mars 29, 2024

Marguerite

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De : Xavier Giannoli

Avec Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau, Christa Théret

Année : 2015

Pays : France, Belge, République Tchèque

Genre : Drame

Résumé :

Le Paris des années 20. Marguerite Dumont est une femme fortunée passionnée de musique et d’opéra. Depuis des années elle chante régulièrement devant son cercle d’habitués. Mais Marguerite chante tragiquement faux et personne ne le lui a jamais dit. Son mari et ses proches l’ont toujours entretenue dans ses illusions. Tout se complique le jour où elle se met en tête de se produire devant un vrai public à l’Opéra.

Avis :

On n’avait plus de nouvelles de Xavier Giannoli depuis l’échec de son dernier film « Superstar« . Le film mettait en scène Kad Merad, qui du jour au lendemain devenait une « superstar » sans savoir pourquoi. Le film s’était ramassé au box-office alors qu’il était intéressant. Il aura alors fallu trois années avant de revoir un film signé Giannoli sur nos écrans.

Et le réalisateur est de retour avec un film qui s’annonçait aussi drôle que divertissant et intéressant. Cette fois-ci, il décide de nous parler de Marguerite Dumont et place sa caméra dans les années 20 pour un film tendre, humain, drôle et surtout très triste et touchant. En un peu plus de deux heures, le réalisateur va peindre le portrait d’une femme passionnée qui sera, de par sa maladresse et son charisme inimitable, étrangement charmante et touchante.

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Marguerite Dumont est une femme très riche mais qui s’ennuie dans la vie. Délaissée par son époux, dans sa grande demeure, elle ne trouve refuge que dans la musique, dans le chant d’opéra. Marguerite est une passionnée, et d’ailleurs, elle donne bien souvent des concerts dans son cercle d’amis. Pour elle, ces moments sont particuliers et importants. Mais ce que Marguerite ne sait pas, c’est qu’elle n’a jamais su chanter. Elle chante faux, aucune note n’est bien placée et ces petits concerts privés sont des séances de torture pour ses convives. Malheureusement pour elle, personne n’a jamais osé lui dire la vérité. Tout le monde l’entretient dans ses illusions. Mais le jour où Marguerite décide de donner un véritable concert, les choses se compliquent, car comment lui éviter les railleries ? Et puis comment l’en empêcher, tant Marguerite est déterminée ?

Si la voix de cette comtesse est fausse à en casser les oreilles, le film de Xavier Giannoli, lui, est juste et bon et c’est entre les rires, les moqueries et les larmes que Catherine Frot nous emporte vers l’un de ses plus beaux personnages.

Xavier Giannoli a toujours su choisir ses sujets et il le prouve encore une fois ici avec ce film qui a des allures de comédie au départ, mais qui va se révéler être un beau drame particulièrement humain. Le réalisateur nous plonge dans le mensonge d’une femme. Un mensonge dont elle ignore étonnement tout. Soutenu par un scénario habile, Xavier Giannoli construit un film captivant autour de cette femme. Le début commence comme la comédie que la bande-annonce nous vend et l’on ne peut s’empêcher de sourire, et même de rire, devant les prouesses vocales de la comtesse. L’intrigue se met doucement en place et elle tient plutôt bien la route. Le mensonge est crédible, l’action qui va mener Marguerite à prendre la décision de sortir de son salon pour passer à la scène, la vraie, tient la route. On se laisse gentiment prendre au jeu et le film, du moins en ce qui concerne le personnage de la comtesse, se suit sans encombre. Le scénario aborde plusieurs personnages qui gravitent autour de Marguerite et le film sait toucher quand il aborde le personnage de son mari, un homme discret, éhonté par l’incroyable talent de sa femme. Son personnage est ambigu, et c’est de son ambiguïté que va naître la beauté et la force de ce personnage. C’est même le personnage le plus touchant de l’histoire. La façon qu’il a de préserver sa femme des pensées et des horreurs qui peuvent se dire sur elle, la façon aussi qu’il a de détester la passion de celle-ci, la honte, la gêne qu’il en ressent, tout cela est très touchant.

Mais voilà, le film est loin d’être parfait et je dois dire que Xavier Giannoli s’est aussi égaré a plusieurs reprises et « Marguerite » a aussi ses défauts. Beaucoup de personnages gravitent autour de Marguerite, mais peu d’entre eux sont vraiment aboutis. Le réalisateur a trop d’idées et veut parler de tous, mais finalement, il ne va pas jusqu’au bout et l’on se rend compte que plusieurs histoires ne servent pas à grand-chose. Toutes les amourettes qui sont faites autour de certains personnages ne font rien avancer et alourdissent le récit et il n’y en a pas qu’une puisque le réalisateur en développe trois. La plus insignifiante étant celle du domestique de la comtesse que l’on ne comprend pas. On ne voit pas où le réalisateur veut en venir.

Ensuite, si « Marguerite » se dévore, le film a quand même ses petites longueurs. Vers la fin, on sent que le film aurait mérité dix minutes de moins, surtout que toute la dernière partie est assez mal amenée, dans le sens où on ne comprend pas vraiment ce qui arrive à Marguerite. Pourquoi cette réaction ? Était-elle folle ? Cela apporte du flou à l’histoire.

Et enfin, dernier petit élément, le plus gênant est le play-back choisi pour nous faire croire que Christa Théret est une chanteuse d’opéra. Si le charme opère chez Catherine Frot, ou Michel Fau, chez la jeune actrice, le résultat ne fonctionne pas une seconde malheureusement et pour le coup, ce n’est pas la comtesse qui fait rire.

« Marguerite« , c’est aussi une actrice qui nous revient à l’état de grâce. Catherine Frot, dont on connaît le talent, trouve ici l’un de ses meilleurs rôles. Elle est drôle, pleine de passion, ses prestations sont toutes des perles de drame et de drôleries. Elle nous amuse, elle nous touche et le portrait qu’elle fait de cette comtesse est merveilleux. Son mari est joué par André Marcon et si le personnage est aussi touchant, c’est en très grande partie grâce à l’acteur, qui pose chaque dialogue avec justesse. Enfin, deux révélations, l’une captivante et l’autre amusante. La première, c’est Sylvain Dieuaide, qui incarne un jeune journaliste assez ambigu, partagé sur le regard qu’il porte sur Marguerite. Le jeune acteur dégage une belle présence à l’écran et malgré le fait que son personnage soit quelque peu survolé, l’acteur arrive à s’élever et nous sort une jolie carte. La deuxième révélation est, c’est de loin la plus belle, Michel Fau. L’acteur qui incarne le professeur de Marguerite est parfaitement hilarant de bout en bout. Même quand l’acteur ne dit rien, quand il ne bouge pas, son visage et ses yeux sont si expressifs qu’il est très drôle. Puis ses dialogues et la façon qu’il a de les prononcer sont autant de poésie vulgaire.

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En conclusion, « Marguerite » est loin d’être parfait, il a des défauts, et pour certains assez agaçants, mais l’histoire est plaisante à suivre et la réflexion que le film apporte sur le mensonge est plutôt intelligent. C’est donc un film qu’il serait dommage de louper.

Note : 16/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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