mars 29, 2024

Orpheline – Destin de Femme

De : Arnaud des Pallières

Avec Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Gemma Arterton, Solène Rigot

Année : 2017

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Portrait d’une femme à quatre âges de sa vie. Petite fille de la campagne, prise dans une tragique partie de cache-cache. Adolescente ballottée de fugue en fugue, d’homme en homme, puisque tout vaut mieux que le triste foyer familial. Jeune provinciale qui monte à Paris et frôle la catastrophe. Femme accomplie enfin, qui se croyait à l’abri de son passé. Quatre actrices différentes incarnent une seule et même héroïne.

Avis :

Arnaud des Pallières est un cinéaste singulier par chez nous. Ses films sont bien souvent des expériences que le réalisateur pousse à l’onirisme. Dès son premier film, Arnaud des Pallières a donné le ton de sa carrière et ce ton, il le tient avec toujours autant de créativité et d’envie d’un cinéma autrement. Un cinéma qui bouscule les conventions. Un cinéma qui peut choquer ou même déranger.

Un cinéma qu’on retrouve dans « Orpheline« , sixième film pour Arnaud des Pallières. « Orpheline » est une œuvre atypique et singulière qu’il ne faut pas mettre devant tous les yeux, tant, elle peut déranger. Avec l’envie de dresser le portrait d’une femme à quatre époques de sa vie, Arnaud des Pallières nous offre un film libre. Un film qui pourra passionner et surprendre autant qu’il pourra ennuyer. Un film parfois inégal, parfois choquant, peut-être même gratuitement. Un film explosé dans sa narration et pourtant cohérent. Bref, une sorte d’ovni cinématographique fascinant, mais qui manque toutefois d’émotion.

Renée est une femme accomplie. Directrice d’une école, elle vit une belle histoire d’amour avec Darius. Le couple essaie même de faire un enfant. Mais ce bonheur va éclater quand Renée voit arriver dans sa classe Tara, une ancienne amie fraîchement sortie de prison. Le passé que Renée avait alors si bien dissimulé va lui sauter en plein visage et transformer sa vie.

Chaque film, ou presque, que nous présente Arnaud des Pallières est une expérience dont on ne ressort pas indemne et ce constat continue avec cette « Orpheline« , dernier-né du réalisateur qui place ici sa caméra et sa narration comme le reporter d’un destin, d’un pourquoi, d’un passé et d’un avenir.

Avec « Orpheline« , Arnaud des Pallières a décidé de nous raconter la vie de Karine, à travers quatre époques et quatre moments cruciaux de sa vie, de femme, d’adolescente et d’enfant.

Commençant par la Karine la plus vieille qui va se faire rattraper par son passé, Arnaud des Pallières va petit à petit plonger dans les souvenirs de cette dernière et nous la présenter de manière aussi explosée que logique à différents âges. Arnaud des Pallières nous raconte et filme cette vie de manière assez dure, parfois on pourrait lui reprocher de faire dans le misérabilisme ou dans la violence gratuite, mais c’est la trajectoire de vie qu’a choisi son réalisateur et qu’elle dérange ou qu’elle choque (la partie adolescente, il faut s’accrocher), elle reste toutefois très bien racontée et mise en scène.

Le scénario que tient là Arnaud des Pallières est ténu, chaotique et riche. Chaque partie de la vie de sa pauvre héroïne apporte des réponses et des justifications, voire même des excuses à tel ou tel fait. Arnaud des Pallières a une façon assez unique de nous entraîner dans son film, et même si parfois on y trouve des longueurs, même si l’on peut reprocher de l’étirer aussi un peu trop, il n’empêche que le portrait et le destin de Karin est fascinant.

Chacun des âges de Karine est incarné par une actrice différente et Arnaud des Pallières a très bien su diriger tout ce beau monde, notamment Adèle Haenel qui fait des merveilles ici, ou encore la jeune Solène Rigot, véritable diamant déglingué et dérangeant de son film.

On appréciera aussi une très belle Gemma Arterton qui se débrouille de mieux en mieux dans notre langue.

« Orpheline« , c’est aussi le choix d’une mise en scène aussi audacieuse qu’étonnante et réussie. Une mise en scène tenue et parfaitement chaotique en même temps. Une mise en scène qui finalement correspond parfaitement au destin de son personnage, à cette lutte, cette bataille incessante qu’elle doit mener pour survivre. Une très belle mention pour le montage qu’Arnaud des Pallières nous offre. Un montage complexe et labyrinthique qui pourtant ne nous perd jamais.

Comme dit plus haut, « Orpheline » est un film qui s’avère inégal et si l’on est pris par ce destin, si l’on est transporté par le film, on reste aussi déçu qu’il ne soit pas plus touchant. On sera bien captivé par ses actrices et ce personnage, mais à aucun moment, alors même que le film détient des moments très marquants et très durs, on est bouleversé par ce destin. Un souci qui vient peut-être de ce choix d’offrir un récit dur, trop dur et peut-être que même si c’est bien raconté, l’effet de trop finit par atténuer ce que l’on peut ressentir pour le personnage et c’est bien dommage, car c’est le détail le plus important qui manque à ce film. Qu’importe les différentes longueurs ou étirements du film, on reste surtout déçus de ne pas être plus touché que ça par ce destin, si bien mené à beaucoup d’autres niveaux.

« Orpheline » est donc un film très intéressant à suivre, visuellement audacieux et très bien interprété par ses actrices, mais aussi ses acteurs (Duvauchelle flippant). Arnaud des Pallières nous offre encore une fois un cinéma de qualité qui sort des sentiers battus, et qui vaut amplement le coup d’être vu en salle. Reste toutefois que son film aurait gagné à être plus touchant et un peu plus court.

Note : 13/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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