avril 19, 2024

Assassin’s Creed – Critique Assassine

De : Justin Kurzel

Avec Michael Fassbender, Marion Cotillard, Jeremy Irons, Brendan Gleeson

Année : 2016

Pays : Etats-Unis, France

Genre : Science-Fiction, Action

Résumé :

Grâce à une technologie révolutionnaire qui libère la mémoire génétique, Callum Lynch revit les aventures de son ancêtre Aguilar, dans l’Espagne du XVe siècle.  Alors que Callum découvre qu’il est issu d’une mystérieuse société secrète, les Assassins, il va assimiler les compétences dont il aura besoin pour affronter, dans le temps présent, une autre redoutable organisation : l’Ordre des Templiers.

Avis :

Depuis quelques années, le domaine du jeu vidéo s’introduit de plus en plus dans l’univers du cinéma. Il le fait de deux façons bien distinctes. La première, c’est que les jeux vidéo ressemblent de plus en plus à des films, que ce soit par la richesse du scénario, par la beauté des graphismes ou encore par une narration qui donne l’impression au joueur d’être dans un film. La seconde, c’est bien entendu de squatter le grand écran dans des adaptations de jeux vidéo plus ou moins fidèles. En faisant ainsi, l’industrie vidéoludique essaye de satisfaire un fanzinat de plus en plus demandeur et avec un portefeuille de plus en plus volubile. Cependant, on ne peut pas encore dire qu’un jeu vidéo fait un bon film. En fait, c’est même le contraire qu’il se passe, puisqu’à ce jour, aucun film issu d’une licence de jeu vidéo n’a réussi à être bon. Certains sont sympathiques, d’autres sont tout simplement hideux. Qu’en est-il alors d’Assassin’s Creed, célèbre saga d’Ubisoft qui voit là une occasion en or pour se faire du blé sur le dos des templiers et des assassins ?

Il semble bien difficile de concilier les amateurs de jeux et les cinéphiles. Si Silent Hill avait su réunir les deux partis, ce ne fut pas le cas de beaucoup d’autres adaptations comme les Resident Evil ou Alone in the Dark, qui n’arrivaient jamais à parvenir à l’ambiance offerte par les jeux. Assassin’s Creed s’installe dans un autre crédo, puisqu’il s’agit là d’un mélange de science-fiction et d’histoire partant d’un jeu assez plaisant, il est vrai mais relativement redondant à la longue. En effet, dans le jeu, hormis les quêtes principales d’assassinat, il fallait grimper en haut des tours pour faire des sauts de la foi ou encore trouver des magasins pour débloquer des parties de la carte. Rien de mirobolant, mais le jeu a fait son effet et la saga s’est enrichie. Le problème quand on veut faire un film issu d’un jeu vidéo, c’est qu’il faut être fidèle au jeu tout en y apportant un scénario un peu plus développé ou tout du moins qui arrive à happer le spectateur comme le jeu qui inclut directement le joueur. Ici, ce n’est clairement pas le cas et Justin Kurzel loupe totalement le coche avec son film.

La première chose qui choque avec ce métrage, c’est son visuel. On ne va pas se cacher, la photographie est affreuse, terne et on a l’impression d’être devant un film signé Luc Besson. Ou tout du moins produit par sa société EuropaCorp tant les scènes d’action et le déroulement du film fait référence à Taken 3, Lucy ou encore tout film bourrin sans cervelle. Le film joue constamment sur le contraste entre la chaleur de l’Espagne sous l’inquisition et la froideur des laboratoires où il y a l’Animus. Ce qui pourrait être bien trouvé ne l’est pas car on a vraiment l’impression que le réalisateur s’adresse à des débiles. Cette scission entre les deux mondes est trop évidentes, trop marquantes et les dialogues en souffrent terriblement. En effet, on voit chaque personnage qui parle. Cela est peut-être un détail, mais le montage cut annihile tous les effets d’ambiance, comme si le spectateur était trop bête pour faire la différence entre le monde réel et le monde virtuel. Ainsi, on se retrouve avec des coupures en pleine action pour montrer Marion Cotillard qui parle. C’est très déstabilisant et empêche le film de décoller dans les scènes d’action.

Des scènes d’action qui ne sont pas parfaites et qui demeurent parfaitement illisibles, surtout en 3D. Toujours dans le fan service, le réalisateur permet à ses protagonistes de prendre la pose dans les combats et les sauts, à l’image d’un Michael Fassbender en constant surjeu qui répète quasiment à chaque fois les mêmes gestuelles pour tuer un ennemi coriace. Divertissement de masse pour échapper à une interdiction aux moins de seize ans, le film n’arrive pas à retranscrire la violence du jeu, les combats âpres ou les assassinats gores. Certes, les références sont présentes, mais le film n’arrive pas à trouver un juste milieu entre l’innovation, qui marquerait son personnalisation, et le gimmick, le clin d’œil, qui permet aux joueurs de retrouver un univers connu. Et exploiter un univers ne fait pas un bon film, encore faut-il avoir un scénario en béton.

Et c’est peut-être là que le bât blesse, car Assassin’s Creed n’arrive pas à tenir sur la longueur et embrouille plus qu’il ne passionne. Cela démarre avec la mort d’une mère, puis trente ans plus, on retrouve notre héros sur la ligne verte. Laissé pour mort, il va intégrer l’Animus pour retrouver la Pomme qui détient la désobéissance primitive. Bien évidemment, les templiers veulent mettre la main dessus, mais l’ancêtre du héros l’a cachée quelque part et ils ont besoin de son souvenir pour retrouver l’artefact. A partir de là, le héros va retrouver ses fonctions d’assassin qu’il a dans les gênes et il va se poser des questions sur les intentions des templiers. Jusque-là, c’est plutôt compréhensible. Cependant, le film se perd constamment entre le passé du jeune homme, qui retrouve son père qui a assassiné sa mère on ne sait pas trop pourquoi et le futur, où une rébellion se prépare pour échapper aux templiers. Le film se fourvoie complètement sur les différentes lignes temporelles et n’arrive pas à dresser quelque chose de cohérent. Ainsi, on ne se prendra pas d’affection pour le héros et encore moins pour les autres personnages qui sont monolithiques. Marion Cotillard, Jeremy Irons, Denis Menochet ou Charlotte Rampling se demandent pourquoi ils sont là et demeurent tous statiques. Seul Michael Fassbender se donne du mal mais ne parvient jamais à créer l’empathie nécessaire pour que l’on s’attache à lui.

Au final, Assassin’s Creed est une belle déception. On pourrait presque dire que c’est l’adage des adaptations de jeux vidéo, mais encore une fois, rien ne fonctionne correctement et on se retrouve devant un film impersonnel qui n’arrive pas à trouver le juste équilibre entre le plaisir des fans et la volonté de toucher un autre public qui demande un scénario un peu plus intéressant. Alors il y a de quelques bonnes idées, comme le design de l’Animus, mais c’est bien peu de choses et on ressort de ce film déçu, en ayant eu la désagréable sensation de s’être fait arnaquer.

Note : 06/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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