avril 18, 2024

Purson – Desire’s Magic Theatre

Avis :

On a souvent tendance à dire que les heures de gloire du rock se situent entre les années 60 et les années 70. Passant du Classic Rock où les hommes chantaient avec leur voix de tête (The Beatles) à des morceaux plus psychédéliques et complexes avec l’avènement du rock progressif et du Hard Rock, les amateurs aiment se replonger dans les bonnes années Woodstock, ne trouvant plus vraiment cette même magie de nos jours. Pourtant, les groupes à essayer de faire revivre cette époque sont nombreux, et certains y apportent même une touche de modernité, à la façon des Rival Sons par exemple. Mais le cas qui nous préoccupe aujourd’hui est Purson. Démon des enfers selon la Goétie, livre consacré aux démons infernaux, Purson est aussi un groupe de rock britannique fondé en 2011 par Rosalie Cunningham, qui n’est autre que la fille d’un critique rock connu et reconnu, Mark Cunningham, et qui officie dans un rock psychédélique qui fleure bon les années 70. Fort d’un premier album en 2013 qui leur ouvre les portes de divers festivals, c’est trois ans plus tard que sort Desire’s Magic Theatre, le deuxième et dernier opus de la bande, qui se séparera l’année d’après. Cependant, il est bon de parler encore de ce groupe, car non seulement leur musique est d’excellente facture, mais il nous fait faire un bond en arrière galvanisant, nous faisant regretter ce maudit split.

Le skeud commence par le titre éponyme de l’album, et c’est assez surprenant car on pourrait croire à une version live. Il n’en est rien, c’est juste que l’album est construit comme une pièce de théâtre, et on a donc l’ouverture avec des applaudissements. Néanmoins, l’enregistrement est fait sur le vif, ça résonne comme une petite production, mais qui aurait de grandes ambitions. Les riffs sont lourds, entêtants, la rythmique est assez puissantes, et le tout est agrémenté de quelques arrangements sympathiques, avec ce qu’il faut de trompettes, de gazouillements d’oiseaux et autre orchestration plus ou moins grandiloquente. Dans ce joyeux bordel, la voix de la chanteuse se surpasse et sublime certains moments hors du temps, psychédéliques à souhait, que ne renierait pas un Robert Plant période Led Zeppelin. Le deuxième morceau, Electric Landlady, est tout aussi surprenant dans sa façon de faire. Si le fond est très clairement rock, avec des éléments à la Janis Joplin, il y a toujours des ajouts sonores qui détonnent et surprennent, comme cette espèce de sonnerie d’arrivée de train qui finalement colle bien à l’ensemble. Là encore, les moments psychédéliques arrivent assez vite, faisant office de pont et de break, sans pour autant dénaturer le titre. C’est une façon de faire très intéressante et qui donne l’impression d’écouter des morceaux variés et très inspirés. Le solo de guitare viendra alors confirmer cela dans une maestria qui impose le respect. D’autres titres un peu plus rock pur viendront se greffer à cela avec notamment l’excellent Mr. Howard ou encore le joyeux The Way it is.

Mais ce qui fait réellement la force de cet album, et de Purson en général, c’est sa facilité à partir dans un revival année 70 complet et envoûtant. Certains titres sont clairement du classic rock, mais avec une bonne dose de fumette et d’insouciance. On peut évoquer Dead Dodo Down qui peut prendre des allures de musique de cirque ou de spectacle par moments, ou encore Pedrigree Chums, qui a dû être enregistré avec des substances illicites dans le sang. Cependant, malgré l’omniprésence du clavier, un rythme complètement étrange et des passages plus lourds avec des riffs saturés bien sentis, le morceau nous prend et nous renvoie à des années que nous n’avons pas connus, et que l’on regrette presque un petit peu, ne serait-ce que pour l’insouciance et l’inventivité de ces années. On peut dire la même chose avec The Window Cleaner, un titre aérien, éthéré, qui s’écoute comme on peut regarder de façon hagarde les volutes d’une fumée de cigarette. A contrario, le groupe peut aussi se faire un peu plus grave et plus simpliste avec The Sky Parade, l’un des meilleurs titres de l’album, à la fois beau, touchant et puissant dans son refrain qui rentre directement en tête. Et malgré une structure parfois complexe et longue, le morceau devient viral, entêtant, et c’est à cela que l’on reconnait les grands groupes.

Au final, Desire’s Magic Theatre, le dernier opus de Purson, est une belle réussite. Nous renvoyant aux années 60 et 70 avec un son volontairement rétro, on reste bien loin du simple revival pour faire plaisir aux nostalgiques, le groupe cherchant toujours à se renouveler, à injecter une part de modernité, tout en gardant cette honnêteté et ce besoin de rester ancré dans les plus belles années du rock. En écoutant ce chant du cygne, on ne peut que regretter la séparation du groupe, tant c’est bon et rare d’écouter des albums comme ça…

  • Desire’s Magic Theatre
  • Electric Landlady
  • Dead Dodo Down
  • Pedigree Chums
  • The Sky Parade
  • The Window Cleaner
  • The Way it is
  • Mr Howard
  • I Know
  • The Bitter Suite

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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