avril 25, 2024

Le Bahut des Tordus

Titre Original : Sakigake !! Kuromati Kôkô : The Movie

De: Yudai Yamaguchi

Avec Tak Sakaguchi, Ryûji Akiyama, Tetsuya Kitamura, Tomohira Kato

Année : 2006

Pays : Japon

Genre : Comédie

Résumé :

Régulièrement détruite, la Cromartie High School est un repaire de cancres qui recueille les rebuts de tous les autres établissements : des loubards bouffeurs de crayons, des catcheurs reconvertis dans l’enseignement, des élèves-robots et même un gorille. Alors, forcément, quand Takashi élève studieux débarque avec son cartable tout neuf et sa trousse bien rangée, il fait un peu tache. Qu’à cela ne tienne, il s’est fixé comme objectif de transformer l’école en établissement modèle…

Avis :

S’engager dans un film de Yudai Yamaguchi demande beaucoup de concentration et un brin de folie. En effet, le réalisateur nippon est un amateur d’ovnis cinématographiques et il le prouve avec une filmographie étrange peuplée de métrages au pitch improbable, à l’image de Battlefield Baseball ou encore de Meatball Machine. Sauf que Le Bahut des Tordus n’est pas forcément une création, mais une adaptation d’un manga qui a connu un grand succès au Japon, Cromartie High School. Du coup, on peut s’attendre à quelque chose qui ressemble au Collège Fou, Fou, Fou, tout en y apportant une certaine dose de modernité. Sauf que le constat sera tout autre et que le film se fourvoie complètement dans des sketchs inutiles, bas de plafond et parfois complètement incompréhensibles.

Faut-il absolument connaître le manga pour apprécier ce film ? Peut-être. Mais satisfaire le fan d’un médium papier ne fait pas tout et il faut aussi que cela plaise au plus grand nombre. Et si l’on n’est pas préparé par ce genre de film, on en ressort déçu, voire même atterré. L’histoire prend place dans le pire lycée du Japon, où tous les mauvais élèves se sont donnés rendez-vous. Un premier constat est alarmant, les lycéens sont tous des adultes ou de jeunes adultes qui ont plus leur place dans le monde du marché ou dans des études secondaires. Si l’on passe cet état de fait assez déroutant, un deuxième constat s’impose, il n’y a pas de profs. Du coup, on demeure assez sceptique sur le fondement même du film, qui ne va reposer que sur une chose, la volonté d’un garçon de changer le cours des choses pour imposer le lycée comme le meilleur du pays. Et dès le départ, il va être compliqué d’accorder du crédit à la réussite du machin, puisqu’il n’y pas de fondement, il n’y a pas de bases solides pour permettre au héros de se raccrocher à quelque chose. En fait, on a la sensation de se retrouver devant un film qui n’a pas eu de scénario et qui sent l’improvisation à plein nez. Cela ne fait pas pro et on le ressent dans les situations ou la mise en scène.

Le film n’aura pas vraiment de fil rouge et il va rapidement partir dans tous les sens. Au fur et à mesure que le film avance, on a la sensation de tomber sur des sketches qui s’agglutine les uns sur les autres sans jamais arriver à faire monter une quelconque pression ou rire. D’ailleurs, la plupart des phases humoristiques seront des désastres, la faute à des gags pas drôles, qui semblent trop ancrés dans la culture nippone. On retrouvera donc une classe qui ressemble à un super marché, des élèves bodybuildés mutiques faisant référence à la communauté gay, des gorilles qui sèchent les cours et même un robot fort apprécié par les autres lycéens. Tout ce foutoir ne présente aucun liant et on ne pourra jamais se projeter auprès de l’un d’eux tant ils sont des clichés sur pattes ou alors des figures complètement improbables, clôturant tous les poncifs de la culture geek asiatique. Mais le film va encore plus loin dans le délire lorsqu’un duo de gorilles humanoïdes débarque sur Terre pour assouvir une soif de conquête. On tombe alors dans le nanar infâme, pas drôle et qui en plus affiche volontairement son aspect kitsch avec des effets spéciaux démodés. Non seulement c’est moche, mais c’est surtout mal fichu, aussi bien dans les costumes que dans les situations. Très clairement, le film ne trouve jamais le bon rythme ou les bonnes situations pour faire rire ou tout du moins affiner une ambiance loufoque et déjantée.

Lors de sa sortie, le film a suscité une polémique, car il existe vraiment des lycées au nom de Cromartie au Japon, qui est le nom d’un célèbre joueur de baseball américain qui a fini sa carrière au Japon. Fort apprécié et ayant œuvré dans beaucoup d’œuvres caritatives, notamment pour les jeunes, Warren Cromartie pour déposer une injonction auprès du tribunal de Tokyo pour interdire le film qui irait contre ses propres valeurs. Si on a du mal à être pour les gens qui sont contre, nous entrainant souvent à défendre des choses dont on se fout royalement, il faut reconnaître que les valeurs véhiculées par le film sont vraiment douteuses. Outre l’imagerie gay dans ses pires atours ou encore le cliché de l’élève débile qui ne pense qu’à faire la fête et se battre, le film ne relève jamais la barre et préfère à chaque fois taper sous la ceinture, histoire d’engendrer quelques rires gras de la part de jeunes adolescents qui se reconnaîtront sans doute. Quoiqu’il en soit, Le Bahut des Tordus n’est pas un film qui véhicule des mœurs intéressantes, même si au départ on suit un jeune homme teigneux voulant à tout prix réussir dans la vie.

Au final, Le Bahut des Tordus est un film absolument gênant et qui n’arrive aucunement à atteindre ses objectifs. Par drôle, pas sulfureux, n’ayant ni queue ni tête, le film se trompe complètement de voie et préfère tomber dans le graveleux ou le n’importe quoi pour cacher finalement une misère intellectuelle. Peut-être que les personnes plus sensibles à l’humour japonais seront plus réceptives à ce genre de métrage, mais en l’état, il est difficile d’en dire du bien…

Note : 02/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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