But du jeu :
Bruges, 1452.
Vous êtes un riche bourgeois à la tête d’un prestigieux quartier de la ville. Vous construisez des ateliers afin de produire de la dentelle, des vêtements de luxe et des bijoux. Parviendrez-vous à écouler votre marchandise au marché central ou préférerez-vous l’exporter via le port de Damme ?
Construisez également les plus beaux ponts au-dessus des canaux de la Venise du Nord et engagez les meilleurs maîtres d’œuvre.
Avis :
Les villes dont le climat est chaud et l’ambiance torride sont plutôt l’apanage des jeux de société, comme on peut le voir avec Tobago, Cuba ou encore Hawaii. Mais parfois, on obtient quelques petites surprises, dans des environnements auxquels on ne s’attendait pas forcément, comme La Venise du Nord, qui se déroule à Bruges, en 1452. Il faut croire que les mecs de Asyncron n’ont pas froid aux yeux, car mettre en avant une ville, certes belle, mais pas les plus réputées pour sa folle ambiance, et qui plus est, en plein Moyen-âge tardif, il fallait oser, dans une période où la folie apocalyptique l’emporte avec sa horde de putréfiés. Mais cessons de tergiverser, le jeu est-il bon ? Le thème est-il finalement attractif ? Avons-nous un petit gout de reviens-y ? Et pour paraphraser le film Bons Baisers de Bruges, c’est une putain de ville de conte de fées !
Bien évidemment, La Venise du Nord est un jeu de gestion. Il faut dire qu’avec un titre pareil et une époque comme celle-ci, il était assez prévisible de voir que l’on n’était pas devant un party game où la connerie était de mise. Donc dans ce jeu, il va falloir se développer, puis revendre sa marchandise pour marquer un maximum de points. Pour cela, il va falloir construire des ateliers, récolter des demandes d’achat et parfois quelques aides. Pour ce faire, nous avons deux dés. On choisit le résultat d’un dé pour notre déplacement sur le plateau, et l’autre résultat pour faire les actions de la case sur laquelle on est posé. Jusque là, rien de bien compliqué, tout en sachant qu’il est impossible de faire marche arrière quand on bouge. Chaque case possède son effet. Trois cases proposent de piocher des cartes, pour, par exemple, construire un atelier. Trois cases proposent de récolter de la matière première, deux cases permettent de revendre des matériaux et une case permet de faire de la vente à profit. Le système du jeu reste assez simple, on se déplace, on fait l’effet de la case, puis on gère son petit magasin. Et c’est là que le jeu devient beaucoup plus complexe. En effet, trois couleurs sont disponibles dans les matières premières, représentant à chaque fois un tissu différent. On pioche des cartes, pour faire des ateliers, mais pour faire ces ateliers, il faut de la matière première, et une fois l’atelier terminé, on peut faire les commandes. Du coup, le jeu demande une certaine aisance dans le contrôle de son atelier, mais aussi une certaine vision globale du jeu, car tout va assez vite et on est vite dépassé par les évènements. Le jeu peut se terminer de trois façons et bien souvent, c’est lorsque les cases vents sont pleines que le jeu s’arrête, en sachant que la première vente est celle qui rapporte le plus. Il faut donc être malin et surtout ne pas s’éparpiller sur plusieurs sortes de tissu. Quelques règles annexes viennent compliquer la chose avec la construction de ponts pour marquer des points en plus. Le jeu demeure assez difficile, surtout pour les néophytes, et une première partie d’approche reste nécessaire pour bien appréhender tous les mécanismes.
Au niveau du matériel, c’est comme le système de jeu, c’est très riche. Mais parlons avant tout du design. Le plateau est très original, car il s’agit d’hexagones qui forment un plateau de jeu assez étendu, représentant la ville de Bruges. Il reste très lisible et assez fonctionnel. Chaque joueur, quant à lui, va avoir un mini plateau pour placer ses cartes et compter ses points. Ce plateau est un peu plus compliqué, car il y a plusieurs jetons à gérer, mais l’éditeur a eu la bonne idée de mettre des couleurs différentes pour les compteurs de points et les matières premières du jeu. Le petit bémol viendra des cartes qui se ressemblent toutes malgré leurs différentes puissances. Bien entendu, tout cela reste assez fonctionnel et seuls les emplacements de cartes demeurent parfois un peu flous. Néanmoins, tout cela reste très beau et de bonne qualité. Mais encore une fois, un joueur non initié, ou plutôt traditionnel dans sa gamme de produit risque fort d’être déboussolé par tout le matos mais aussi par toutes les règles liées à son petit plateau et au grand plateau de jeu.
Au final, La Venise du Nord reste un jeu agréable, mais auquel il faudra faire plusieurs parties pour en saisir toutes les subtilités et surtout voir comment évolue une partie. L’autre risque, c’est que les parties auront peut-être la fâcheuse tendance à devenir redondante avec une stratégie identique à chaque fois, du style, je fais un stock de matières premières, j’ouvre mes magasins, je produis une seule couleur et je vends vite. Néanmoins, le jeu reste agréable et on peut avoir envie de refaire des parties, pour bien voir toutes les petites règles que l’on n’a pas encore saisies !
Note : 13/20