De : Antonio Tibaldi
Avec Tyrin Turner, Ryan Phillippe, Nastassja Kinski, John Savage
Année : 1997
Pays : Etats-Unis
Genre : Drame
Résumé :
Dans le Texas rural, le jeune Jimmy West découvre un lourd secret familial.
Avis :
Antonio Tibaldi est un réalisateur australien inconnu qui n’a que peu de film à son actif. Donnant plus dans le court-métrage et le documentaire, il n’a vraiment réalisé que trois longs-métrages de fiction. Le premier en 1993, « On my own » et son dernier « Claudine’s Return » en 1998. Depuis le réalisateur est retourné aux documentaires, son dernier étant sorti en 2015.
« Little Boy Blue« , c’est le genre de film intéressant grâce son casting, puisqu’il réunit à Ryan Phillippe, Nastassja Kinski et John Savage, trois comédiens dont leur présence est la seule motivation pour découvrir ce film méconnu. Et le résultat est quelque peu étrange car « Little Boy Blue » est un film brouillon, qui a tendance à partir un peu dans tous les sens. Un film pas forcément incroyable, mais malgré ses défauts, « Little Boy Blue » reste bizarrement un film intéressant, intriguant, voire même fascinant. Et même quand c’est loin d’être terrible, le réalisateur arrive à nous garder devant avec l’envie d’avoir le fin de mot de l’histoire.
Au Texas, Jimmy est un jeune garçon de dix ans qui s’occupe de ses jeunes frères quelque peu délaissés par une mère absente et un père ancien militaire qui a tendance à tomber dans l’alcool. Jimmy est persuadé que son père n’est pas son père et les relations qui unissent Jimmy à cet homme sont terriblement tendues. Jimmy entretient aussi une relation plus qu’ambiguë avec sa mère. Mais un jour, au cours d’une dispute, Jimmy va découvrir un secret de famille qui va tout changer.
Pour son deuxième long-métrage, Antonio Tibaldi a choisi de nous raconter une chronique familiale. Mais ici, ce ne sera clairement pas la petite chronique familiale qui fait du bien. Avec « Little Boy Blue« , Antonio Tibaldi a choisi de nous mettre mal à l’aise avec une intrigue vraiment glauque et très loin d’être inintéressante. Du moins sur le papier. Car si le film fonctionne très bien dans l’idée, qui s’avère être originale et pleine d’intrigues, sur la forme, le film n’est pas aussi bon qu’on aurait aimé, surtout avec une intrigue comme celle-ci.
Si la mise en scène est jolie à défaut d’être passionnante, on peut dire que le réalisateur a su trouver l’ambiance pesante qu’il fallait. « Little Boy Blue » est accompagné de belles images, et se déroule dans un beau cadre. Antonio Tibaldi filme bien la région dans laquelle il fait évoluer son drame. Le réalisateur et ses acteurs nous font bien ressentir aussi l’angoisse d’habiter et de grandir dans ses régions désertes des États-Unis. Ces régions qui n’offrent que peu d’avenir. Ces coins où tout le monde se connaît sans se connaître vraiment. En ce sens, le film d’Antonio Tibaldi est réussi et fonctionne bien. Puis cette région et l’atmosphère qui en découle renforcent l’ambiance malsaine dont jouit le film.
Mais si dans l’ambiance, c’est réussi, ce sera du côté de son scénario que le film d’Antonio Tibaldi pêche. L’intrigue est terriblement brouillonne. Le réalisateur aborde des sujets chocs et terriblement glauques comme l’inceste, les désirs interdits, les secrets, le passé et bien sûr, le meurtre. Mais il aborde ces sujets de manière étrange. Et c’est là le principal défaut de « Little Boy Blue« . Le film veut absolument brouiller les pistes. Les personnages ont donc des relations aussi géniales qu’incompréhensibles et il va falloir attendre le retournement final pour que tout se mette en place. Et même si finalement l’intrigue tiendra la route dans les grandes lignes, à force vouloir brouiller les pistes dans son récit, le réalisateur nous a déjà perdu. Alors quand son retournement de situation arrive, il est déjà trop tard, et l’on a bien du mal à être convaincu par celui-ci et cela même s’il finit par fonctionner, (encore une fois) dans les grandes lignes. Mais ce qui est encore plus étrange que la ligne qu’a emprunté le film, c’est qu’il réussit tout de même à nous tenir devant sans ennui. C’est étrange comme ressenti. Ce n’est pas terrible, c’est confus, embrouillé et pourtant, on a envie de savoir. Et finalement, « Little Boy Blue » mériterait un deuxième visionnage, car en sachant la fin, le film peut en devenir plus intéressant car on peut expliquer beaucoup de choses. Son gros défaut vient donc de l’écriture et du montage.
Il faut dire aussi que le casting y est pour beaucoup dans le fait que le film nous tienne en attention jusqu’au bout. Ryan Phillippe est très bon dans ce rôle parfaitement ambigu. Nastassja Kinski est captivante dans le rôle de cette mère de famille encore plus ambiguë que son fils. Quant à John Savage, il est parfait dans un rôle imprévisible. Il y a aussi l’excellente Shirley Knight, dont le personnage arrive malheureusement comme un cheveu sur la soupe. Son histoire est aussi nécessaire que mal foutue et surtout très mal amenée.
« Little Boy Blue » est donc un film très inégal, qui se partage entre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Il divise celui qui le regarde, car finalement, il est aussi bon qu’il est mauvais. Et je reste convaincu qu’il sera bien mieux au deuxième visionnage, car une fois son intrigue, son secret, révélée le film prend un autre sens et c’est mieux de le savoir pour apprécier l’histoire.
Note : 10/20
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Par Cinéted