avril 19, 2024

It Came From the Desert

De : Marko Mäkilaakso

Avec Harry Lister Smith, Vanessa Grasse, Alex Malcolm Mills, Mark Arnold

Année: 2018

Pays: Etats-Unis, Finlande

Genre: Comédie, Horreur

Résumé :

Nouveau Mexique. Se rendant à une « Keg Party » où la bière coule à flots, deux coureurs de motocross vont faire une rencontre inattendue en tombant par hasard sur un ancien site militaire. Des expérimentations secrètes visant à croiser leur l’ADN avec des débris d’une métérorite trouvée en 1951 ont été menées sur des fourmis et araignées… Et qui ont donné naissance à des fourmis géantes mutantes !

Avis :

Adapter des jeux vidéo au cinéma, ce n’est pas une mince affaire. Il faut dire que les médias, bien que complémentaires, ne visent pas du tout les mêmes objectifs, même si le jeu vidéo se rapproche de plus en plus du septième art avec des narrations plus profondes et une mise en scène toujours plus efficaces. Le principal problème, c’est que le jeu vidéo permet au joueur de basculer complètement dans un univers avec les manettes en main, et donc d’être plus immersif que le cinéma. Et quand on va voir un film comme Doom ou encore Alone in the Dark, on ne peut qu’être déçu par cette sensation d’être en dehors du jeu. Aujourd’hui, on voit de plus en plus d’adaptations qui essayent d’être très proche du jeu, comme Assassin’s Creed, Tomb Raider ou encore Silent Hill, proposant une ambiance que les joueurs peuvent reconnaître, mais qui manquent vraiment de profondeur et de prise de risque. Du coup, les bonnes adaptations sont rares. Pire, il s’avère que la majorité d’entre elles sont d’une nullité abyssale. Et si en plus, le marché du DTV et de la VOD se met à adapter des jeux obscurs sortis sur Amiga, alors on n’est pas sorti de l’auberge, comme c’est le cas avec ce navet qu’est It Came From the Desert.

Sorti en 1989 sur Amiga, It Came From the Desert est un jeu qui mélange des éléments de role play avec du shoot à la première personne où il faut dégommer de la fourmi gigantesque mutante à cause d’une météorite extraterrestre. En voyant ceci, on peut légalement se demander pourquoi une telle adaptation. Tout simplement parce que le créateur du jeu a toujours rêvé de voir ce jeu sur grand écran et il a donc fait appel à Cinemaware, spécialisé, si l’on peut dire ainsi, dans l’adaptation de jeu vidéo. La résultante est sans appel, nous faisons face à un navet de compétition, le genre de film que l’on regrette de regarder, mais qui contient son lot fascinant d’incohérences et d’incompétences.

L’histoire démarre avec une grosse fête organisée dans le désert par un champion de moto-cross. L’alcool coule à flots, mais son mécanicien n’arrive pas à déclarer sa flamme à une jolie jeune fille. Se retrouvant à méditer dans le désert, les deux hommes trouvent alors une caverne qui donne accès à un laboratoire secret à l’abandon. Malheureusement, à l’intérieur, ils vont découvrir des expériences qui ont fait muter des fourmis en gigantesques monstres. On va apprendre que ces fourmis ont besoin d’alcool pour se reproduire et c’est logiquement qu’elles se ruent à la fête pour picoler un bon coup. Comme on peut le lire, le pitch du film est tout crétin et le choix d’en faire une comédie horrifique est le bon parti. Seulement, encore faut-il maîtriser les codes de ce sous-genre pour pouvoir livrer une bonne copie. D’entrée de jeu, le film montre ses faiblesses, oubliant de filmer correctement l’action ou les moments de tension. On commence avec une fusillade, puis quelques morts, avant de tomber dans une fête avec trois tocards bien lourds qui ne pensent qu’à draguer et boire. La mise en scène manque de moyen, cela se sent rapidement dans l’éclairage et la photographie inexistante, mais il y a tout de même quelques passages intéressants comme de long travelling suivant les voitures ou les motos et cela est bizarre quand on voit la qualité globale du bousin.

Mais si on outrepasse la qualité de la mise en scène, qui rentre parfaitement dans la case DTV de compétition en partant du bas, il y a quelque chose de proprement insupportable dans ce film, ce sont les incohérences et les personnages. On nous parle d’une invasion de fourmis géantes, mais ces dernières restent dans le désert alors qu’elles ont besoin d’alcool pour se reproduire. Pourquoi n’ont-elles pas investi la ville la plus proche ? On a la sensation que le film est figé à un seul endroit (certainement à cause d’une histoire de budget), mais il aurait fallu trouver une explication à cela. Ensuite, les personnages sont complètement cons. Leurs actions sont stupides, se voulant drôles et référencées (notamment à Jurassic Park à un moment, mais n’est pas Spielberg qui veut), et les lignes de dialogues sont tout simplement insupportables. Il n’y a aucun sens dans ce que se disent les protagonistes. On parle d’amour, de jeunesse, de liberté, alors même que des vies sont en danger et que des monstres rodent pas loin. C’est tout simplement insupportable. On ressent un énorme manque de sérieux dans la démarche et même si tu veux faire un film comique un peu bordélique, il faut avoir une certaine rigueur qui n’y est pas ici.

Une rigueur absente même dans la direction des acteurs. Ils sont tous en roue libre, essayant d’être drôles tout en en faisant des caisses. On se retrouve avec un mécanicien timide qui se découvre une nature de héros et qui va se taper sa dulcinée, un champion de moto prétentieux et casse-cou qui va devenir altruiste et bien évidemment, les débiles de base qui se verront bouffer la tronche. Parmi eux, deux frères bien lourds, un finlandais qui boit de la vodka au goût d’essence ou encore de la chair à canon insipide. Bref, le cahier des charges est bien rempli et il fait plus de mal que de bien. Et bien évidemment, comme tout film de monstres géants à budget riquiqui, on se retrouve avec des CGI dégueulasses. La production s’évertue à placer des amas de pixels pour faire des fourmis mutantes, et cela ne ressemble strictement à rien. D’autant plus que lorsque les personnages tirent dessus ou leur donnent des coups de hache, on voit que c’est faux et c’est terriblement triste. Un crachat à la gueule du spectateur qui se retrouve en prime avec une fin qui n’a aucun sens, le film partant vers un truc SF cheap à base de tenue de combat, de fusil intelligent et de tourelles d’attaque.

Au final, It Came From the Desert est une daube insultante et complètement à côté de ses pompes. En voulant à tout prix adapter son jeu en film, l’auteur du soft ne se rendait sûrement pas compte du mal qu’il allait faire. Profondément stupide, mal joué, mal tourné, pas drôle pour un sou et surtout avec un scénario d’une débilité abyssale, ce film est une purge dont il faudrait brûler toutes les copies. Bref, un navet interstellaire qu’il faut éviter à tout prix, au risque de perdre un bout de son âme.

Note : 01/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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