avril 18, 2024

Les Plus Belles Années d’une Vie – Cinquante-Trois Ans Après

De : Claude Lelouch

Avec Jean-Louis Trintignant, Anouk Aimée, Marianne Denicourt, Souad Amidou

Année : 2019

Pays : France

Genre : Romance

Résumé :

Ils se sont connus voilà bien longtemps. Un homme et une femme, dont l’histoire d’amour fulgurante, inattendue, saisie dans une parenthèse devenue mythique, aura révolutionné notre façon de voir l’amour.
Aujourd’hui, l’ancien pilote de course se perd un peu sur les chemins de sa mémoire. Pour l’aider, son fils va retrouver celle que son père n’a pas su garder mais qu’il évoque sans cesse. Anne va revoir Jean-Louis et reprendre leur histoire où ils l’avaient laissée…

Avis :

Palme d’Or en 1966 avec « Un homme et une femme« , le film qui a définitivement lancé sa carrière, Claude Lelouch eut l’idée en 1986 d’offrir une suite à cet homme et cette femme. Le film fut clairement un échec, aussi bien artistique, Lelouch ne raconte rien du tout, qu’au box-office. Quand le film de 1966 avait amené plus de quatre millions de personnes en salles, sa suite a peiné à dépasser les quatre cent mille entrées. Le film fut désavoué par Claude Lelouch lui-même.

Trente-trois ans après cette suite et cinquante-trois ans après le premier, Claude Lelouch a décidé de redonner vie une dernière fois à son couple mythique. Après l’échec de sa suite, Claude Lelouch espérait offrir la suite que ses personnages méritaient et après séance, si le film n’était clairement pas les hauteurs romantiques du premier, il demeure un joli film, avec ses qualités et ses défauts. « Les plus belles années d’une vie » est un film qui envoûte, touche et qui surtout fait oublier « … vingt ans déjà« . On en ressort touché par ces deux acteurs magnifiques, que Claude Lelouch sublime pendant une heure et demie.

Jean-Louis est aujourd’hui un vieil homme dont les plus belles années de sa vie résident dans sa mémoire qui s’arrête sur sa rencontre, un soir, avec une femme, Anne Gauthier, avec laquelle il a entamé une belle et brève liaison. Aujourd’hui, Anne tient une petite boutique quelque part en Normandie. Elle n’a pas revu Jean-Louis depuis des décennies. Antoine, le fils de Jean-Louis, arrive alors à retrouver Anne et il la convainc de venir voir son père dans sa maison de retraite. Si les deux amoureux se sont manqués dans leur jeunesse, peut-être est-ce une dernière chance de passer quelques années ensemble.

Une dernière virée, pour un ultime chapitre dans la vie d’Anne et Jean-Louis. Cinquante-trois ans après le succès, Claude Lelouch décide d’offrir la fin que méritait ce couple et si le film demeure joli, il est aussi maladroit sur certain de ses aspects, dont on se serait finalement bien passé. Si on reprochait à « … vingt ans déjà » de ne pas avoir de scénario, avec celui-ci Claude Lelouch a pris le temps d’écrire quelque chose de mieux, de plus beau, de plus nostalgique.

Ce qui est beau avec ce film, ce sont bien sûr ces retrouvailles romantiques à souhait, qui comme le film 1966 sont un aparté qui arrêterait presque le temps. Comme Claude Lelouch l’avait fait avec sa suite, le réalisateur a décidé de mélanger ici images du présent et écho de son premier film. Ce procédé apporte beaucoup de nostalgie à son film. Lelouch dose très bien le tout et entre les petites virées des deux vieillards et la passion des amants de 66, « Les plus belles années d’une vie » est un film tout en émotion, qui nous charme du début à la fin. On sourit, on se surprend à être ému, puis à d’autres moments encore, on s’évade. À noter que dans l’évasion, Claude Lelouch a eu l’idée d’intégrer à son film son court-métrage « C’était un rendez-vous« , ce qui donnera encore un peu plus de charme à son film. Un peu comme si Lelouch nous offrait un moment nouveau dans la vie de ces deux amants, dans leur jeunesse. Bref, c’était surprenant et bien vu.

Avec ce film, on notera qu’hormis une réplique, Lelouch ne fait aucune mention de sa suite, comme si cette dernière n’avait jamais existé. Comme si ces amants, ces amoureux, ne s’étaient pas revus depuis une cinquantaine d’années et que malgré tout, leur amour avait su traverser le temps, ce qui donne encore un peu plus de force émotionnelle à ce nouveau chapitre.

Ce qui est touchant avec ce film, c’est aussi la façon dont Claude Lelouch sublime la vieillesse, tout en faisant un parallèle avec la jeunesse de ses personnages. Claude Lelouch aborde ici la vie avec tendresse, il aborde l’amour, le temps qui passe et quelque part, tapi dans l’ombre, il aborde la mort. Le film nous emporte avec émotion, nostalgie et sourire. Anouk Aimée et Jean-Louis Trintignant y sont plus beaux que jamais et arrivent à eux seuls à gommer finalement les défauts et autres maladresses que le film peut avoir en lui.

Car oui, « Les plus belles années d’une vie« , même s’il demeure beau et touchant, n’est pas exsangue de défauts. On lui reprochera par exemple de s’attarder sur des rêveries qui cassent le charme du film et qui n’apportent rien à l’ensemble, si ce n’est voir ces deux acteurs ensemble. Le film s’attarde aussi sur des personnages qui ne sont pas nécessaires. Exemple, la scène entre Trintignant et Bellucci, certes jolie, mais elle est aussi plus que dispensable, n’apportant rien au récit. On notera aussi des incohérences dans les éléments qui relient le film à ces deux prédécesseurs.

Entre bon et dispensable, « Les plus belles années d’une vie » est un petit cadeau que Claude Lelouch nous offre. Son film est un joli aparté qui rehausse l’aventure amoureuse de ces deux amants, de ce couple, aussi beau, évident qu’il est mythique. Bercée dans le soleil de la Normandie, cette évasion sur les planches de Deauville, comme dans les rues de Paris, est un joli moment de cinéma porté par deux acteurs immenses, et si le film demeure imparfait, il se pose comme l’un des meilleurs films que Claude Lelouch ait réalisé ces dernières années. « Les plus belles années d’une vie » est un film à voir, qui saura toucher ceux qui n’ont pas vu les deux précédents. Et pour ceux qui les auraient vus, alors l’aparté sera encore plus joli.

Note : 13,5/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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