Titre Original : The Grimsby Brothers
De : Louis LeTerrier
Avec Sacha Baron Cohen, Mark Strong, Isla Fisher, Rebel Wilson
Année: 2016
Pays: Etats-Unis
Genre: Comédie, Action
Résumé :
Nobby Butcher n’a pas de boulot, mais cela ne l’empêche pas d’être heureux. Il a tout ce dont il peut rêver dans la vie : le foot, une petite amie géniale… et neuf gamins. Pour que son bonheur soit complet, il ne lui manque que son petit frère, Sebastian, dont il a été séparé quand ils étaient enfants.
Après trente ans de recherches, Nobby retrouve finalement la trace de Sebastian à Londres. Il ignore que celui-ci est devenu le meilleur agent du MI6…
Leurs retrouvailles tournent à la catastrophe, et voilà les deux frères en cavale. C’est alors qu’ils découvrent un complot visant à détruire le monde…
Pour sauver l’humanité – et son frère – Nobby va devoir se lancer dans sa plus grande aventure. Pourra-t-il passer de l’état de bouffon niais à celui d’agent secret ultrasophistiqué sans faire trop de dégâts ?
Avis :
Sacha Baron Cohen et un trublion du grand écran. Si certains voient en lui un personnage gras et sans une once de bon goût, c’est mal connaître le garçon et l’artiste qui, travers ses films et ses idées, critique certaines dérives de notre système et montre avec finesse un humanisme à toute épreuve. Connu et reconnu pour son travail incroyable et hilarant sur Borat, il n’aura de cesse d’interpréter d’autres personnages atypiques afin de mettre en avant une société qui n’a que peu d’égard envers une certaine classe sociale. Que ce soit Bruno, The Dictator ou encore Grimsby – Agent Trop Secret (qui nous préoccupe aujourd’hui), Sacha Baron Cohen se cache derrière des atours grossiers pour mieux pointer du doigt des problèmes sociétaux importants. Et que ce soit la société américaine, son gouvernement ou encore le monde de la mode, rien n’échappe à son regard incisif.
Et Grimsby fera partie de ces œuvres qui vont certainement diviser par le goût douteux de certaines vannes mais qui apporte son lot de réflexions et un regard intéressant et touchant sur une certaine catégorie sociale. En fait, le problème avec ce film, c’est que toutes les vannes, absolument toutes, tournent autour du cul et du sexe. Mais entre des délires homosexuels, animaux ou encore scatophiles, le film ne trouve aucune limite dans les parties grossières et parfois, c’est un peu lourd à digérer. Certaines séquences cocasses sont assez hilarantes, à l’image du moment où Nobby doit aspirer un venin injecté dans les couilles de son frère, mais d’autres scènes seront plus que dispensable comme le gang bang d’éléphants lors duquel les deux frères se prennent une série d’éjaculation sur la tronche. Des passages parfois écœurants et qui ne trouvent pas forcément de sens au sein de l’intrigue. Mais on s’aperçoit très vite que rien n’est laissé au hasard et que certains détails en début de film vont trouver leur sens durant l’intrigue et c’est avec étonnement que l’on saisit toute la finesse de l’écriture.
Une finesse que l’on ne retrouve pas dans les délires sexuels de Sacha Baron Cohen, et encore moins dans ces conquêtes féminines, mais que l’on entrevoit dans certains dialogues qui sont très bien trouvés. En effet, en dehors de certains plans ragoutants, le film sert des quiproquos très drôles et qui montre encore une fois toute l’intelligence de son auteur. On pense bien évidemment à une séquence dans une chambre d’hôtel où Nobby confond une bombasse qu’il doit charmer avec la femme de chambre et il lui demande de déboucher les chiottes, mais celle-ci est persuadé qu’il parle de son sexe et non pas de son estron. C’est relativement drôle et finalement moins gras que certaines séquences visuelles. D’ailleurs, la mise en scène reste assez anecdotique et on ne sera pas étonné de voir Louis Leterrier derrière la caméra, puisque l’on ressent sa patte avec des moments très dynamiques et brouillons et d’autres passages plus intimistes mais clairement impersonnels.
Mais là où le film fait très fort et engrange des points, c’est sur la distance incroyable entre l’humour gras et grossier et l’émotion que l’on ressent quand le film explore le passé des deux frères. Le film change alors de dimension, mettant en avant un drame sociétal et un lien très fort entre deux frères qui semblent inséparables. Il y a une réelle dimension familiale que l’on retrouve dans le personnage de loser de Nobby, qui reste un père un peu insouciant mais aimant ses enfants plus que tout au monde. L’acteur, de par son script (puisque c’est lui qui signe le scénario de ce film), arrive à faire ressentir de l’empathie pour son personnage et met en avant une catégorie sociale souvent décriée et moquée. Ainsi, il prouve la force fédératrice des plus faibles et montre aussi que chaque personne est importante pour la société. Entre un message détestable et raciste de la part de la grande méchante et un autre, plus fédérateur de la part d’un loser magnifique, le film fait la part belle à un humanisme prégnant et inattendu dans une comédie pourtant aussi grasse d’un McDonald.
Au final, Grimsby – Agent Trop Secret est un film très intéressant par la distance qui sépare les deux tonalités mises en avant. Drôle et parfois limite dans son aspect comédie, le film trouve pourtant un second souffle lorsqu’il aborde les liens fraternels et la nécessité de personnes que l’on peut qualifier de pécores, mais qui ont un cœur bien plus rempli d’amour que n’importe quel dirigeant politique. Le film est aussi une parodie du film d’espionnage qui est très bien fichue et les références geeks fourmillent dans un métrage plein de qualités, qui prouve encore une fois que Sacha Baron Cohen est vraiment un type intelligent et plein de ressources.
Note : 16/20
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Par AqME