Avis :
Il fut un temps où la pop anglaise phagocytait toute les ondes radios, à un tel point que même les groupes de rock étaient considérés comme de la pop, à l’instar de Oasis, Blur ou encore The Cure. Longtemps en tête dans les charts, la pop britannique a connu une baisse de régime au milieu des années 2000 avec l’arrivée massive de chanteurs et chanteuses américaines comme Lady Gaga ou Nicki Minaj. Mais quelques temps après, de nouvelles figures de la pop anglaise virent le jour et insufflèrent une nouvelle identité à ce genre qui commençait grandement à tourner en rond. Amy Winehouse, Duffy, Adèle ou plus récemment Birdy sont les nouvelles figures de la musique populaire anglaise. Mais si la première a eu une carrière fulgurante et destructrice, elle a su prendre un chemin des autres, allant bien souvent à contre-courant de la mode et proposant des morceaux plus proche du jazz ou du blues de la pop. Maintenant, que nous reste-t-il ? Essentiellement de belles voix qui s’accompagnent d’un piano avec trois notes répétitives. Mais visiblement cela marche auprès du public qui plébiscite grandement les chanteuses à voix avec des textes ayant rapport avec l’amour, la séparation ou encore les complexes autour d’une certaine normalité. Bref, des sujets égocentriques qui n’apporteront pas de grains à moudre à une quelconque réflexion sur l’être humain, mais qui semble convenir à l’animal que nous sommes.
Mais s’il ne fallait en garder qu’une, le choix du public se ferait sur Adèle. La jeune chanteuse commence sa carrière en 2008 avec un premier album, 19. Elle écoule plus de six millions d’exemplaires, elle est comparée à Duffy et Amy Winehouse, mais elle a dû al à franchir les frontières. C’est en 2011 qu’elle va littéralement exploser grâce à deux titres, Rollin’ in the Deep, morceau assez pêchu et Someone Like You, une jolie ballade. Il n’en faudra pas plus pour conquérir le monde avec une sublime voix qui se marie à la perfection avec un piano. Elle sera alors engagée pour faire le générique de Skyfall, le vingt-deuxième James Bond. Et c’est après une longue pause, durant laquelle elle se mariera et aura un enfant, qu’Adèle décide de revenir sur le devant de la scène. Plus de quatre ans se sont écoulés, mais la chanteuse n’avait jamais quitté les oreilles des auditeurs, grâce à des radios qui passent en boucle ses morceaux. 25 est donc son troisième album et il a déjà fait le buzz avec le premier single, Hello, filmé par Xavier Dolan. Et si ce premier morceau, qui fait aussi office d’ouverture sur le skeud est plutôt sympathique bien que n’ayant rien d’extraordinaire, c’est tout l’album qui sera su la même tonalité, et qui se contentera du minimum.
Le principal problème avec ce troisième album (qui est en tête des ventes depuis sa sortie) c’est qu’il est d’une monotonie incroyable. Sur les onze titres de l’album, il y a au moins sept titres qui se ressemblent aussi bien dans leur structure que dans leur tempo. En gros, on cale un piano, la voix d’Adèle, des paroles lénifiantes sur l’amour, les sentiments puis on lâche tout à un moment donné pour montrer la puissance vocale de la chanteuse ainsi que sa tessiture. C’est bien, les fans seront ravis, mais qu’en est-il de l’aspect musical de la chose ? Certes, il ne faut pas froisser les fans, ils sont une manne providentielle qui met rapidement la main au porte-monnaie, mais artistiquement parlant, c’est d’une grande tristesse. Il n’y a aucune prise de risque, il n’y a rien qui permet de voir les influences de la chanteuse hormis son univers tristounet. Et c’est relativement inquiétant et révélateur du monde de la musique actuelle, qui se contente de la même chose. C’est bien simple, entre When We Were Young et Remedy, on a la sensation d’entendre le même titre. Comment, en plus de quatre ans, peut-on livrer une telle facilité à la face des gens, qui, contents et hébétés, disent que c’est de la bombe.
Non ! Adèle peut être bien plus que ça. Elle dit être fan des Spice Girls. Ben fais-nous un titre pop léger et dynamique. Elle dit adorer Nirvana et Kurt Cobain. Ben, lâche toi et fais un morceau plus rock et rentre-dedans. On va encore dire qu’il ne faut pas fâche les fans, mais à force de redondance, ils risquent fort de se lasser. D’ailleurs, dans le cinéma, on critique souvent le fait de ne pas prendre de risque, de caresser le cinéphile dans le sens du poil, pourquoi n’en serait-il pas de même dans la musique ? Et c’est dommage que la chanteuse n’arrive pas à sortir de ce carcan dépressif alors qu’elle avait si bien entamé sa carrière avec Rollin’ in the Deep. Alors tout n’est pas mauvais dans l’album, on retiendra River Lea qui est plutôt sympathique ou encore Send my Love (to You New Lover) qui tente d’être un peu plus pêchu, mais cela est une bien maigre consolation autour d’un genre qui tourne autour du pot sans jamais vraiment aller dedans. On sait que la chanteuse peut faire du blues, de la soul, du jazz, mais elle préfère se contenter du minimum syndical pour gagner de la thune, ça marche, tant mieux pour elle.
Au final, 25, le troisième album d’Adèle, est une déception car il n’est pas assez varié et ne propose aucune prise de risque, que ce soit niveau vocal ou instrumental. Les fans seront comblés puisque Adèle fait du Adèle, mais il manque résolument une étincelle pour faire briller tout ça et éclairer cet état de tristesse qui la caractérise. Bref, un album commercial sans saveur qui n’a pour unique but que de rapporter de la thune et pas une once de nouveauté musicale.
- Hello
- Send my Love (to Your New Lover)
- I Miss You
- When We Were Young
- Remedy
- Water Under the Bridge
- River Lea
- Love in the Dark
- Million Years Ago
- All I Ask
- Sweetest Devotion
Note: 07/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=YQHsXMglC9A[/youtube]
Par AqME