Résumé :
Votre fiancée a été enlevée par des membres de la Triade. Armez-vous pour la sauver.
Avis :
Lorsque la Wii est sortie, Nintendo avait créé la surprise grâce à son ergonomie pour le moins novatrice et pleine de promesses. Seulement, le succès commercial a quelque peu réfréné les ardeurs des développeurs les plus ambitieux pour donner une image « casual » qui collera à la peau de la console. Dès lors, la nouvelle façon de jouer rime surtout avec « reposons-nous sur nos lauriers ». Pléthore de titres éhontés ont masqués une minorité de softs qui, malgré leurs défauts, laissaient augurer un tout autre destin pour la Wii. Autant se pencher sur Red steel, FPS de lancement qui résume à lui seul cette impression d’être passé à côté d’un beau potentiel pour les années à venir.
Le premier contact avec le gameplay a de quoi surprendre et nécessite un petit temps d’adaptation pour assimiler les mécanismes. L’on songe notamment à la visée qui est loin d’égaler la précision d’un clavier et d’une souris. À mi-chemin entre une visée automatique et manuelle, le zoom exige une procédure contraignante (et une posture non moins stupide) en pressant un bouton, rapprochant la Wiimote de la barre de mouvements, viser et enfin tirer. Laborieux, l’on préférera s’avancer pour obtenir un meilleur angle de tir ou faire feu au hasard. Constat identique pour le lancement des grenades avec une localisation des dégâts assez sommaire. Niveau efficacité, l’on tend davantage vers une manette classique avec les errances qu’elle recèle.
Les duels au sabre permettent de varier les plaisirs avec des passages assez jouissifs au départ, mais redondants quand on assimile les réactions d’une I.A. pas toujours finaude (ce qui vaut aussi pour les fusillades avec des types qui restent trop statiques). En gros, il suffit d’éviter les coups puissants, contrer les plus faibles et contre-attaquer lorsque l’on voit une ouverture dans la défense adverse. On notera également la possibilité d’endommager l’arme de son ennemi en parant ses assauts au bon moment. Malheureusement, les petits malins qui s’acharneront à frapper sans la moindre stratégie parviendront à leur fin tôt ou tard, même si cela comporte le risque de se faire toucher entre-temps.
L’histoire s’axe autour d’une narration nerveuse et néanmoins d’une linéarité confondante. Les amateurs de cinéma asiatique y verront de multiples références à l’œuvre de John Woo, Ringo Lam et bien d’autres réalisateurs. Seulement, le scénario fait la part belle aux clichés et à un traitement plus que limite concernant les tenants et les aboutissants. L’on peut donc résumer l’intrigue en deux points : les rivalités des clans yakuzas ; sauver sa fiancée des griffes de l’ennemi. En l’absence de second degré et d’une approche aussi plate qu’une sole meunière, on se détache presque immédiatement des protagonistes et des événements qui laissent finalement indifférents.
L’on aurait apprécié une bande-son plus percutante pour appuyer l’ambiance générale. Les morceaux proposés sont d’une qualité inégale et l’on pestera contre un doublage français abominable. À cela, le level design manque cruellement d’originalité. Des hangars, des hôtels luxueux, des garages miteux… Seuls les environnements japonais se démarquent avec des effets sympathiques. L’on notera le peu d’éléments destructibles dans les décors et l’impossibilité de tirer à travers des passerelles grillagées. Tout juste a-t-on droit de renverser des tables ou de trouver des cachettes un peu trop efficaces pour tuer la chair à canon qui se présente sur l’aire de jeu.
On a beau se dire que Red steel date de 2006, il demeure des problèmes techniques navrants. Red steel est loin d’être une vitrine technologique pour la Wii. Outre une patte graphique banale, des animations trop raides (on se croirait aux premières heures de la gamecube et encore…), les ralentissements sont légion. Les temps de chargement impromptus sont récurrents et laissent à penser que la console frizz constamment, sans compter que le framerate reste souvent à la ramasse lorsque la quantité d’ennemis est trop importante dans une zone. Autrement dit, le plaisir de jeu est entaché par un retour à la réalité brutal. Pour l’immersion, on repassera.
D’une difficulté dosée pour le plus grand nombre, conclure le titre ne se révélera pas un défi insurmontable. Outre la présence des checkpoints qui empêchent de recommencer une séquence dans son entièreté, l’I.A. basique au possible et la jauge de vie qui se restaure automatiquement après un certain laps de temps seront des alliés de choix (ou de facilité). On reste avec une durée de vie qui lorgne sur la dizaine d’heures pour en venir à bout, mais sans la moindre rejouabilité. Pas de difficulté supérieure, encore moins de bonus à débloquer et un mode multijoueur qui n’a rien de plaisant. Chou blanc également pour les amateurs de scoring, puisque la fin de niveau se ponctue de statistiques et d’un classement peu encourageant pour perfectionner son parcours. Le contenu limité n’engage pas vraiment à se pencher de nouveau sur le titre.
Faute d’une finition bâclée, Red steel se révèle trop moyen pour en faire un FPS à conseiller. Ambitieux de proposer une autre manière de jouer, le gameplay souffre d’imprécision et de lourdeurs récurrentes. Ralentissements qui se répercutent dans une technique obsolète et une histoire sans grand intérêt. Peu d’ambiance et de surprises pour explorer des environnements ternes. Malgré une campagne principale à la durée de vie correcte, difficile de trouver une raison pour tenter l’aventure une seconde fois (à moins de vouloir en faire la critique). L’on retiendra la découverte de l’ergonomie de la Wii qui occulte les nombreux défauts du soft, une maigre consolation.
Note : 10/20
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Par Dante