avril 19, 2024

99 Homes

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De : Ramin Bahrani

Avec Andrew Garfield, Michael Shannon, Laura Dern, Tim Guinee

Année: 2015

Pays: Etats-Unis

Genre: Drame

Résumé:

Un homme, dont la maison a été saisie par la banque, se retrouve à devoir travailler avec le promoteur immobilier véreux responsable de son malheur.

Avis:

Réalisateur américain d’origine iranienne, Ramin Bahrani n’est pas très connu de nos services, alors que le cinéaste n’en est pas à son coup d’essai. On lui compte déjà cinq films depuis qu’il a nous a proposé son premier, « Strangers« , en 2000. Axé sur un cinéma social, le réalisateur est apprécié pour la qualité de ses histoires, ses films résonnant comme un mélange de Ken Loach et Philipe Loiret. Ramin Bahrani a des choses à dire et il a trouvé la voie du septième art pour faire passer ses messages et ainsi donner la parole à des gens que l’on n’entend pas forcément.

« 99 Homes » est le premier film de la compétition et l’on peut dire qu’il commence très fort, car Ramin Bahrani nous offre-là un film qui devrait faire parler de lui. Un film social dur, injuste, prenant, poignant, qui dénonce les rouages d’un système affreux. Bref, c’est un coup d’amour !

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Dennis Nash vit avec sa mère et son fils. Comme tout le monde, ils sont partagés entre les hauts et les bas des difficultés de la vie. Mais un matin tout bascule. Alors qu’ils pensaient avoir encore du temps, ils sont expulsés de leur foyer. Acculé et ne sachant pas comment s’en sortir, Dennis accepte alors de travailler pour un prometteur immobilier véreux. Ce prometteur est l’homme responsable de son malheur. Dennis, à son tour, se retrouve à expulser les gens de chez eux pour survivre…

Comme dis plus haut, Ramin Bahrani est le réalisateur qui parle de ceux qu’on oublie, et pour son nouveau film (prévu en E-cinéma, mais qui devrait aussi sortir dans quelques salles chez nous), le réalisateur s’en prend au système américain, en mettant sous les projecteurs des magouilles qui pourraient presque faire passer son film pour un film de gangsters.

Inspiré de faits réels, « 99 homes » parle de la crise boursière de 2008 et de ses conséquences, des victimes qu’elle a emportées dans son sillage. Le sujet que Ramin Bahrani a choisi est dur, il fâche, il dérange et le réalisateur en parle de manière prenante. Quand on découvre « 99 homes« , on sent qu’il a étudié son sujet et qu’il lui tient à cœur. Son film est bourré de détails, de petites choses intéressantes et révoltantes à la fois. Particulièrement quand le film aborde tout ce qui est juridique, comme le fait de juger des cas à la chaîne en soixante secondes, ou encore les magouilles pour détourner des fonds que cet agent immobilier, aussi véreux que touchant, a mis en place. Mais Ramin Bahrani va plus loin et ne se contente pas seulement de décrire avec conviction ce milieu et ses défauts. Pour nous faire prendre encore plus conscience des rouages et ainsi nous bouleverser, il va donner la parole à un personnage ô combien simple. L’américain moyen, qui n’est jamais sorti des rangs, qui ne vise pas trop haut et que le crash boursier a laissé sur le carreau avec sa famille. Le scénario est solidement écrit. C’est assez ambigu. L’histoire est aussi dure que belle et le personnage de Dennis est absolument bouleversant. La trajectoire qu’il va suivre, l’apprentissage qu’il va avoir, ces sentiments qui se bouleversent en lui, partagé entre honte et survie, le réalisateur a ému le festival et la petite ovation qui a suivi était plus que méritée. « 99 homes« , c’est du bon cinéma. Un cinéma tendu, simple et vrai. C’est un cinéma qui a des choses à dire et qui les dit d’une très bonne façon. « 99 homes » parle avec assurance de son intrigue, sans tomber dans la leçon de moral, et c’est ce qui le rend d’autant plus puissant.

Puissant, le film l’est aussi dans sa mise scène. Très simple et efficace, le réalisateur oscille entre des scènes qui pourraient faire penser à un thriller avec ce qu’il faut d’intrigue et de tension, pour d’un coup partir dans des scènes terriblement émouvantes et d’une injustice infinie, si bien que l’émotion nous submerge. On regrettera simplement que parfois le film a tendance à traîner un peu en longueur, surtout sur la fin. Le rythme si soutenu jusque-là a tendance à baisser et le film a peut-être un petit quart d’heure en trop. Un petit quart d’heure où le réalisateur rame un peu pour conclure. Et c’est ce qui pourrait jouer en sa défaveur pour le Grand Prix du festival.

Ce qui fait l’une des très grandes forces de « 99 homes » après son sujet, c’est bien entendu ses deux acteurs qui sont absolument magistraux. Andrew Garfield, qui enlève le costume de « Spiderman« , peut de nouveau prouver l’étendue de son talent. Il est bien plus que « Spiderman » et renoue avec les rôles forts et marquants (on se souvient encore de « Boy A« , « Never let me go » ou The social network) qu’il avait au début de sa carrière. Ici, dans la peau de l’américain moyen qui va se retrouver à faire l’impensable pour faire vivre sa famille, le jeune comédien est bouleversant. Son personnage et le jeu de son acteur m’ont terriblement ému. En face de lui, pour l’une des relations les plus ambiguës de l’année, le réalisateur a choisi l’immense Michael Shannon qu’on ne présente plus. Le comédien démontre encore une fois qu’il est un acteur ô combien charismatique et ici, dans le rôle de cet agent immobilier véreux, il fait des merveilles. Et comme le scénario est très bien pensé et écrit, son rôle d’ordure finie est bien plus profond et touchant qu’il n’en a l’air quand on s’y intéresse un peu. Enfin, dans un petit rôle, on prend plaisir à revoir la trop rare Laura Dern.

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« 99 homes » est donc le premier coup d’amour de ce festival de Deauville. C’est un film bouleversant et touchant. Ramin Bahrani a fait un film fort en émotion, excellant dans sa manière de mettre dans la lumière les victimes de la crise et dans sa mise en scène, malgré quelques longueurs. Cette compétition commence alors on ne peut mieux et les autres films en compétition on a déjà un très beau concurrent. C’est donc, un film que l’on soutient.

Note : 18/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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