D’Après une Idée de : David Fincher et Tim Miller
Avec Topher Grace, Mary Elizabeth Winstead, Madeleine Knight, Samira Wiley
Pays: Etats-Unis
Nombre d’Episodes: 18
Genre: Science-Fiction, Horreur, Animation
Résumé:
Un yaourt susceptible, des soldats lycanthropes, des robots déchaînés, des monstres-poubelles, des chasseurs de primes cyborgs, des araignées extraterrestres et des démons de l’enfer assoiffés de sang : tout ce beau monde est réuni dans 18 courts d’animation déconseillés aux âmes sensibles.
Avis:
Si Netflix n’est pas le meilleur endroit pour trouver des films forts et intéressants, malgré la présence de grands réalisateurs en totale liberté (La Ballade de Buster Scruggs, Velvet Buzzsaw, Psychokinesis, etc…), il n’en demeure pas moins une plateforme formidable en ce qui concerne les séries. Entre Sex Education, les adaptations Marvel qui n’ont pas forcément à rougir comme The Punisher ou Daredevil ou encore Stranger Things, on peut aisément dire que Netflix est le nouvel Eldorado des séries. Cependant, la déception peut toujours pointer le bout de son nez et nous ne sommes jamais à l’abri d’un ratage complet. Si l’on met les deux éléments que je viens de citer ensemble, c’est-à-dire un réalisateur de renom et une série, on peut obtenir des choses très intéressantes, comme ce Love, Death + Robots, puisque derrière cette anthologie se cache en fait David Fincher et Tim Miller. D’un côté la rigueur et le sérieux, et de l’autre l’aspect déluré et grossier. D’un côté le type qui nous a donné Gone Girl ou Zodiac, et de l’autre, celui à qui l’on doit Deadpool. Un mélange détonant mais qui peut ne pas fonctionner. Et pourtant…
Love, Death + Robots est plus une anthologie qu’une série. Il faut donc comprendre que tous les épisodes ne sont pas liés entre eux et que c’est autour d’une thématique commune que la série trouve du liant. Certains épisodes auront les trois thématiques autour d’eux, alors que certains n’aborderont que la mort ou l’amour. Il faut aussi savoir que cette anthologie présente des graphismes complètement différents, allant du photoréalisme saisissant, à des moments plus cartoon, à un épisode carrément en live action avec Topher Grace et Mary Elizabeth Winstead. Il y en a vraiment pour tous les goûts et si on se retrouve parfois désorienté au changement de style, les histoires rattrapent vite le coup afin de plonger au plus vite le spectateur dans une tout autre ambiance. Là aussi la série fait fort car malgré les contraintes imposées par le titre, on retrouvera une pléiade de thématiques et d’univers. Allant du Space Opéra au récit post-apocalyptique, en passant par le steampunk ou encore le film d’anticipation, Love, Death + Robots brassent tous les styles, tous les genres, toutes les thématiques pour un contenu riche et varié. Un contenu tout de même inégal, qui contient son lot de bonnes surprises, de thématiques profondes, et son lot de moments gênants ou tout simplement régressifs. Mais n’est-ce pas là le but d’une anthologie afin de brasser large et d’essayer ?
Le tout premier épisode est relativement intéressant. L’Avantage de Sonnie bénéficie déjà de graphismes incroyables. C’est beau, le travail sur la lumière est impeccable et on nage dans une ambiance cyberpunk bien sombre. Les trois thématiques sont bien travaillées et le combat de monstres est vraiment superbe. On aura même droit à du sexe, du gore et un sujet sur le corps et son appropriation. Bref, il s’agit d’un épisode riche et qui donne vraiment envie de continuer l’aventure. Dans le même genre, et avec des textures proches de la réalité, on pourra se complaire devant l’épisode 7, Derrière la Faille, réalisé par un studio français. Cet épisode propose une virée dans l’espace qui laisse un mystère s’épaissir de plus en plus au fur et à mesure que les minutes d’égrènent. Il s’agit d’un véritable récit d’horreur qui peut faire penser à Event Horizon et qui détient un cliffhanger final tout simplement glaçant. Dans le même style graphique, on aura des épisodes moins marquants, comme Lucky 13, où une aviatrice noue des liens forts avec un avions de chasse qui a une conscience, ou encore Métamorphes, avec des soldats loups-garous. Si les deux épisodes sont sublimes à regarder, et même parfois gore pour le deuxième, ils ne sont que divertissants et oublient à chaque fois de brasser l’un des thèmes du tire. On pourrait aussi rajouter le dernier opus, Une Guerre Secrète, qui lorgne du côté de Hellboy pour l’aspect ésotérique, ou encore Un Coup de Main, qui est un mélange entre Gravity et 127 Heures.
En règle générale, les épisodes avec des graphismes réalistes sont les plus sérieux. Fort heureusement, l’anthologie ne se contente pas de ça et propose des virées loufoques qui s’avèrent parfois plus profondes. A titre d’exemple, La Revanche du Yaourt tire à boulets rouges sur la cupidité humaine et son incapacité à se gérer toute seule ou à écouter les autres. Derrière le burlesque, il y a un vrai message de fond qui pousse à la réflexion. Sommes-nous encore plus cons qu’un produit laitier ? On aura aussi l’épisode Histoires Alternatives qui est tout simplement hilarant, où une intelligence artificielle s’amuse à revoir l’histoire si un personnage célèbre mourrait prématurément. Ici, il s’agit d’Hitler et c’est très intelligent, montrant que finalement, même en revenant en arrière, l’être humain continuerait à répéter inlassablement les mêmes erreurs. Cependant, le côté dessin à la main propose aussi de moments de grâce intense, comme L’œuvre de Zima. Derrière les graphismes qui vont très BD franco-belge, il y a une profondeur incroyable, que l’on pourrait facilement retrouver chez Enki Bilal ou encore Jodorowsky. On se retrouve à se demander si l’essentiel ne nous échappe, et si finalement, la simplicité n’est pas la clé du bonheur. Un épisode fort, au même titre que Bonne Chasse, mélange assumé et convaincant de Gunnm et Lady Mechanika de Joe Benitez.
Alors oui, certains épisodes sont moins forts que d’autres. On pense notamment à Un Vieux Démon qui est l’histoire d’une troupe d’archéologie prise en chasse par Dracula version monstrueuse. L’épisode fait tache dans cette anthologie, ne se passant pas dans un univers de science-fiction. On peut aussi évoquer La Décharge, plutôt drôle, mais qui ne possède finalement aucune profondeur, si ce n’est de critiquer la politique d’expansion et le fait de virer les gens pauvres ou qui dérangent d’un endroit. On peut parler d’Angle Mort ou comment quatre androïdes pourchassent un camion pour lui dérober une puce électronique. C’est bourrin à souhait, mais ça ne contient aucune once d’originalité, si ce n’est un graphisme cartoon plutôt joli. Néanmoins, derrière ces épisodes régressifs, on trouve toujours un petit plaisir, une petite surprise, que ce soit dans un rythme haletant ou dans des graphismes superbes, à l’instar du troisième épisode, Le Témoin, qui rappelle bien évidemment Spider-Man New Generation.
Au final, Love, Death + Robots est une excellente surprise malgré son aspect inégal et la variété assez incroyable de graphismes et de design. Allant de surprise en surprise, proposant toujours quelque chose à manger que ce soit sur la forme ou dans le fond, on peut aisément dire que cette série anthologique est un petit régal original et qui fait du bien sur la plateforme, essayant autre chose, en dehors des carcans télévisuels ou cinématographiques.
Note : 17/20
Par AqME