avril 20, 2024

ACAB All Cops are Bastards

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De : Stefano Sollima

Avec Pierfrancesco Favino, Filippo Nigro, Marco Giallini, Andrea Sartoretti

Année : 2012

Pays : Italie, France

Genre : Action, Policier

Résumé :

ACAB, ou “All Cops are Bastards”, était un slogan initialement utilisé en Angleterre dans les années 1970 par les skinheads. Rapidement il s’est propagé dans les rues et les stades, propices aux guérillas urbaines. Cobra, Nero et Mazinga sont 3 « flics bâtards » qui, à force d’affronter le mépris quotidien, ont pris l’habitude d’être les cibles de cette violence, reflet d’une société chaotique dictée par la haine. Leur unique but est de rétablir l’ordre et de faire appliquer les lois, même s’il faut utiliser la force…

Avis :

L’année 2015 s’achevait pour moi avec une très grosse révélation. Je peux même parler d’une claque fabuleuse, presque destructrice. Cette claque venue d’Italie a le doux nom de « Suburra » et derrière elle, celui de Stefano Sollima. « Suburra » est le deuxième film du réalisateur et ce dernier m’a tant laissé K.O qu’il fallait que j’aille jeter un œil à son premier film, « ACAB« .

Sorti courant juillet en 2012, le premier film de Stefano Sollima n’a pas fait grand bruit chez nous. Traitement du milieu des CRS, des hooligans et de l’immigration à Rome, on peut dire que Stefano Sollima cherche les risques et ne donne pas dans la facilité. C’est donc un premier film risqué, casse-gueule et audacieux que le réalisateur nous propose et sans être aussi prenant et percutant que « Suburra« , il est tout de même une belle réussite.

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Rome, les soirs après les matchs de foot, bien souvent la police doit contenir les supporters et les hooligans venus se défier. Pour maintenir l’ordre, elle envoie les CRS. C’est dans ce contexte que l’on va suivre le quotidien de Cobra, Nero, Mazinga, Carlotto et une jeune recrue, Adrianno. Ces quatre frères d’armes composent ce que les skinheads appellent les ACAB, « All Cops are Bastards”, un slogan de haine qu’ils doivent affronter en permanence.

Pour son premier long métrage, le réalisateur italien Stefano Sollima a décidé de nous plonger dans le cœur et le quotidien d’une brigade de CRS, et plus en relief, dans le cœur et le mal-être de l’Italie. Excellent dans son ambiance, son rythme, son montage, « ACAB« , tout comme « Suburra« , est un film qui ne fait aucune concession et n’hésite pas à peindre le portrait d’un pays en proie au chaos. Un chaos perfide qui est terriblement d’actualité, car derrière les affrontements entre supporters à la sortie de stade, « ACAB » parle avec colère mais sans jugement de l’ordre, du patriotisme, du racisme, de l’immigration, des aides sociales, du sentiment d’abandon et d’injustice. Bref, le film s’avère être une critique de la politique de Giorgio Napolitano et le constat qui est fait, la montée de l’intolérance et de la haine, n’est pas loin de ce qui se passe dans notre pays depuis quelques années et plus précisément cette année 2015.

Ce qui est très bon, c’est que le réalisateur aborde tout ceci de manière très frontale, c’est cru, c’est dur, souvent injuste, mais c’est de manière très intelligente qu’il ne prend pas parti. Il ne fait que nous raconter ce quotidien, sans prôner la haine ou la violence. Il nous laisse seul juge de ce qu’on suit. Ce sentiment est d’autant plus palpable que ses personnages, dans les deux camps, sont nuancés. Aucun d’eux ne sera complétement une ordure, ni un justicier qui défend la veuve et l’orphelin, tout est nuancé, tout est sombre et le portait peint est d’autant plus réaliste et c’est vraiment appréciable d’avoir un cinéma de ce genre et de ce niveau.

Le réalisateur assure dans son écriture avec ce scénario qui tient en haleine jusqu’au bout, offrant un final aussi percutant qu’un peu frustrant. Mais l’intrigue est loin d’être le seul point fort du film, car si Stefano Sollima atteste d’un talent certain sur le papier, il est tout aussi bon derrière la caméra. En deux films seulement, le réalisateur démontre un univers jubilatoire. Un univers réaliste, brutal, et ce qu’on avait énormément aimé dans « Suburra » est déjà présent ici. « ACAB » est un film nerveux, qui sent le coup de matraque, qui fonce dans le tas à l’image de son affiche, qui représente parfaitement la violence, l’agressivité, l’intensité et la révolte qu’on va trouver dans ce film. Le réalisateur a l’œil vif et dur et le rendu est aussi passionnant dans l’intrigue qu’il est captivant à l’image. De plus, le film est parcouru encore en une fois par une BO terrible, où se mélange les Whites Stripes, Placebo, Joy Division ou encore les Chemical Brothers.

Le réalisateur a fait appel à un casting de choix. On retrouve à l’écran d’excellents acteurs qui sont parfaitement imprégnés de leur personnage. Chacun d’eux, que ce soit les policiers de cette brigade, les politiques ou les skindeads, sont nuancés et on a envie de les suivre dans cette tranche de vie qui nous ait présentée. Tour à tour touchant (Filippo Nigro), magnétique (Pierfrancesco Favino), ou encore passionnant dans sa remise en question (Domenico Diele), le réalisateur nous offre autant de portraits qui sonnent tous vrai.

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En seulement deux films (« ACAB » et « Suburra« ), l’Italie vient de voir éclore un grand réalisateur. Un réalisateur qui s’améliore de film en film, alors que le niveau de son premier est déjà élevé. Un réalisateur qui n’a pas peur de donner dans le sombre, le réalisme et de peindre un portrait de son pays aussi violent que juste. « ACAB » vaut amplement le coup d’œil pour la critique de cette société, où la police joue en permanence avec la limite, où l’on sent un profond malaise à chaque scène. Bref, c’est un film percutant, virulent, et malheureusement, on l’imagine à la vue des événements actuels, « ACAB » est un film qui sonne beaucoup trop juste. Stefano Sollima aurait-il tout compris à ce qui fait du bon cinéma ? On dirait bien.

Note : 17/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=P6YZiQpiCAA[/youtube]

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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