avril 25, 2024

Tout ce que le Ciel Permet

358774.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx

Titre Original : All That Heaven Allows

De: Douglas Sirk

Avec Rock Hudson, Jane Wyman, Agnes Moorehead, Conrad Nagel

Année: 1955

Pays: Etats-Unis

Genre: Drame

Résumé:

Veuve d’âge mûr, Carey Scott mène une vie terne et sans histoire dans une petite localité de Nouvelle-Angleterre, se consacrant au bonheur de ses deux enfants Ned et Kay, qui viennent d’entrer à l’Université. Mais Carey rêve encore d’un grand amour. C’est dans cette disposition d’esprit qu’elle rencontre Ron Kirby, le séduisant pépiniériste – de quinze ans plus jeune qu’elle – engagé par ses soins pour s’occuper de son jardin…

Avis:

Grand maître du mélodrame, Douglas Sirk n’est pas un débutant dans les années 50. Pourtant, certaines de ses œuvres auront mis du temps pour parvenir jusqu’en France, alors que le cinéaste est considéré par certains réalisateurs contemporains comme un modèle. Martin Scorsese le cite d’ailleurs régulièrement pour être l’un de ses principales influences cinématographiques. Mais durant la période faste du réalisateur américain, c’est-à-dire durant les années 50, Douglas Sirk possède quelques détracteurs et certains d’entre eux n’ont pas la critique facile. Car si Tout ce que le Ciel Permet est un très beau film sur l’amour et la différence, il sera tout d’abord considéré comme un petit film tout juste bon pour les pleurnichardes. Mais comme on le sait, les films maudits ou détruits par la presse trouvent toujours un nouveau chemin plus radieux et c’est ce qu’il se passe avec ce métrage, qui retrouvera de son éclat dans les années 90 avec une jolie réhabilitation. Et sa sortie récente en bluray permet de découvrir un film bien plus qu’il n’y parait.

ciel-permet-all-that-heaven-allows-douglas-si-L-Zd6gUF

Dans ses grandes lignes, Tout ce que le Ciel Permet n’est autre qu’une histoire d’amour refoulée à cause du regard des autres et de la société. Un mélodrame classique donc qui tire ses ficelles dans les jugements sociaux et la différence d’âge, sujet polémique à l’époque. Et il est vrai que si l’on ne gratte pas plus loin, on est face à un film classique, classieux, mais assez lent et très lénifiant dans sa structure. Suivant un schéma narratif quelconque, le film se suit sur un ton monocorde sans grande surprise et n’arrive jamais à changer de ton ou à fournir un moment plus tendu ou plus stressant. Alors certes, sur la fin du métrage il se passe quelques petites choses, mais l’intérêt du film ne réside vraiment pas dans l’action ou la variation d’émotion.

En effet, il faudra gratter la surface du métrage pour découvrir un formidable pamphlet sur la différence, qu’elle soit sociale ou humaine. Dans ce métrage, une femme d’un certain âge, veuve, cherche désespérément un homme pour terminer sa vie. Elle tombe alors sur son jardinier, un jeune homme de quinze ans son cadet et celui-ci tombe éperdument amoureux d’elle. Cependant, cette relation est très mal vue au sein des amis de la femme, qui sont tous issus d’un milieu bourgeois, mais aussi par ses enfants qui auraient souhaité un beau-père de l’âge de leur mère. Ainsi, les questions vont se bousculer dans la tête de cette femme célibataire qui va devoir faire un choix entre son cœur et la raison des autres. Et c’est de là que provient toute la force du récit et du film qui va pointer du doigt non seulement le regard des autres, mais aussi et surtout l’égoïsme et les préjugés de la population. On a clairement deux clans très cloisonnés dans ce film, l’un très huppé et l’autre plutôt bon vivant et ce choc des cultures va être difficilement assimilable. Pointant du doigt cette bourgeoisie méprisante, Douglas Sirk en profite pour tirer des portraits sarcastiques, s’amusant à étirer les traits de caractère pour renforcer le côté détestable de cette classe.

Mais ce n’est pas tout. En plus de dénoncer le mépris des gens riches, il impose aussi une vision égoïste de la part des enfants. En effet, lorsque l’héroïne annonce sa relation avec le jardinier, les enfants sont offusqués et ne pensent clairement qu’à leur propre situation. On retrouve alors un conflit familial crédible qui impose un choix difficile, la famille ou l’amour. Sujet complexe à traiter, Douglas Sirk fait le choix d’imposer une certaine vision tout en nuançant son propos afin de combler les deux parties dans une fin relativement plausible et touchante. Il faut dire qu’à l’époque, les différences d’âge en amour étaient un sujet tabou où les cougars étaient mal vus. C’est comme cela que l’on se rend compte que plus de soixante ans plus tard, les mœurs n’ont pas tellement changé, et que seules les castes commencent à se déliter, à cause d’un écart social de plus en plus important où riches et pauvres ne se côtoient même plus.

Image-8-copie-2

Au final, Tout ce que le Ciel Permet est un très joli mélodrame qui tire sa force dans l’amour, les choix difficiles, mais qui pose aussi un regard accusateur sur une société qui impose des choix par principe et qui se fiche bien de faire du mal à autrui. Un film avec un fond important et toujours autant d’actualité mais qui manque de punch et de ténacité pour pleinement accrocher son spectateur, malgré des personnages attachants et une histoire très romantique.

Note: 14/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=NqJkCHMWw40[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.