mars 28, 2024

Nos Années Folles

De : André Téchiné

Avec Pierre Deladonchamps, Céline Sallette, Grégoire Leprince-Ringuet, Michel Fau

Année : 2017

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

La véritable histoire de Paul qui, après deux années au front, se mutile et déserte. Pour le cacher, son épouse Louise le travestit en femme. Dans le Paris des Années Folles, il devient Suzanne. En 1925, enfin amnistié, Suzanne tentera de redevenir Paul…

Avis :

André Téchiné, tel un dinosaure bienveillant du cinéma, tient bon sa barre avec plus de cinquante ans de cinéma. Si sa barre a connu des hauts et des bas, depuis les années 2010, le cinéaste tient une belle ligne, puisque que ce soit « L’homme qu’on aimait trop » ou le sublime « Quand on a 17 ans« , André Téchiné a su nous convaincre et nous toucher et ce n’est pas « Nos années folles » qui va dire le contraire, même si le film est un peu confus.

Pour ce cru 2017, André Téchiné a décidé de revenir sur une histoire aussi folle qu’elle est vraie. Cette histoire, c’est celle de Paul Grappe, un déserteur de la Première Guerre mondiale, qui connut un destin aussi passionnant que tragique. Avec « Nos années folles« , André Téchiné nous emporte dans les années dix et vingt, et nous conte une histoire avec intérêt. L’histoire d’un amour, d’une passion, et le destin d’un couple. Bref, un joli moment de cinéma.

Paul et Louise Grappe s’aiment, mais l’harmonie du couple est mise à mal avec l’arrivée de la Première Guerre mondiale. Paul est envoyé sur le front. Après deux ans de batailles, Paul ne supporte plus cette pression sans cesse. Il va donc se mutiler et finalement jouer les déserteurs. Après des mois passés caché dans la cave de la grand-mère de sa femme, Louise trouve une idée pour que Paul puisse sortir. Paul va devenir Suzanne et travesti derrière du maquillage et des robes, Paul peut donc retrouver une certaine liberté.

« Nos années folles » est donc le nouveau film d’André Téchiné et pour son vingt troisième film, le réalisateur a décidé de voir grand, beau et fort.

« Nos années folles » est un film dont chaque sujet qu’il va aborder est d’emblée intéressant. La guerre des tranchées, les désertions, le travestissement, la quête de soi, l’identité sexuelle, l’amour et des sacrifices ou encore la schizophrénie, et le tout sous couvert d’histoire aussi incroyable que vraie. Bref, « Nos années folles« , sur le papier, est un film dense, riche, qui ose s’aventurer sur des thèmes brûlants.

Mais si le film parait incroyable sur le papier, à l’image, le résultat demeure aussi excellent que vague.

Excellent parce qu’il développe très bien certains des thèmes, même si on constatera que le film est trop riche et que le réalisateur en survole aussi plus d’un.

André Téchiné accorde beaucoup d’importance aux dérives de ce personnage qui se laisse peu à peu piéger par lui-même. Son destin, son parcours, sa folie, sa détresse, sa solitude, sont touchants et l’on ne peut qu’avoir envie de savoir jusqu’au il s’est laissé emporter. Le personnage est d’autant touchant car en face de lui, on trouve une Céline Sallette sublime, qui tient elle aussi un personnage beau, fort, altruiste et surtout amoureuse. Un personnage empreint d’amour, prête à tout supporter. Le couple fonctionne très bien, même dans les moments les plus sombres, il y a une alchimie entre ces acteurs.

André Téchiné arrive toujours à rendre son intrigue prenante et c’est sans ennui aucun qu’on se laisse emporter dans ce parcours de vie. On remarquera tout le travail fait sur la recherche de ce personnage et la schizophrénie qu’il développe peu à peu et que le réalisateur explore très bien. Trouble, perte de repères, confusion amoureuse, perte d’identité sont au cœur du film et sont intéressants, d’autant plus que Pierre Deladonchamps est incroyable dans un rôle excessivement complexe. Une nomination pour les Césars ne serait pas un luxe.

Mais comme je le disais aussi, le film est quelque peu vague et ainsi, plusieurs défauts viennent entacher le décor.

Si le film à de véritables moments de grâce, il est aussi flou parfois. La mise en scène par exemple est faite d’ellipses bien peu subtiles et non justifiées. On a du mal à comprendre certains des choix de son réalisateur, qui oscille entre le passé et le présent, le tout joué dans un spectacle de théâtre. On avoue être perdu l’espace de quelques instants, ce qui est parfois frustrant, car en plus de nous sortir de l’intrigue, on se rend compte que ce choix n’apporte pas grand-chose l’histoire et que si le réalisateur avait choisi une mise en scène linéaire, alors son film aurait été plus clair et on aurait retrouvé ces moments de spectacle.

Doté de très beaux décors, qu’il emploie très justement, empreint parfois de poésie. Tenu par des dialogues forts, qui soulignent bien des sujets et des thèmes que le film aborde. Et le tout tenu par un excellent casting, « Nos années folles« , malgré ses défauts et sa mise en scène approximative, demeure un bon cru de Téchiné, doublé d’une excellente et tragique histoire que le réalisateur fait découvrir.

Bref, ce n’est pas le meilleur film de son réalisateur, mais il mérite qu’on s’y arrête, et même qu’on s’y attarde.

Note : 12,5/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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