De : David Fincher
Avec Ben Affleck, Rosamund Pike, Neil Patrick Harris, Tyler Perry
Année : 2014
Pays : Etats-Unis
Genre : Thriller
Résumé :
A l’occasion de son cinquième anniversaire de mariage, Nick Dunne signale la disparition de sa femme, Amy. Sous la pression de la police et l’affolement des médias, l’image du couple modèle commence à s’effriter. Très vite, les mensonges de Nick et son étrange comportement amènent tout le monde à se poser la même question : a-t-il tué sa femme ?
Avis :
Dans le petit monde du cinéma, certains noms donnent des frissons de suite. Il y a certains réalisateurs, de par l’excellence de leur cinéma, imposent d’emblée la curiosité sur chacun de leur projet. David Fincher fait partie de cela. Le réalisateur américain, de par sa rareté et l’excellente ligne directrice de sa carrière est surement l’un des seuls que je suivrais n’importe où et ça, même s’il annonçait qu’il mettait en chantier la vie rêvée de Bernadette Chirac à la campagne, c’est dire si j’ai confiance en ce réalisateur.
Après l’échec de son remake « Millénium« , qui était pourtant vraiment bon, le réalisateur a décidé d’adapter le roman « Les apparences » de Gillian Flynn, pour en faire un thriller pile comme on les aime. « Gone Girl » sera donc un grand film manipulateur et imprévisible, aussi jouissif que malsain, en gros un film signé David Fincher et l’on ne l’aurait pas imaginé autrement…
Nick Dunne s’apprêtait à fêter son cinquième anniversaire de mariage avec sa femme. Mais cet après-midi-là, quand il rentre chez lui, sa femme a disparu et il retrouve des marques de lutte dans la maison. De suite Nick prévient la police. Une cellule de crise est donc organisée. Très vite, la police découvre des indices laissant penser que la femme de Nick, Amy, est morte assassinée et au fur et mesure que les jours passent, tous les soupçons deviennent évidents et la police est presque sûre que Nick a tué sa femme. Mais comment l’inculper sans preuve, ni même arme du crime. De son côté Nick trouve d’autres indices qui indiquent tout autre chose. Qui a raison, qui a tort ? Qui manipule qui ? Et enfin, la plus grande question, qu’est-il réellement arrivé à Amy ce matin ?
Le cinéma de David Fincher, c’est un cinéma noir, sombre, glauque, qui fait froid dans le dos. Au fil des années, le cinéaste a su s’imposer comme l’une des plus belles valeurs d’Hollywood nous offrant régulièrement, mais avec parcimonie, des films puissants, qui en ont laissé beaucoup sur le carreau, encore allongé, en train d’hurler au génie et pensant au chef-d’œuvre qu’il venait de voir.
Après avoir réinventé le romantisme avec « Benjamin Button« , après nous avoir parlé de la plus grosse révélation des années 2000 avec « The Social Network » et s’être essayé au remake avec « Millénium« , David Fincher est de retour avec ce qu’il sait faire de mieux, le thriller et il va nous mettre complètement KO avec ce film qui s’inscrit de suite comme une référence dans la culture Fincherrienne.
Plus qu’un grand thriller, « Gone Girl » c’est plusieurs films à la fois et avant tout un film qui va aborder de manière incroyable les relations de couple. Car derrière le thriller et l’enquête policière pour savoir si oui ou non Ben Affleck aurait trucidé sa femme, « Gone Girl » parle avant tout du mariage, de sa routine, de son amour et de sa haine. Quand est-ce que la routine met en danger un couple ? Quand est-ce que l’on s’éloigne l’un de l’autre pour finalement n’être que des inconnus ? Quand est-ce que l’on franchit la ligne ? Et pourquoi on la franchit ? « Gone Girl » est surprenant de réflexion (même sur l’implication des médias, qui démesure une information ou qui s’implique trop) et d’humour noir et derrière toute la manipulation dont il fait preuve, en fin de compte, c’est un film profond et touchant qui s’offre à nous.
Mais ce n’est pas pour cela que David Fincher oublie de nous tenir en haleine, de nous divertir et même nous faire jubiler. Avec ce film, il nous a réservé un scénario impeccablement bien foutu et à la réalisation exceptionnelle. « Gone Girl » est parfaitement imprévisible et l’on se laisse prendre dans cette enquête, dans ces confessions et surtout dans ces retournements de situation. Le film est purement jouissif et l’intrigue est si bien menée qu’on a bien l’impression que le film ne va jamais finir. David Fincher trouve toujours quelque chose en plus pour emmener encore plus loin et repousser son générique au maximum et ça fonctionne très bien puisque l’on en redemande.
En plus d’avoir un scénario des plus terrifiants, le film jouit aussi d’une mise en scène exemplaire, qui nous rend malade. Comme à son habitude, le réalisateur, avec toute sa virtuosité, arrive à nous scotcher en un plan, une scène et retourne l’ambiance sensuelle, ou ensoleillée de son film, en un cauchemar éveillé des plus captivants. Un cauchemar soutenu par une bande originale des plus angoissantes et oniriques à la fois. Une BO encore une fois composée par le duo Trent Reznor et Atticus Ross, des indissociables du cinéma de Fincher. On peut même dire que cette BO est l’une des plus rudes de l’année. Dans tout le film, une scène en particulier, que je n’ai pas vu venir, m’a absolument séchée sur place et je suis resté sous le choc sans rien comprendre l’espace de quelques instants à ce qui se passait sur l’écran.
Si Ben Affleck s’en sort parfaitement dans le rôle de ce mari trouble qui ne sait pas trop comment réagir face au défoulement médiatique et à la perte de sa femme, je retiendrais particulièrement Rosamund Pike, qui est totalement oscarisable pour sa performance quasiment surréaliste. L’actrice à la présence fantomatique trouve enfin un rôle à la démesure de son talent. Elle est prenante, fourbe, électrique, magnétique, elle crève l’écran et a le don de nous surprendre par la perversité de son personnage. C’est avec un putain de plaisir que je découvre Neil Patrick Harris dans un autre genre de rôle et l’acteur qui donne dans le comique habituellement démontre ici qu’il peut faire d’autres choses et qu’il est excellent et intense. Dans « Gone Girl » il est pratiquement flippant. Le duo de flics mené par Carrie Coon et Patrick Fugit est tout aussi génial que le reste du casting.
David Fincher est donc venu imposer sa patte dans cette année bien fournie. « Gone Girl » s’impose désormais comme l’un des meilleurs films de l’année. Un film dans la pure tradition Fincherienne. J’en suis ressorti bouleversé, éprouvé, éreinté, agacé et subjugué, bref, j’en suis surtout ressorti KO.
Note : 20/20
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Par Cinéted
2 réflexions sur « Gone Girl »