avril 24, 2024

Zombie, Ohio – Scott Kenemore

Auteur : Scott Kenemore

Editeur : Panini France

Genre : Horreur

Résumé :

Être un zombie n’a rien d’une partie de plaisir, comme va l’apprendre Peter Mellor, professeur, mort-vivant amnésique mais possédant une intelligence supérieure.
D’abord, votre vie sociale bat de l’aile : quand vous vous découvrez un appétit soudain pour la cervelle humaine, même vos amis les plus compréhensifs ont tendance à vous éviter. Ensuite, errer en pleine apocalypse zombie, dans la campagne de l’Ohio peuplée de gangs, de morts-vivants et d’étranges animaux sauvages, est plus compliqué qu’il n’y paraît, sans parler d’entretenir une vie amoureuse…
Peter s’aperçoit que l’accident de voiture après lequel il est devenu un zombie n’a peut-être rien de fortuit…
Alors, après tout, pourquoi ne pas profiter de cette nouvelle « vie » pour résoudre le mystère de sa propre mort ?

Avis :

Il est toujours délicat de s’attaquer à un sujet quand celui-ci est largement surexploité, parfois jusqu’à l’écœurement. Pourtant, certains artistes (auteurs, cinéastes…) s’y essayent. Est-ce par passion ou par opportunisme ? La frontière qui sépare les intentions est souvent maigre. Pour son premier roman (qui arrive sur le tard en France), Scott Kenemore se penche sur les zombies. Malgré l’engouement qui gravite autour des morts-vivants, on aurait envie de s’interroger sur une énième redite qui ne paie pas de mine. Toujours est-il qu’à défaut d’originalité, on peut escompter un récit efficace et enlevé. En jouant la carte de l’autodérision, on peut même espérer qu’on tient là une petite perle d’humour noir…

Si cet angle a fait surtout des émules au cinéma et à la télévision avec des titres comme Shaun of the Dead ou Fido, il faut reconnaître que la littérature demeure sur un ton très premier degré quand il s’agit de chair avariée. Exception faite du Guide de survie en territoire zombie de Max Brooks, il est difficile d’y trouver son compte autrement que par quelques sombres et courts récits en autoédition ou en numérique. Cette perspective est donc la bienvenue, du moins dans un premier temps. Malheureusement, il ne suffit pas de bonne volonté pour concrétiser une intrigue mordante (dans tous les sens du terme) pour faire mouche et amuser la galerie. D’ailleurs, c’est tout l’inverse qui se produit avec Zombie, Ohio.

En ligne de mire, des incohérences narratives à ne plus savoir qu’en faire. On argue l’amnésie du personnage principal pour prétexter l’avancement de l’histoire, sauf qu’à la première occasion, on l’oublie (un comble !) au plus vite pour rester sur des sentiers bien balisés. Les remarques de cet individu mal en point sont loin de faire dans le sarcasme ou le désopilant. La plupart du temps, l’auteur ressasse des évidences en les appuyant par des répétitions plus agaçantes que nécessaire. À croire qu’il se trouvait en mal d’inspiration sur certaines lignes de dialogues ou pour décrire certaines impressions ressenties par Peter Mellor !

Ce qui nous amène à autre aspect du roman, le fait que le zombie soit conscient de son sort et est même capable de communiquer avec autrui. De ce côté, on peut piocher sur Moi, zombie : Chroniques de la douleur, In the flesh ou, plus récemment iZombie et Z Nation avec Le Murphy. L’érudition de Scott Kenemore ne fait pas l’ombre d’un doute en matière de zombies, mais c’est bien là le seul élément qui se démarque de son livre. Là encore, il se contente d’apporter une vision banale d’une approche déjà vue ailleurs sous de bien meilleurs augures. Sur ce point, on notera aussi quelques contradictions sur le fait que Peter comprend qu’il est un mort-vivant ou qu’il l’ignore totalement. D’une page à l’autre, ce constat change sans qu’on ne sache trop quoi en penser.

Pour ce qui est de l’aspect survivaliste, on reste dans le timoré avec des séquences lambda où l’ennui prévaut. Le matériel demeure minimaliste, l’ingéniosité de Peter est exagérée pour un cadavre ambulant et les situations d’urgence n’apportent aucune tension tant on se désintéresse du triste sort du protagoniste (et de tout ce qui s’y rapporte, d’ailleurs). Exploration, découverte de survivants ou de zombies mal dégrossis… Nouvelles errances. Nouvelles erreurs de parcours avant de partir tout aussi gaiement sur les mêmes maladresses ! L’aspect répétitif alourdit déjà une trame mal en point. La violence, elle, y est très édulcorée. Les habitués d’hémoglobine et de hors-d’œuvre servis de préférence vivants resteront sur leur faim.

De fait, il n’y a pas grand-chose à retenir de Zombie, Ohio, si ce n’est un mélange guère entraînant de ce qui se fait de correct et de dispensable dans le domaine. Oui, Scott Kenemore semble être un fan absolu de zombies. Oui, il s’y connaît. Preuve en est avec la multitude de références qui émane de son livre. Pour autant, son style simpliste, presque navrant par tant de pauvretés dans l’architecture des phrases ou son vocabulaire, fait qu’il ne parvient jamais à dépeindre une histoire sympathique. Des situations convenues, un humour qui ne prête même pas à sourire et des incohérences en pagaille font qu’il est difficile d’y trouver un quelconque intérêt. À la limite, les mordus de chair morte peuvent le considérer comme une vieille série Z fauchée puisque le talent de conteur et l’imagination ne sont guère de rigueur.

Note : 06/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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