novembre 8, 2024

L’Appel du Néant – Maxime Chattam

Auteur : Maxime Chattam

Editeur : Albin Michel

Genre : Thriller

Résumé :

Tueur en série…
Traque infernale.
Médecine légale.
Services secrets.
… Terrorisme.
La victoire du Mal est-elle inéluctable ?

Avis :

Quand on se penche sur les thrillers de Maxime Chattam, il en ressort une certaine prédilection pour le mal. Quelle que soit la forme qu’il emprunte, il est une donnée récurrente dans l’œuvre de l’écrivain. Mais la résumer à la simple présence d’un tueur en série n’est guère révélateur de la complexité d’un tel sujet. Pour son nouveau livre, l’écrivain s’attarde sur la problématique du terrorisme. Exercice inédit qui prend les atours d’investigations classiques, du moins dans un premier temps. Il aura fallu pas moins de trois versions pour que ce projet aboutisse sous la forme d’une enquête de Ludivine Vancker. Une troisième itération à l’image de ses prédécesseurs ?

Bien que l’ensemble développe le mystère initial avec une certaine force, l’entame se veut assez convenue, surtout pour ceux qui connaissent les précédents thrillers de l’auteur. Un meurtre sordide, des implications qu’on devine bien plus étendues qu’escomptées et un suspense qui monte crescendo pour maintenir l’attention du lecteur. La formule est rôdée et néanmoins efficace dans sa progression. À ceci près que L’appel du néant multiplie quelques contradictions dans son approche générale. Faire du neuf avec de l’ancien ? Pas forcément, même si certains éléments tendent à effectuer ce genre de raccourcis faciles.

D’une part, on a l’impression que le livre est parfois trop similaire à ces aînés (La conjuration primitive, La patience du diable). Sa structure et sa progression ne dérogent en rien des précédentes enquêtes. Les séquences de profilage sont bel et bien présentes, mais dénotent quelque peu avec le sujet principal. D’autre part, ce thème abordé aboutit à des considérations plus globales et différentes pour l’auteur. Ici, le mal n’est pas endémique à un individu, mais inhérent à un groupe. Loin de conceptualiser le problème du terrorisme, l’approche n’est pas de réduire le mal à un critère purement manichéen. En l’occurrence, il s’agit d’un point de vue divergent en fonction de sa culture, de sa religion et, par extension, de l’endoctrinement dont sont victimes les aspirants kamikazes.

Les propos sont intelligents et pertinents pour se pencher sur un sujet d’actualité. On sent un certain recul pour essayer de comprendre les motivations et les actes des terroristes. Toutefois, certains passages demeurent assez circonspects pour tenter de trouver des solutions, voire un semblant d’explications. Là n’est pas l’objectif du présent ouvrage, mais certaines considérations se veulent très optimistes ou beaucoup trop faciles pour convaincre de leur éventuelle concrétisation. Un choix d’autant plus surprenant que certaines analyses font preuve d’une incroyable lucidité sur l’état actuel du monde et sur ce qui pourrait amener à un effondrement du système.

Autre point sur lequel on est nettement plus mitigé qu’à l’accoutumée : un aspect didactique presque permanent. Au sens strict du terme, un thriller se doit d’être réaliste. Pour cela, il n’est pas rare d’offrir aux lecteurs plusieurs explications et détails techniques. Or ici, l’afflux de données prend le pas sur l’évolution de l’intrigue. Des paragraphes entiers sont alloués à la partie théorique, souvent plus que de rigueur. Cela vaut pour le profilage, mais surtout pour le nombre effarant d’intervenants impliqués dans une enquête. Les acronymes se succèdent et ne se ressemblent pas si bien qu’il est parfois compliqué de s’y retrouver et de replacer les rôles de chacun au sein des investigations.

Au final, L’appel du néant est un thriller mi-figue mi-raisin. On se sent écartelé par une maîtrise évidente de l’écriture et un traitement en dents de scie où l’abstraction du mal prévaut sur sa manifestation. D’ailleurs, l’amalgame entre les meurtres en série et le terrorisme peine à trouver un liant pour assimiler deux éléments aux antipodes. De plus, l’atmosphère est beaucoup moins sombre qu’auparavant. La violence est certes présente, mais elle se veut plus timorée en empruntant des chemins détournés. Celle-ci étant plus un moyen qu’une résultante. Par conséquent, elle se veut moins dérangeante. Il en ressort un livre intéressant et néanmoins perfectible qui semble confirmer le changement de ton des thrillers de Maxime Chattam. Revirement amorcé avec Que ta volonté soit faite.

Note : 13/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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