De : Ariel Kleiman
Avec Vincent Cassel, Jeremy Chabriel, Florence Mezzara, Anastasia Prystay
Année : 2015
Pays : Australie
Genre : Drame, Thriller
Résumé :
Grégori est à la tête d’une communauté protégée du monde qui abrite des femmes et leurs enfants. Parmi eux, Alexandre, 11 ans, a grandi en voyant le monde à travers les yeux de Grégori. Mais des événements inattendus vont l’amener à penser par lui-même.
Avis :
Australien de trente ans, Ariel Kleiman est un jeune réalisateur qui monte tout doucement. Après plusieurs courts-métrages, c’est en 2010 qu’il se fait vraiment remarquer. Cette année-là, son court-métrage « Young Love » gagne un prix au Festival du film de Sundance. La même année, quelques mois plus tard, « Deeper than yesterday« , un autre de ses courts-métrages, est sélectionné au prestigieux festival de Cannes et repart avec le Prix Découverte Kodak du meilleur court métrage. Depuis ces deux prix, le réalisateur aura mis cinq années pour que son premier long voit le jour.
Un long-métrage qui au vu de sa bande-annonce et de son pitch original donnait très envie. Mal distribué, il a été joué dans peu de salles et n’est pas resté longtemps à l’affiche. On se rattrape donc avec sa sortie en DVD avec l’espoir que les promesses faites seront tenues. Mais malheureusement, ce « Partisan », si magnifiquement filmé soit-il, s’est révélé être d’un ennui profond et surtout d’une incompréhension totale. Un film dont on reste en dehors, qui pose énormément de questions, mais qui ne répond pas à grand-chose.
Grégori, un homme d’une quarantaine d’années, est à la tête d’une communauté qui vit en marge du monde. Entouré de femmes et d’enfants, cette société vit à l’abri des regards. Grégori s’autoproclame père de chaque enfant de la communauté et leur fait voir le monde à travers ses yeux. Parmi ces enfants, un jeune garçon d’onze ans, Alexandre, est très proche de Grégori. Il l’admire, mais certains événements vont amener le jeune Alexandre à penser autrement et se rebeller contre le mode de vie instauré par ce gourou.
La première chose qui vient en tête à la fin de ce film, c’est sa singularité. Peu de film lui ressemble, et l’on peut noter l’envie et la détermination d’un jeune réalisateur tel qu’Ariel Kleiman à vouloir proposer quelque chose de différent, de s’aventurer, surtout pour une première œuvre, sur une pente raide et difficile. Ici, on peut dire que le réalisateur s’est vraiment mis des bâtons dans les roues et là où certains auraient préféré la facilité, lui a fait un autre choix et il mérite d’être mis en lumière.
Surtout que tout n’est pas « raté » dans son film, on même dire qu’il y a de belles réussites dans ce « Partisan » à commencer par l’œil d’Ariel Kleiman. L’ambiance qu’installe le réalisateur happe le spectateur qui découvre le film. Il y a tout de suite quelque chose de très lourd et d’inquiétant qui se dégage de ces images. L’ambiance est très anxiogène et malgré les longueurs et les incompréhensions qui s’échappent du film, cette ambiance si particulière tient jusqu’à son final. « Partisan » est aussi un film qui est magnifiquement filmé. La photographie très épurée est parfaite et renforce le côté angoissant que l’on peut ressentir. De plus, le réalisateur filme très bien ses comédiens. Il utilise des plans et des cadrages excellents qui donnent au film un très beau rendu.
On pourra aussi lui laisser que les acteurs sont très bien dirigés. Ariel Kleiman a su tirer un très beau charisme de chacun des comédiens qui passent sous son œil. Outre Vincent Cassel qui happe la caméra en un regard, le reste du casting est fabuleux et le petit Jeremy Chabriel est un jeune talent à suivre, tout comme la belle Florence Mezzara qu’on prend plaisir à découvrir.
Mais voilà, derrière tous ces bons et beaux côtés, le film souffre de plusieurs défauts qui font qu’on reste en dehors. L’un des plus flagrants est le manque de compréhension de l’intrigue. Si l’on a bien compris que Cassel est le gourou de ce qu’on pourrait appeler une secte, pour le reste, on est dans le flou total. Les différentes actions restent des mystères. Pourquoi Cassel forme les enfants à tuer ? On n’en sait rien. Pourquoi tuent-ils de cette manière ? On n’en sait rien. Que cherche le personnage de Cassel, que veut-il, pourquoi fait-il cela ? On n’en sait rien. On ne sera rien aussi du côté des victimes et du choix de ces dernières. Pourquoi elles ? Qu’ont-elles fait ? Bref, plein de questions qui ne trouveront pas de réponses. Ou alors peut-être sont-elles noyées derrière la complexité du film et peut-être qu’un second visionnage est nécessaire. Mais le problème, c’est que le film ne donne pas vraiment envie de se faire un second visionnage, car en plus d’être difficilement compréhensible, le film souffre d’un manque de rythme. Très lent, il enchaîne les longueurs à chaque instant et ce n’est malheureusement pas le charisme des comédiens ou les belles images qui donnent envie de se replonger dedans et c’est vraiment dommage, car l’idée et l’audace de départ sont vraiment intéressantes.
On ressort alors déçu et ennuyé de ce film. Alors que le talent est là, qu’il soit devant ou derrière la caméra, on n’accroche pas et l’on reste en permanence en dehors. C’est vraiment dommage, on fondait tant d’espoir. Une vraie déception en somme. Reste quand même un œil à suivre pour finir sur une bonne note, car malgré tout, Ariel Kleiman a quelque chose et l’on espère que son film suivant sera bien plus accessible, tout en étant aussi audacieux.
Note : 06/20
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Par Cinéted