mars 28, 2024

Potiche

De : François Ozon

Avec Catherine Deneuve, Gérard Deparideu, Fabrice Luchini, Karin Viard

Année : 2010

Pays : France

Genre : Comédie

Résumé :

En 1977, dans une province de la bourgeoisie française, Suzanne Pujol est l’épouse popote et soumise d’un riche industriel Robert Pujol. Il dirige son usine de parapluies d’une main de fer et s’avère aussi désagréable et despote avec ses ouvriers qu’avec ses enfants et sa femme, qu’il prend pour une potiche. À la suite d’une grève et d’une séquestration de son mari, Suzanne se retrouve à la direction de l’usine et se révèle à la surprise générale une femme de tête et d’action. Mais lorsque Robert rentre d’une cure de repos en pleine forme, tout se complique…

Avis :

François Ozon est de ces réalisateurs que j’aime énormément. Son cinéma, pour la plupart du temps, m’évade, m’amuse, me touche. Mais comme tout artiste, Ozon a ses hauts puis ses bas et s’il a un début de carrière que j’adore, (certains de ses films sont même dans mon panthéon de mes indémodables, « 8 Femmes« , « Les amants criminels« , « Gouttes d’eau sur pierres brûlantes » « Le temps qui reste« … Bref, une bien bonne partie de sa filmographie), je dois dire que dans la seconde partie des années 2000, le réalisateur a eu tendance à me décevoir, avec des films comme « Ricky » ou « le refuge« .

Après justement avoir ouvert les années 2010 en Janvier avec « Le refuge« , François Ozon l’infatigable était alors de retour dix mois plus tard avec « Potiche« . Adapté de la pièce de théâtre homonyme de Pierre Barillet et Jean-Pierre Grédy, « Potiche » avait tous les ingrédients réunis pour être un bon cru Ozon et c’était avec impatience que je m’étais rué en salle à l’époque et ce bon cru Ozon, que j’avais cru deviner, s’est transformé en très grand cru Ozon ! « Potiche« , c’est une sorte de mode d’emploi de tout ce qui fait briller le cinéma de François. Drôle, inventif, très bien écrit, parcouru de répliques hilarantes, parcouru de situations cocasses et de personnages hauts en couleurs. En un film, François Ozon tire un trait sur plusieurs années de déception. Bref, entre rire, larmes, politique et comédie de mœurs, « Potiche » s’installe d’emblée dans ce que le réalisateur a fait de mieux !

France 1977, quelque part en Province, Suzanne Pujol est une épouse modèle et une femme soumise et par conséquent parfaitement comblée. Elle le dit elle-même, quand elle essaie de temps à autre d’exprimer un avis à son mari, elle est une reine de l’électro-ménager. Son mari, Robert Pujol, est un homme macho, qui vote à droite et qui tient son usine (dote de sa femme) d’une main de fer. Un jour, à force de serrer la vis à ses employés, les dits employés finissent par se mettre en grève et mieux encore, il séquestre leur patron. Libéré mais exténué, frôlant l’arrêt cardiaque, Robert est obligé de partir en séjour de repos, et c’est donc sa femme Suzanne, la potiche par excellence, qui se retrouve à la tête de l’entreprise familiale. Et ce que personne n’avait prévu, c’est que Madame Pujol, en plus de gagner le respect de tous les employés, allait sortir l’usine du pétrin et devenir meilleur patron que son mari, et Robert Pujol va bien avoir du mal à l’accepter…

François Ozon est un cinéaste qui aime surprendre, et bien souvent ses films ont la particularité d’être riches, traitant de plusieurs sujets à la fois, le tout en mélangeant les styles et « Potiche » en est un des exemples les plus criants. « Potiche« , sous bien des regards, pourrait même être l’un de ses films les plus riches. Sous le ton hilarant de la comédie, François Ozon se lance ici dans une caricature qui ne manque pas de saveurs.

Avec cette histoire d’émancipation, François Ozon livre un film qui parle aussi bien des femmes que du patriarcat. Avec « Potiche« , il conjugue la comédie de mœurs et la comédie politique, avec quelques pics plus que bienvenus et placés, le « casse-toi pauvre con » ou « Il va falloir travailler plus pour gagner plus », font partie des petits best of que le film nous réserve. S’amusant des étiquettes, la gauche, la droite, la communiste, les socialistes, tout le monde ici en prend pour son grade. Puis derrière ces cotés cocasses, derrière ce piment savoureusement réparti, « Potiche« , à travers ses personnages, aborde de très belle manière les femmes, les droits des femmes, il parle d’une époque qui change, qui se révolutionne. Le film parle bien entendu d’une certaine idée de la famille à l’époque. Sur d’autres sentiers, « Potiche » parle aussi des luttes sociales, des injustices ou encore, mais de manière plus légère, de la famille ou de l’homosexualité… Bref, comme je vous le disais, le film est riche, très riche et François Ozon, qui dirige tout petit monde d’une main de maître, ne se perd jamais. Il est à la barre et il sait comment nous emmener à bon port.

La barre, qu’il ne lâche jamais, c’est sa mise en scène et autant dire que là encore François Ozon fait des merveilles. Coloré, bourré d’inventions, de fraîcheur, de bonne humeur, « Potiche » est pop et rétro à la fois, quelques clins d’yeux ici et là, détenant des allures de conte de fées, pour aller dans le conte social, et le tout emporté par l’une des plus belles BO de l’ami de toujours Philippe Rombi. François Ozon joue avec ironie des situations cocasses qu’il nous a concoctées. Parfois, il ira jusqu’à casser son rythme, aidé de la BO de Philippe Rombi, le film aura même l’espace de quelques instants des touches de thriller rappelant le style d’Hitchcock.

« Potiche« , c’est aussi un casting incontournable. « Potiche« , c’est une Catherine Deneuve qu’on n’avait pas vu aussi éclatante depuis longtemps. Presque instantanément culte dans son survêtement rouge, l’actrice irradie le film et elle nous éclate dans ce rôle, qui pourrait presque rappeler Ségolène Royal. « Potiche« , c’est un Fabrice Luchini dans tout ce qu’il a de plus grand, de plus fou, de plus cinglant, balançant avec une classe folle les répliques les plus misogynes de sa carrière (il n’y avait que Luchini pour balancer de telles horreurs avec autant de drôlerie). « Potiche« , c’est un Gérard Depardieu d’une tendresse parfaite. Un Depardieu qui retrouve Deneuve pour une énième fois, afin de nous faire rêver. « Potiche« , c’est aussi Judith Godrèche infecte en clone de Farrah Fawcett, tout comme Jérémie Renier peut avoir des airs de ressemblance avec Claude François (tiens donc …). Puis il y a Karin Viard, qui est égale à elle-même, et nous offre un show des plus éclatants.

Bref, je vais m’arrêter-là, car je pourrais m’attarder sur pas mal de lignes encore, tant finalement, j’aime ce film.

Drôle, joyeux, triste, avec des répliques incroyables balancées par des acteurs parfaits, « Potiche » est une petite cocasserie pleine de fraîcheur qui fait du bien. « Potiche » est une œuvre immanquable dans la large filmographie de son réalisateur et vous savez quoi, de manière incontrôlée, j’ai déjà envie de le revoir (mais bon ça, c’est sûrement parce que j’écoute la BO en écrivant ces lignes dénuées de toute objectivité…).

Note : 18/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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2 réflexions sur « Potiche »

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