De : Thomas Vinterberg
Avec Jakob Cedergren, Peter Plaugborg, Sebastian Bull Sarning, Mads Broe
Année: 2010
Pays: Danemark, Suède
Genre: Drame
Résumé :
Deux frères mènent, dans la même ville, des existences parallèles, séparés à jamais par les blessures de l’enfance. Pourront-ils se retrouver et changer le cours de leur destin ?
Avis :
Dans le cinéma danois, aujourd’hui, je tire la carte Thomas Vinterberg. Commençant dans les années 90, réalisateur culte dès son deuxième film, « Festen« , Thomas Vinterberg est l’un des cinéastes les plus importants de nouvelle scène danoise. C’est toujours un plaisir de me lancer dans l’un de ses films, et même quand ces derniers peuvent décevoir, il en reste toujours un peu quelque chose d’intéressant.
Trois ans après « When a Man Comes Home« , un film encore inédit chez nous, Thomas Vinterberg commençait les années 2010 avec un très bon drame. Un drame assez méconnu et c’est bien dommage. Un drame dur, froid, pour ne pas dire glacial. Un drame intéressant aussi bien dans sa mise en scène que dans son intrigue. Un drame qui sème les pistes pour mieux les rejoindre dans un final vraiment touchant. Bref, un excellent drame qui mérite qu’on s’y arrête plus d’une fois (car je pense qu’il peut encore livrer d’autres secrets lors d’une deuxième lecture).
Deux frères mènent leur vie de manière parallèle. Ayant eu un immense traumatisme dans leur enfance, les deux frangins ne se parlent plus vraiment aujourd’hui. Mais alors que des évènements se mettent en place, ces deux frères pourront-ils se rapprocher et peut-être changer de vie ? Rien n’est moins sûr.
« Submarino« , c’est donc le destin de deux frères qui se sont éloignés et que la vie va finir par réunir, pour le meilleur comme pour le pire.
Film aussi froid que l’hiver glacial dans lequel évoluent ses intrigues, la première chose qui me vient à l’esprit, c’est la façon incroyable dont Thomas Vinterberg met en scène ces deux histoires. Si au départ on peut être perdu tant le film apparaît comme flou et s’éloigne des façons « standards » de nous raconter quelque chose, très vite, le réalisateur nous happe et une fois qu’on est pris dans ces histoires, il est bien impossible de ne pas aller jusqu’au bout de ces dernières, malgré le fait que parfois, le flou évoqué plus haut viendra refaire surface.
À travers les histoires de ces deux frangins totalement abîmés par la vie, pour ne pas dire brisés par cette dernière, Thomas Vinterberg traite de très bons sujets. Des sujets difficiles, comme les traumatismes liés à enfance, et comment ils peuvent affecter une vie d’adulte. Le film aborde aussi la culpabilité, les regrets comme les remords. « Submarino » est aussi une critique sociale, abordant la misère et la violence. Thomas Vinterberg est dur dans son récit, et sans faire de pathos, il n’est pas tendre avec ses personnages, qu’il jette littéralement dans une spirale destructrice, dont on se demande comment tout cela va-t-il bien pouvoir se finir.
L’autre grande réussite de « Submarino« , c’est son ambiance. Là encore, le film est dur et froid. Thomas Vinterberg livre un film saisissant qui réserve son lot de « surprises », si l’on peut appeler ceci comme ça. « Submarino« , c’est comme un tunnel sombre, dont on espère qu’au bout, il y ait une lumière. Alors il est vrai aussi qu’avec un parti-pris si glacial, et un rythme aussi lent que celui-ci, le réalisateur peut nous perdre parfois (dans le noir d’un tunnel, on peut s’y égarer). À quelques reprises, on peut se demander où Thomas Vinterberg veut nous emporter, et même si l’on imagine bien cette fin assez prévisible, « Submarino » peut ennuyer parfois ou plutôt un peu trop déstabilisé. Heureusement, et c’est peut-être là le génie du film, malgré quelques coups de mou et de flou, Thomas Vinterberg nous tient toujours et pousse la curiosité à aller de plus en plus loin, jusqu’au bout de ce terrible tunnel.
Tendu, sombre, difficile, émouvant, malgré ses petites imperfections et parfois ce sentiment de flou, d’où un deuxième visionnage, « Submarino » est un excellent drame qui mérite un grand coup de projecteur. Thomas Vinterberg est violent avec ce film et il livre là, brutalement, l’un de ses meilleurs films. À voir assurément.
Note : 14/20
Par Cinéted