D’Après une Idée de : Ann Biderman
Avec Ben McKenzie, Michael Cudlitz, Regina King, Michael McGrady
Pays : Etats-Unis
Genre : Policier
Nombre d’Episodes : 10
Résumé :
Une plongée au cœur de la police de Los Angeles… Le vétéran John Cooper est chargé de former la jeune recrue Ben Sherman. Les méthodes brusques de son nouveau mentor vont pousser Sherman dans ses derniers retranchements et l’amener à se demander s’il a vraiment ce qu’il faut dans le ventre pour devenir un flic de L.A. De son côté, l’inspecteur Adams, qui vit toujours chez sa mère, fait équipe avec Russell Clarke, un homme malheureux en ménage et père de 3 enfants. L’inspecteur Daniel “Sal” Salinger supervise quant à lui Nate Moretta et Sammy Bryant, en charge des enquêtes sur les gangs. Quant à l’officier Chickie Brown, elle rêve de devenir la première femme à intégrer l’unité d’élite SWAT…
Avis :
Le cop show est un exercice assez difficile à tenir, car depuis que la série policière est apparue, chaque saison apporte avec elle son lot de nouveautés. Enfin si on peut parler de nouveauté, car finalement beaucoup se ressemblent et peu sortent du lot. Alors bien sûr, elles sont plus ou moins divertissantes sur l’instant, mais bon, on connaît un peu le concept et l’histoire. Puis alors qu’on n’en attendait rien, en 2009 a débarqué « Southland » et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle a surpris et happé tous ceux qui ont posé les yeux dessus.
Nerveuse, imprévisible, violente, crue, la série adopte un ton nouveau qu’on a rarement vu sur le petit écran. Dès la première saison, la série sait comment saisir et même rendre totalement accro celui qui la suit. Bien fichue, bien écrite, tendue au possible, une fois commencée, on a tendance à enchaîner les épisodes un peu trop vite. Mais voilà, après quatre saisons, qui sont toutes une véritable tuerie, la série a tristement le droit à son clap de fin. Un clap injuste et très regrettable au vu de la qualité de cette cinquième et dernière saison qui ne déroge pas à la règle, puisqu’elle s’avère encore une fois parfaite de bout en bout.
Beaucoup de choses ont évolué. L’officier John Cooper se voit affecter un vétéran de la guerre d’Afghanistan. Lydia essaye de concilier sa nouvelle vie de maman célibataire avec celui de femme flic. Si dans sa vie professionnelle tout va pour le mieux, dans sa vie personnelle, Sammy se heurte à l’irresponsabilité de Tamy, son ex-copine et mère de leur fils. Quant à l’officier Ben Sherman, il va apprendre ce que c’est de couvrir un collègue par amitié.
Chaque bonne chose a une fin, c’est ainsi et si on quitte certaines séries sans être touché, tout en ayant passé de très bons moments devant, il y en a d’autres qui seront bien plus rudes à abandonner. Des séries dont on s’inquiète de voir arriver les épisodes finals, si bien que lorsqu’on arrive sur la dernière saison, on a tendance à moins enchaîner les épisodes, histoire de gagner un peu de temps pour retarder ce moment fatidique. « Southland » fait clairement partie de ces séries-là. Et c’est même avec une énorme frustration qu’on quitte la série, qui aura été bien trop courte et surtout qui aura été parfaite, jusqu’à la dernière image.
Et plus que cette dernière saison qui réserve encore une fois un lot d’intrigue terrible et surtout complétement imprévisible, plus que ces derniers épisodes où la série a trouvé la force incroyable d’être encore plus scotchante, voire même choquante qu’elle ne l’était déjà (l’avant-dernier épisode est une horreur devant laquelle on est pris totalement en otage), plus que les acteurs qui démontrent encore une fois un sacré investissement pour incarner ses personnages. Plus que toutes les qualités de cette cinquième saison, c’est sur la série complète que l’on a envie de revenir. C’est sur ce bijou d’écriture, de réalisation et d’interprétation que l’on a envie de revenir. Maintenant qu’elle est finie, on peut constater la perfection incroyable de « Southland » et une série de la sorte ne court pas les écrans.
« Southland« , en plus d’adopter un ton hyper réaliste qui est un uppercut à chaque plan, est une série pertinente qui a très bien su traiter tous les sujets qu’elle a abordés. « Southland » c’est le pour et le contre, ici rien n’est blanc, rien n’est noir, tout est une question de nuances. « Southland » parle admirablement du racisme, du deuil, de l’homophobie, du communautarisme, de la prostitution, de la drogue, des trafics, de la lutte des classes, le métissage, le manque d’avenir d’une certaine jeunesse, le rapport à la célébrité. Bref, la série est riche et traite tous ses sujets avec le même respect. « Southland« , c’est aussi, et malgré tout, les conflits, c’est un appel au vivre ensemble. La série s’appuie à travers chaque épisode sur des éléments solides, parfois cachés derrière une violence incroyable, pour faire passer un message de tolérance et de respect.
« Southland » est une série de flics qui adopte un ton bien différent de ce qui se fait habituellement. Alors que dans la plupart des séries américaines, les flics sont très souvent élevés au niveau d’agents presque intouchables, « Southland » donne un ton résolument plus humain. Les flics de « Southland » ressemblent à tout le monde. Ils ont leurs défauts, leurs qualités, et finalement, à force de les suivre dans leurs quotidiens, on pourrait presque croire à un documentaire. « Southland« , avec ce ton réel, lance un autre regard sur le métier de flic. Sur l’engagement, sur les parcours des uns et des autres pour arriver ici. La série parle très bien de ce métier. Pendant cinq saisons, la série est une longue et formidable analyse du métier de flic et de tout ce qu’il engage de bon comme de mauvais. Alors que dans beaucoup de séries, les flics véhiculent une image trop parfaite, trop caricaturale, on pense notamment aux « Experts« , « Southland » fait un tout autre choix et c’est en filmant les joies comme les peines, c’est en filmant avec réalisme les choix des personnages face au danger permanent de la rue qu’elle impose un respect bienveillant sur ces gardiens de la paix et cela même quand ils jouent parfois avec les frontières du légal.
« Southland« , c’est aussi et de très loin une claque visuelle qui n’a absolument rien à envier aux films qui sortent au cinéma. « Southland » est une série qui, de par son ambiance, son ambition, sa brutalité, sa nervosité, son instantané, sa qualité d’image, vise plus loin et plus haut que d’autres séries. Ici, les producteurs et réalisateurs visent une qualité cinéma. La série respire le vécu. Ici quand ça bastonne, ça envoie des coups. Quand les véhicules se cartonnent, on n’hésite pas à froisser de la tolle, sans pour autant tomber dans la cascade spectaculaire. Quand les personnages ont des blessures, elles font mal. Bref, visuellement, « Southland » a tout compris et c’est cette vérité violente qui fait l’une des très grosses forces de la série. Elle nous entraîne à chaque fois dans son épisode et l’on a bien du mal à ne pas aller au bout. Dans « Southland« , il y a des moments très durs, très violents, voire même très choquants, tant la série peut déraper à n’importe quel moment. Il y a vraiment une atmosphère très « pris sur le vif ». Puis dans « Southland« , il y a aussi des moments très beaux, très tendres. Des moments qui font du bien, où l’on sourit, on rigole.
« Southland » n’a donc pas été qu’une simple série. Elle restera comme une très grande série qui aura su trouver le ton juste et impeccable jusqu’à cette dernière image on ne peut plus marquante. D’ailleurs, cette dernière image ne va cesser de nous hanter, car elle annonçait clairement une sixième saison et c’est de manière totalement incompréhensible que la série fut annulée. Donc il faudra vous préparer à ce que « Southland » n’ait pas de fin et laisse tous ses personnages en suspens. Et là, c’est peut-être bien le seul défaut que l’on pourra trouver à la série. Mais ce défaut, devient un coup de génie aussi, car pour le coup, la série en devient inoubliable pour tous ceux qui l’ont vu.
Note : 20/20
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Par Cinéted