mars 28, 2024

The Budos Band – Burnt Offering

the-budos-band-burnt-offering

Avis :

Difficile exercice que de mélanger les genres, surtout s’ils sont plus ou moins antonymes. Prenons un exemple simple, mélanger du métal avec du jazz, c’est très complexe tant l’un ne va pas forcément avec l’autre. Comment allier la complexité et la finesse du jazz avec la technicité et la rapidité du métal ? Certains ne se sont pas trop posés la question et ont foncé tête baissée dans le mélange, à l’image du Diablo Swing Orchestra, qui officie spécifiquement sur un métal symphonique et un jazz à tendance manouche. Dans ce groupe, l’osmose fonctionne et le mélange s’avère payant et très agréable. Pour The Budos Band, c’est une autre paire de manche. Si Diablo Swing Orchestra provient des pays scandinaves, berceau de la musique métal, du moins la symphonique, The Budos Band provient principalement du jazz et de l’éthio-jazz, s’inspirant de musique du monde pour faire des titres. Avec une telle pochette pour leur quatrième vrai album, le groupe semble se tourner vers le métal pour offrir un album instrumental sentant le mélange à plein nez. Et c’est assez vrai, puisque ce skeud respire la volonté d’instaurer une ambiance particulière, tant en gardant ce qui fait le jazz avec l’omniprésence des cuivres, mais aussi un arrière-gout rock, qui finalement, semble perdu dans la masse. Retour sur un album en demi-teinte qui ne va pas forcément au bout de son concept.

Tout cela commence par un titre qui respire l’horreur et l’ambiance poisseuse. Into the Fog résonne comme un cri de rappel au film de John Carpenter. Et si ça démarre plutôt bien avec des sons stridents et ce qui pourrait être apparenté à une cornemuse discordante (ce qui n’est pas sans rappeler l’intro du dernier skeud de Slipknot), puis l’arrivée inquiétante d’une basse et d’une batterie scandant un rythme lent et lourd, on restera sur notre faim par la suite, avec l’arrivée soudaine des trompettes, puis un démarrage plus rapide avec la basse et une batterie redondante. Et de la montée de tension, on se retrouve sur quelque chose qui rappelle plus un vieux James Bond ou alors un film rétro qui fleure bon les années 60. Ce qui n’est pas forcément désagréable, mais on aura tendance à être plus sur des sonorités hispaniques que quelque chose de vraiment inquiétant. Pochette mensongère ? On peut le croire tant le skeud reste sur la même longueur durant ses dix morceaux. The Sticks, deuxième morceau commence par un clavier et une guitare de bonne facture faisant penser à des groupes tels que The Who ou encore The Doors. Mais encore une fois, l’arrivée des trompettes gâchent ce plaisir rétro pour fournir quelque chose de kitsch et de pas forcément agréable à l’oreille. Heureusement, avec Aphasta, le groupe essaye de faire un mélange un peu plus organique. Avec ce titre, on aura droit à un immense solo de guitare sans qu’il soit pollué par les trompettes et on pourra y voir toutes les qualités artistiques des musiciens.

the-budos-band-bd

Néanmoins, le groupe sera coincé dans un genre avec lequel il aura de plus en plus de mal à sortir. Quand on aboutit à l’écoute des dix titres qui composent le skeud, on ressent un profond ennui et la sensation d’avoir entendu dix fois le même morceau. En fait, l’omniprésence des cuivres nuit grandement au changement de registre et à la prédisposition de mettre les guitares en avant. La raison est toute simple, le son des trompettes est tellement prenant et fort qu’il occulte tout sur son passage. L’autre raison est qu’il y a beaucoup d’instrument en même temps et parfois, on a du mal à trouver qui fait quoi. Les morceaux intéressants, comme Burnt Offering, qui met en avant un clavier électro qui rappelle sans équivoque le travail de John Carpenter, ou encore Magus Mountain qui finalement associe assez bien les différents instruments, sont noyés dans une masse de titres qui se ressemblent et c’est bien dommage.

Au final, Burnt Offering, le dernier opus de The Budos Band, n’est pas désagréable, mais il reste très, voire trop, conceptuel sur sa forme. Essayant de plaire aux métalleux avec une pochette équivoque, le groupe se complait trop à mettre en avant des trompettes et autre saxophone qui ne s’allient pas forcément avec les guitares et basses proposées. On se retrouve face à un album qui lorgne plus de la BO pour film de James Bond datant des années 60/70 que sur un vrai skeud qui assure des mélanges dans une parfaite symbiose. Un album sympathique mais complexe et trop linéaire sur la durée.

  1. Into the Fog
  2. The Sticks
  3. Aphasta
  4. Shattered Winds
  5. Black Hills
  6. Burnt Offering
  7. Trail of Tears
  8. Magus Mountain
  9. Tomahawk
  10. Turn and Burn

Note : 11/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=-gOK9LjTtl8[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.