De : Siva
Avec Suriya Sivakumar, Disha Patani, Bobby Deol, Prakash Raj
Année : 2024
Pays : Inde
Genre : Action, Drame, Fantastique
Résumé :
Il y a plus de 1000 ans, un guerrier luttait pour sauver son peuple. Aujourd’hui, son histoire est mystérieusement liée à la quête d’un policier…
Avis :
Siva est un cinéaste indien qui officie dans l’industrie du cinéma tamoule. Scénariste, chef op et parolier, Siva a commencé sa carrière au début des années 2000 en tant que directeur de la photographie. Pendant plusieurs années, il s’est fait la main sur différents films, avant de prendre la casquette de réalisateur en 2008 avec « Souryam« . Depuis, le réalisateur s’est fait une très belle réputation, enchaînant les succès avec des films comme « Veeram« , « Vedalam« , ou encore plus récemment « Annaatthe« .
Depuis quelque temps, le cinéma indien, même s’il reste encore assez confidentiel, commence à faire une petite percée sur les écrans de nos cinémas. Le cinéma le plus proche de chez moi a d’ailleurs fait comme un partenariat avec des distributeurs, ce qui fait que toutes les semaines, ou presque, on a le droit à une sortie indienne. Puis au-delà de ça, un film comme « Kanguva » arrive à être diffusé dans plusieurs cinémas.
« »Kanguva« , c’est deux heures et demie de gens qui ne font que hurler »
Depuis quelques temps maintenant, je dois dire que lorsque je m’essaie au cinéma indien, bien souvent, le film vu se pose comme une bonne surprise. Une surprise souvent délirante et toujours dans l’exagération, mais le spectacle est là. Parmi les sorties régulières, « Kanguva » est un film qui a piqué ma curiosité de par son pitch, qui avait l’air de vouloir lier deux faits, sur une enquête qui aurait plus ou moins mille ans de décalage. Et si c’est bien ce que j’ai trouvé là, hormis l’enquête, car il n’y pas d’enquête, « Kanguva » s’est malheureusement vite fait décevant et surtout insupportable de par son hystérie. C’est bien simple, pour caricaturer à peine, « Kanguva« , c’est deux heures et demie de gens qui ne font que hurler et prendre des postures énervées, pour défoncer le méchant qui se pointerait, car la guerre, c’est une question de mec !
Il y a plus de mille ans de cela, quelque part près des cinq îles, un guerrier, Kanguva, lutte pour sauver son peuple de l’oppresseur. Son histoire, pour ne pas dire sa légende, va bientôt se lier avec un chasseur de primes d’aujourd’hui…
Ça fait bien longtemps que je n’étais pas sorti d’une salle de cinéma épuisé par l’expérience proposé. « Kanguva« , c’est un film qui a pourtant pas mal d’atouts dans sa poche. Superproduction indienne, le film est, sur le papier, très ambitieux, avec son idée d’histoires qui se déroulent dans deux époques éloignées et qui seraient liées par un petit truc en plus. De plus, le film, notamment lorsqu’il bascule dans le passé, offre quelque chose de grandiose. Les décors sont dingues, les costumes incroyables, et plus loin encore, même si ça peut prêter à sourire, les différentes ambiances des îles sont folles, notamment l’île où résident « les méchants », qui tient une ambiance très Mad Maxienne.
« »Kanguva » est un film qui use et abuse des ralentis. »
Avec ça, il faut aussi compter sur les décors naturels que Siva exploite très bien pour offrir une superbe mise en scène. Enfin, pour l’ensemble, même si le film tient des effets spéciaux qui peuvent faire mal aux yeux, (coucou les aigles et autres corbeaux) pour le reste, le film a son cachet et bien souvent dans son imagerie, Siva offre un film qui a de la gueule.
Mais voilà, tout cela est réduit presque à néant de par l’hystérie collective du film, qui arrive à se faire de plus en plus agaçant au fur et à mesure de l’histoire. Franchement, comme je le disais plus haut, « Kanguva« , c’est deux heures et demie de personnages qui hurlent à s’en décrocher la mâchoire, et au bout d’un moment, c’est épuisant. C’est même assez dingue d’avoir fait un choix comme cela, car même les moments qui se veulent plus calmes, voire tendres, comme une initiation, on se retrouve là encore avec des hurlements qui ne s’arrêtent jamais. Parfois même, le film offre des doubles, voire même des triples hurlements avec des personnages qui gueulent se regardant les yeux dans les yeux, prêt à en découdre.
Le réalisateur arrivera même à offrir un exploit jamais vu, avec des personnages qui hurlent au ralenti, car oui, si l’on s’aventure dans la mise en scène, « Kanguva » est un film qui use et abuse des ralentis. Le film fait deux heures et demie, mais si on enlève les ralentis qui y sont légion, il est certain que le film fait à peine une heure et demie. C’est assez dingue de casser l’action en permanence avec des ralentis qui se veulent stylisés. Alors c’est vrai que ça peut avoir un certain cachet, et donner de bonnes images, mais dans l’action, ça casse tout. Après, il n’y a pas que ça malheureusement, « Kanguva » est un film qui se fait compliqué d’entrée de jeu, avec une ouverture d’une bonne demi-heure qui oscille entre humour lourdingue, et clip US qui n’a pas vraiment de sens pour raconter cette histoire.
« »Kanguva » a bien du mal à faire le lien entre les deux époques. »
D’ailleurs, en parlant de sens de l’histoire, « Kanguva » a bien du mal à faire le lien entre les deux époques. On peut même dire que pendant une très grande partie du film, le montage a carrément zappé qu’il y avait 2024 comme époque, car l’essentiel se passe vers -1000, ce qui fait qu’au moment où l’on revient à 2024, on avait presque nous aussi zappé qu’il y avait un lien. Lien d’ailleurs que l’on ne comprend pas très bien, et au-delà de ça, il ne va surtout pas falloir gratter la couche de l’intrigue autour de 2024.
Une intrigue qui nous sert çà et là des chasseurs de primes, une mystérieuse agence qui fait des tests sur des gamins qui ont tout l’air d’avoir des pouvoirs, mais on ne sait pas à quoi ça sert dans l’histoire, et ce qu’ils comptent en faire, d’ailleurs au moment où ça aurait pu être abordé, on découvre que « Kanguva » est le début d’une histoire qui veut avoir des suites. Après, même si on reste, dans un sens, intrigué, entre l’hystérie du film, et ces intrigues qui peinent à emporter son spectateur, on n’est pas vraiment sûr de vouloir voir la suite.
Ainsi donc, « Kanguva » se pose comme une déception, qui en plus de ça, est une déception qui s’est faite épuisante. Peut-être que s’il y avait eu moins de cris, et moins de ralentis, on aurait pu se concentrer un peu plus sur l’intrigue, et surtout ses personnages, mais là, en l’état, malgré les bons points que le film peut avoir pour lui, le vrai réjouissement que le film de Siva nous fait ressentir, c’est quand enfin le silence se fait entendre, c’est dire
Note : 08/20
Par Cinéted