, Fanny Burdino et Samuel Doux, « La prière » tient un scénario quasi-parfait. L’histoire est en permanence intéressante et elle prend souvent le spectateur à revers, allant parfois là où l’on n’en aurait pas envie pour mieux nous étonner. On trouvera aussi des moments intenses de cinéma, comme une échappée belle, une rencontre, une conversation entre un jeune et une vieille sœur, puis il y a ce final, parfait en tout point. Un final qui cristallise tout ce qui aura été fait auparavant. Questionnant la foi, l’amour, la jeunesse, la dépendance, l’envie de s’en sortir, les liens qui se créent dans une communauté, la vie en communauté, Cédric Kahn réussit tout ce qu’il entreprend ici et on en trouverait presque son film trop court.

L’atout majeur aussi de ce film, c’est le jeune Anthony Bajon, vingt-trois ans à l’époque. Le jeune est fantastique de bout en bout, c’est bien simple, on ne voit que lui, et même si tout ce qui est fait autour de lui, scénario et mise en scène, sont bons, il est clair que cette « … prière » ne serait pas si belle et intense sans Anthony Bajon. Bouleversant dans ses excès de colère, mais aussi dans ses silences, Cédric Kahn nous a trouvé un jeune acteur comme on en voit peu. Un acteur promis à un grand avenir.

Du côté de la mise en scène, on appréciera tout particulièrement le calme que le film inspire. Bien plus que les prières ou les chants qui demeurent sublimes à travers ce film, c’est bien ce décor dans lequel évolue ce personnage qui ajoute quelque chose en plus. Cédric Kahn filme ces manques comme une source d’inspiration et d’équilibre, autant que la foi ou le doute qui parcourent tout l’ensemble du film. Puis, bien entendu, sachant le talent de son jeune comédien, Cédric Kahn met tout en œuvre pour le magnifier.

« La prière » est donc un film étonnant. Cédric Kahn livre un film au scénario impeccable, qui est d’une richesse folle. Bouleversant dans l’évolution qu’il propose au travers de cette histoire, tenant des envolées de cinéma magnifiques et surtout tenu par un acteur prodigieux qui mérite amplement son prix et plus encore, « La prière » est le film qu’on n’attendait pas et la surprise est tout aussi grande.

Note : 15/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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