décembre 9, 2024

The Haunting of Hill House

D’Après une Idée de : Mike Flanagan

Avec Michiel Huisman, Carla Gugino, Elizabeth Reaser, Oliver Jackson-Cohen

Pays : Etats-Unis

Nombre d’Episodes : 10

Genre : Horreur

Résumé :

Plusieurs frères et sœurs qui, enfants, ont grandi dans la demeure qui allait devenir la maison hantée la plus célèbre des États-Unis sont contraints de se retrouver pour faire face à cette tragédie ensemble. La famille doit enfin affronter les fantômes de son passé, dont certains sont encore bien présents dans leurs esprits alors que d’autres continuent de traquer Hill House.

Avis :

Mike Flanagan est un réalisateur encore peu connu du grand public et pourtant, il est de ces artisans du septième art qui arrivent à donner une âme à chaque œuvre qui constitue sa bâtisse. Commençant en 2011 avec Absentia, qui est à ce jour son plus mauvais film, il va déjà installer les prémices de sa mise en scène, à savoir un rythme lent, des plans larges glissant doucement pour mieux faire surgir l’horreur en arrière-plan. Avec ce film, on va aussi deviner les névroses du réalisateur, qui porte un regard attendrissant sur les familles dysfonctionnelles qui vont devoir faire face à divers menace. Dans son premier film, il explore ce que ressentent les proches de disparus et présente une sorte d’araignée géante planquée dans les murs d’un tunnel. Le rythme est très lent et on s’ennuie ferme. Néanmoins, il trouvera un sursaut en 2013 avec The Mirror, un film d’horreur à l’ancienne qui, même s’il contient de nombreux défauts, dont un rythme lancinant, trouvera son public, lui permettant de tourner trois films coup sur coup en 2016, trouvant aussi les salles obscures avec sa sympathique suite de Ouija. Dès lors, le cinéaste ne lâchera plus ses démons, ses familles névrosées (Ne t’Endors Pas) ou encore ce qui deviendra sa femme, Kate Siegel (Pas un Bruit et tout le reste de sa filmographie).

Cependant, Mike Flanagan n’a pas fini de faire parler de lui. En 2017, il adapte pour Netflix un roman de Stephen King, Jessie, avec Carla Gugino et Bruce Greenwood. Le film aura d’excellents retours, tant et si bien que la plateforme lui offre l’opportunité de réaliser une série, adaptée du roman Hantise de Shirley Jackson. C’est alors que déboule The Haunting of Hill House, une série en dix épisodes qui promet fantômes, maison biscornue et drame familial. Et c’est certainement dans ce genre d’entreprise que l’on va le mieux reconnaître la patte du réalisateur qui s’en donne à cœur joie, explorant toutes ses pistes favorites, de la famille étranges aux lents travellings en plan large pour faire surgir l’horreur. Mais est-ce réussi pour autant ?

Cette série peut se voir de deux façons différentes. La première, c’est une série dramatique autour d’une famille complètement décomposée des suites d’une sombre affaire dans une maison supposée hantée. La saison se déroulant sur deux époques différentes, on va voir ce qui a causé l’éloignement de chacun et comment, dans le présent, chacun se reconstruit et tente de récréer des liens autour d’un décès. Les cinq premiers épisodes de la saison se concentrent donc uniquement sur l’un des cinq enfants de la famille. On verra donc pourquoi une jeune fille est perturbée par un fantôme au cou tordu. Pourquoi l’un des frères a sombré dans la drogue. Pourquoi l’autre frère écrit des livres pour exorciser certains démons. Pourquoi la sœur aînée, qui travaille dans les pompes funèbres, veut que tout soit aussi parfait. Et enfin pourquoi la dernière sœur met des gants et éprouve des difficultés à parler avec les autres. Cette façon de faire est assez intéressante car elle ne laisse personne sur le carreau et chaque personnage bénéficie d’un background très travaillé. On trouvera donc des réponses dans un passé tumultueux au sein d’une famille qui sombre peu à peu dans la folie à cause d’une mère malade et qui ne s’en rend pas compte. Ce côté drame est bien exploité et il va bien servir à mettre en avant l’autre côté de la série, l’horreur.

Et c’est peut-être là que le bât blesse. Le côté horrifique est parfaitement présent, il n’y a aucun souci là-dessus, on aura droit à des apparitions soudaines assez loin des jump scare car la musique ne monte pas dans les tours et l’ambiance creepy à souhait est bien prégnante. Le problème, c’est que la série ne fait pas peur et échoue dans son intention première, faire monter la tension petit à petit pour arriver à un climax angoissant. Si l’architecture de la maison est respectée, si les couloirs et autres pièces rencontrent un joli succès et participent à cette ambiance oppressante, il manque quelque chose à The Haunting of Hill House pour distiller de la frayeur. Le principal problème est le rythme de Flanagan. Sa mise en scène est élégante, mais c’est de la poudre aux yeux face à un scénario qui ne sait pas forcément où il va et mélange les aspects temporels pour mieux embrouiller un spectateur qui n’a pas besoin de ça. Il y a un vrai manque de dynamisme après le sixième épisode et Mike Flanagan se fourvoie dans une débauche d’effets de style pour masquer une certaine paresse d’écriture. A titre d’exemple, l’épisode 6 est fait en 4 ou 5 plans séquences, mais concrètement, hormis la prouesse technique, cela ne sert strictement à rien. Et c’est un peu cela que l’on peut reprocher au cinéaste depuis ses débuts, une propension à faire de l’esbroufe là où il n’y en a pas besoin.

D’autant plus qu’en fonctionnant comme cela, la série s’embourbe dans sa seconde moitié et laisse un goût amer en bouche. On est toujours sur le fil de l’ennui et il faut avoir recours à certaines stratégies pour garder le spectateur éveillé. On trouvera alors des apparitions spectrales en arrière-plan, sorte de jeu pour maintenir le spectateur en éveil plus que pour montrer la hantise de la maison. Ce qui est aussi intriguant dans cette série, c’est la place omniprésente des monologues. Les dialogues sont très discrets, parfois sans réel impact alors que les monologues sont légion et durent des plombes. On se retrouve donc avec des moments qui sont très beaux à l’oreille, mais qui semblent très écrits et cela enlève tout charme à ces moments explicatifs. Un côté propre à Flanagan là aussi, qui aime tout expliquer comme si le spectateur était un abruti fini. La fin, et le dernier épisode en particulier, est complètement ratée à cause d’une surenchère d’explications et surtout, un côté pathos/tendre/happy end franchement pénible qui s’étend sur plus de dix minutes et qui manque vraiment d’intensité dramatique.

Au final, The Haunting of Hill House est loin d’être une déception, mais c’est aussi loin d’être une pure réussite. Si la série commence parfaitement et soigne son atmosphère fantasmagorique, on y retrouve aussi toutes les scories propres à son réalisateur, à savoir un rythme lent, une technique maîtrisée mais qui n’est pas au service de l’histoire et une surenchère de monologues explicatifs pas crédibles. Néanmoins, on ne peut que féliciter une telle entreprise qui a suscité autant d’émoi et qui rehausse un petit peu la qualité des séries horrifiques. On y retrouvera aussi des acteurs absolument parfaits, qui ont tous, quasiment, déjà bossé avec Mike Flanagan et certaines séquences valent tout de même le détour. Mais de là à dire que c’est l’une des meilleures séries de tous les temps…

Note : 14/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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