avril 18, 2024

Eternité

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De : Tran Anh Hung

Avec Audrey Tautou, Bérénice Bejo, Mélanie Laurent, Jérémie Renier

Année : 2016

Pays : France

Genre : Drame

Résumé :

Portraits de trois femmes, de générations différentes, à la fin du 19ème siècle, qui subissent pertes, chagrins et instants de bonheur volés.

Avis :

Le film semble durer… une éternité. C’est un magnifique portrait de femmes, toutes aussi frêles mais fortes, mais qui peut paraître lassant sous certains angles. En effet, si l’on cherche un film mouvementé, autant passer son chemin. Les scènes sont (très) longues, et les dialogues rares, parfois même trop. Mais si on creuse un peu, il y a beaucoup de sens cachés et profonds. Les silences du film font parfois monter assez honteusement une émotion plutôt forte.

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La première femme sera Valentine (Audrey Tautou). Après quelques années de bonheur et cinq ou six enfants, elle en perd un, puis son mari, et ses jumeaux, partis à l’armée. Plus tard, ce sera sa fille qui partira de son plein gré dans un couvent. Ce portrait singulier est à la fois beau et triste ; entre ces instants de pureté où elle rit avec ses enfants, et ces instants de pur chagrin où elle semble complètement anéantie. La seconde, Mathilde (Mélanie Laurent), épousera le fils de Valentine, et à son tour, donnera naissance à plusieurs enfants, accompagnée de sa cousine Gabrielle (Bérénice Bejo), qui suit ses traces. Toutes, elles vivent ces instants de bonheur entourées de leurs enfants, et dans leur malheur, nous ramènent en flashback dans des souvenirs heureux.
Les scènes sont très longues, coupées de silences plus que gênants pour le spectateur. Parfois même le temps est ralenti et les images sont prolongées sur des moments de tendresse. Le nom du film lui colle bien, car l’impression nous est donnée que ce temps est long pour nous, comme pour les personnages. Valentine, elle, seule et ayant perdu les êtres qu’elle aimait, attendra toute sa vie une mort qui ne vient pas. Mathilde, elle, semble avoir réalisé tristement que sa vie sera sans doute courte, et Gabrielle, malgré la perte de son mari, élèvera seule les enfants de sa cousine.
Malgré cette lenteur parfois excessive, le film est magnifique. Plein de couleurs, de jardins, et de scènes simples, comme un pique-nique dans l’herbe ou des parties de cache-cache. Il est très silencieux. Rares sont les dialogues, et le peu d’explications nous sont délivrées par la voix off de la narratrice-réalisatrice. Malgré les moments d’émotions, il y a très peu de cris, et les larmes sont silencieuses. C’est comme si les personnages n’avaient pas voulu trop perturber le cours normal de la vie. On s’attend pourtant à ce que ces trois femmes brisées atteignent finalement un point de non-retour, on a presque la sensation que la vie est trop lourde pour elles et que d’un moment à l’autre, elles vont choisir de quitter ce monde. Mais en fait, non, et c’est en cela que le film est beau. Tirée du livre qui porte bien son nom, « L’élégance des veuves », ce film dresse un portrait juste et sincère de femmes, mères et épouses, qui ont su se relever malgré les coups répétés de la vie. Leur famille ne sera pas épargnée, et pourtant elles resteront droites, emplies de tendresses, dignes et gracieuses, pour les autres, pour la famille. D’ailleurs, le mari de Mathilde, après sa perte, le dira lui-même : il a peur, tout seul, car « il n’est qu’un homme »… C’est donc bien un hommage aux femmes et à leur courage qui est mis à l’écran.

Le film est, en un mot, tendre. Plein de scènes d’amours furtifs, et de moments de douceur. La musique classique est présente constamment, et rares sont les scènes où il n’y a que le bruit des personnages, mais, à l’instar du reste du film, elles sont douces, calmes ; il n’y a que peu de crescendo.

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Au-delà de ces portraits tendres et touchants, c’est aussi un éternel recommencement que veut nous montrer le film. Ces femmes, qui ont toutes des enfants par dizaines, ne font que créer une immense famille, qui s’étend sur des générations. Le film se termine sur une jeune fille qui court dans Paris, de nos jours, et saute dans les bras d’un homme. Tout cela pour nous signifier que le temps recommence, pour nous toutes, à chaque rencontre. Et que la vie est belle, dans des instants furtifs, mais qu’elle peut tout nous reprendre aussi vite qu’elle nous l’a laissé. Une ode au bonheur, sans doute.

Note : 15/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=vIrXrEXQHVY[/youtube]

Par Betti

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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