novembre 5, 2024

Alter Bridge – The Last Hero

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Avis :

La séparation d’un groupe est souvent synonyme de douleur. Une douleur que les fans ressentent comme une trahison et qui peut parfois avoir des conséquences néfastes sur une carrière, comme la disparition pure et simple d’une formation pourtant éclatante. Mais la séparation peut aussi être vécue comme une renaissance, soit pour faire des projets solos, soit pour créer de nouveaux groupes dans lesquels les membres retrouvent de l’énergie et une envie de bien faire. Et le domaine du rock ou du métal est un lieu privilégié pour les reformations ou les carrières solos. Il suffit de regarder Nightwish avec la carrière de Tarja Turunen ou encore System of a Down qui a permis à Serj Tarkian de sortir plusieurs albums tout seul. Il faut aussi voir Staind, dont le hiatus permet à Aaron Lewis de sortir des albums de country et au guitariste de partir sur un autre projet avec le groupe Saint Asonia. Bref, les exemples sont légions et cela permet à ce style musical de se renouveler sans cesse. Alter Bridge officie dans le métal alternatif, c’est-à-dire des riffs assez lourds ponctués de solos avec un chanteur qui privilégie le chant clair. Il est composé de trois anciens membres du groupe Creed et de Myles Kennedy, l’ancien chanteur de Mayfield Four, pouvant couvrir huit octaves avec sa voix. Tous les éléments sont réunis pour faire d’Alter Bridge un immanquable du genre et c’est exactement ce qu’il se passe.

The Last Hero est le cinquième album de la formation, qui apparait l’excellent album solo de Mark Tremonti, Cauterize, guitariste du groupe. Après trois ans de silence, la formation revient avec un album qui a la lourde tâche de succéder à Fortress, qui était un monument incontournable de 2013. Et si cet album parait moins réussi au départ, c’est après plusieurs écoutes qu’il prend tout son sens et qu’il va défourailler sévère. Le skeud commence avec Show me a Leader, titre choisi pour représenter l’album avant sa sortie. Démarrant avec une longue intro uniquement à la gratte, le morceau part rapidement vers des riffs rapides et des inférences métal. Myles Kennedy pose parfaitement sa voix sur ce qui sera certainement le morceau le plus commercial de tout l’album. Loin d’être désagréable, il s’agit de l’un des titres les plus accessibles et qui peuvent se ressentir comme un élément perturbant dans le skeud. Car ce ne sera pas le seul titre à se faire dans la facilité, puisque l’on peut rajouter Poison in Yours Veins, une pièce classique et sans surprise en mid-tempo ou encore Twilight, qui sera le morceau le plus faible de l’album, la faute à un traitement trop doux, qui n’entre ni dans la ballade, ni dans le morceau dynamique. Certes, ce n’est pas mauvais, loin s’en faut, mais ce sont des plages moins marquantes et moins importantes que les autres.

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Mais le groupe trouve de la force dans toutes les autres pièces, dont certaines sont tout simplement admirables. Dès le deuxième titre, le groupe montre qu’il possède toujours autant d’énergie et qu’il officie dans un métal alternatif tout simplement jouissif. The Writing on the Wall est une boule de nerf qui ne demande qu’à exploser lors d’un refrain mainstream que l’on se surprendra à chanter à tue-tête. On retrouvera cette énergie communicative avec le morceau Crows on a Wire, d’une puissance incroyable et qui prouve encore une fois que Mark Tremonti doit posséder une vingtaine de doigts à chaque main. Le plus fort dans tout ça, c’est que chaque titre fait métal, mais la voix de Myles Kennedy adoucit chaque riff et rend l’ensemble non seulement accessible, mais donne une autre dimension à un style qui se sclérose parfois dans des growls sans intérêt. On peut aussi citer Island of Fools qui est une tuerie, arpentant toujours les riffs agressifs mais dans une volonté de faire presque prog, sans jamais perdre de vue la notion de d’accessibilité. Enfin, The Last Hero est aussi l’occasion de voir des pièces magistrales et d’une maîtrise technique ahurissante. Si Cradle to the Grave démarre calmement pour partir vers une puissance insoupçonnée, elle est l’alchimie parfaite entre le métal voulu et le rock puissant qu’évoque le chanteur. Ainsi, le titre sera à la fois violent et d’une douceur infime dans les couplets, fournissant un sentiment de grande réussite. Mais le titre le plus réussi et aussi le plus long demeure This Side of Fate, un morceau d’une richesse florissante et qui gagne en teneur après chaque écoute. Changeant de rythmique en cours de route, partant dans des solos incroyables, donnant même un passage instrumental que Muse ne renierait pas s’ils avaient pris des amphétamines. Bref, un titre incontournable qui fait assurément partie des plus belles choses que l’on ait pu entendre cette année.

Au final, The Last Hero, le dernier album en date d’Alter Bridge, est une parfaite réussite qui succède avec honneur à Fortress. Un album complet, riche, varié, puissant mais surtout technique qui montre non seulement d’un grand talent, mais aussi et surtout d’une volonté de fer à ne pas sombrer dans une violence gratuite ou dans un aspect mercantile destructeur. Bref, The Last Hero est certainement l’un des plus bels albums de cette année.

  1. Show me a Leader
  2. The Writing on the Wall
  3. The Other Side
  4. My Champion
  5. Poison in Yours Veins
  6. Cradle to the Grave
  7. Losing Patience
  8. This Side of Fate
  9. You Will Be Remembered
  10. Crows on a Wire
  11. Twilight
  12. Island of Fools
  13. The Last Hero
  14. Last of Our Kind

Note : 19/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=ICNer22c2PE[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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