avril 26, 2024

L’Adieu au Roi

Titre Original : Farewell to the King

De: John Milius

Avec Nick Nolte, Frank McRae, Nigel Havers, Gerry Lopez

Année: 1989

Pays: Etats-Unis

Genre: Aventure, Guerre

Résumé :

C’est l’histoire de Learoyd, un ancien officier de l’armée américaine qui, après avoir déserté pendant la Seconde Guerre Mondiale se retrouve le roi d’une tribu de Bornéo, se créant ainsi son propre royaume, indépendant et possédant sa propre puissance. Apprécié de son nouveau « peuple », tout ira bien pour cet homme jusqu’à ce que deux soldats de l’armée anglaise croisent sa route par pure coïncidence. Si l’amitié naîtra vite entre ces hommes, c’est l’attaque des japonais qui changera la vie de Learoyd et de son peuple, massacré par les japonais.

Avis :

Et d’un sixième tour de caméra pour John Milius. Si le réalisateur continue d’être au top de son talent dans l’écriture, avec des scénarios pour son pote Walter Hill, puisqu’il lui a écrit en partie « Extrême préjudice« , et plus tard « Géronimo« , (à cette époque, il fait aussi partie des scénaristes qui planchent sur la série « Deux flics à Miami« ) John Milius continue d’être au top aussi quand il passe à la réalisation. On peut même dire qu’avec « Conan« , « L’aube rouge » et maintenant cette « … adieu au Roi« , John Milius a passé les années 80 avec un sans-faute.

John Milius est un grand fan du travail de l’écrivain et réalisateur français Pierre Schoendoerffer et pour son sixième film, le réalisateur américain a décidé de mettre en images le deuxième roman de Pierre Schoendoerffer, « L’adieu au Roi« . Avec ce film, John Milius nous offre une belle leçon d’humanité, ainsi qu’un retour aux sources de la simplicité de vivre. Une simplicité qui va être détruite par la guerre. Magnifique dans sa réalisation, aussi bien que dans l’odyssée de ses personnages, « L’adieu au Roi » est un cru d’excellence et peut-être bien le meilleur film de Milius à ce jour.

Deuxième guerre mondiale, dans le Pacifique, deux soldats sont parachutés au-dessus de la jungle de Bornéo. Leur mission, prendre contact avec les peuples indigènes, les former et ainsi obtenir leur aide contre les Japonais qui ne vont pas tarder à envahir leur terre. Les deux soldats vont bien trouver les peuples indigènes et ils vont faire la connaissance d’un soldat américain, déserteur, appelé Learoyd. Un soldat qui, après avoir tout perdu, est finalement devenu le Roi de la tribu qui l’a recueilli.

Film oublié de la filmographie de John Milius, « L’adieu au Roi » se doit d’être remis en lumière car il mérite à bien des arguments toute notre attention. Ce qui est drôle dans l’histoire de « L’adieu au Roi« , c’est que John Milius fut longtemps mécontent de son film, car selon lui, il fut mis en morceaux par ses producteurs et finalement, avec les années, même si le film n’est pas vraiment celui que John Milius avait imaginé, il dit que c’est son meilleur film et on n’est pas loin de le croire, tant cette odyssée est un beau film pacifiste et anti-guerre.

Partant donc avec un roman de Pierre Schoendoerffer, John Milius nous livre là un film passionnant dans toutes ses étapes. Tourné en pleine Jungle de Bornéo, « L’adieu au Roi » commence comme un retour à la nature. Deux soldats découvrant l’un des leurs, qui est devenu le Roi d’une tribu.

Le scénario est simple, presque prévisible à certains moments. L’histoire est vue à travers les yeux d’un des soldats qui va se poser comme le narrateur et ainsi, nous compter ce que l’on pourrait appeler la légende du Roi Learoyd. Divisé en deux grandes parties, la première est très touchante et s’avère être un enchantement. Le Roi Learoyd nous raconte son incroyable parcours, qu’on écoute avec une attention indécrochable. John Milius filme la découverte des tribus avec beaucoup d’amour, on sent le réalisateur impliqué et amoureux de ce qu’il met en scène. Avec ce film, on revient à la simplicité, loin de la société, de la vie active et bien entendu de la guerre. Bien sûr, pendant cette première partie, le récit met en place des éléments qui serviront pour la suite et quelques petites phrases apporteront leurs lots de tension.

John Milius a aussi très bien su mettre en scène les tribus d’indigènes. Décors, costumes, comédiens et figurants sont impeccables et l’on appréciera que le film n’ait pas pris une ride.

La guerre n’a pas de frontières, et elle n’épargne personne, et c’est comme une fatalité qu’elle va venir frapper au cœur du petit royaume du Roi Learoyd. Brutale, triste, violente, ces peuples sont obligés de basculer et l’émerveillement laisse place à l’horreur et l’émotion. Toujours à travers les yeux de ce soldat qui redécouvre la barbarie de la guerre, John Milius casse l’idéalisme de son personnage (Learoyd) et laisse monter l’émotion, et surtout son message anti-guerre. Comme un paradoxe, plus le film bascule dans l’horreur, la violence, la folie et plus en contradiction, il se fait anti-guerre, et c’est au cœur même de l’horreur d’une vengeance sanglante que « L’adieu au Roi » va trouver toute sa puissance et nous marquer.

John Milius sait filmer les récits guerriers, les histoires lourdes et dramatiques et il le prouve avec grandeur ici. Ces deux films en un seul sont sublimes, dotés d’images magnifiques et fortes à la fois. Le réalisateur tient un sacré rythme, installe peu à peu une ambiance dure et étouffante, mais arrive toujours à garder un espoir, malgré la noirceur. Puis finalement, il nous emporte vers un final absolument parfait. On quitte cet « … adieu au Roi » avec émotion.

On ne peut pas parler de « L’adieu au Roi » sans s’arrêter sur le charisme fou de Nick Nolte qui trouve là un rôle qui lui va à merveille. Le comédien est totalement pris dans son rôle, il est en permanence touchant. L’écriture de Milius et le talent de Nolte, c’est le mix parfait. Mais même si on est touché par un Nick Nolte qui crève l’écran, on avouera être bouleversé par Nigel Havers, qui incarne le soldat par qui l’on découvre cette histoire. A travers ses yeux et ses émotions, « L’adieu au Roi » trouve une belle profondeur et finalement, c’est ce qu’il voit et les réflexions qu’il nous livre qui marquent le plus.

« L’adieu au Roi » est un grand cru de John Milius. Sublime et émouvant, John Milius, en faisant basculer son récit dans l’horreur de la guerre là où peu de monde l’attendait, laisse un beau message de paix. Bref, on est sur le cul et on espère que ces quelques lignes pousseront à remettre ce film dans la lumière qui lui est due !

Note : 18/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=O0xYAxDPUmQ[/youtube]

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.