Auteurs : Bruce Canwell, Scott Beatty, Chuck Dixon, Lee Weeks, Javier Pulido
Editeur: Urban Comics
Genre: Super-Héros
Résumé :
Jeune acrobate de cirque, Dick Grayson a vu ses parents abattus lors d’une représentation à Gotham City. Recueilli par le milliardaire Bruce Wayne, Dick perce le secret de sa double identité et devient Robin, le jeune prodige. Mais ses premiers pas en tant qu’assistant de Batman ne seront pas de tout repos.
Avis :
Parmi de nombreux super-héros, on n’oublie souvent que ces derniers ne sont pas seuls. Si certains récupèrent de l’aide à droite ou à gauche ou profite d’une association de super-héros, comme Avengers par exemple, d’autres sont constamment épaulés par un side-kick. On se souvient grandement de Kato qui est le bras droit du Frelon Vert ou encore de Abe Sapiens qui est l’équipier de Hellboy. Mais s’il ne faut en garder qu’un seul, ce serait bien évidemment Robin, l’acolyte de Batman. Malgré les changements d’identité (le premier Robin, Richard Grayson, est devenu Nightwing, le second s’est fait abattre et le troisième est toujours d’actualité) ce personnage est devenu emblématique de la saga de l’homme chauve-souris. Relativement indissociable, on le retrouve même dans les films et on espère une apparition dans le prochain métrage. Urban Comics décide alors de sortir un gros one shot, sobrement appelé Robin Année Un, et qui se concentre uniquement sur l’ascension du premier Robin, sa formation et son accession en tant que vrai partenaire. Et autant le dire tout de suite, c’est un tome qu’il faut acheter de toute urgence.
Le scénario n’a rien de bien surprenant. On commence dans le vif du sujet, avec un Batman aux prises avec des gangsters et il a déjà recueilli le pauvre Dick, orphelin, ayant perdu ses parents trapézistes à cause d’un accident fomenté par un mafieux. Robin s’entraine alors sans relâche et passe une épreuve pour devenir le véritable acolyte de Batman. C’est alors que vont s’enchaîner trois histoires ultra violentes avec le personnage de Robin comme pilier central.
Ce qui choque en premier lieu, c’est le graphisme. Javier Pulido, qui avait déjà officié pour Human Target, propose ici une version qui fait assez enfantine. Malgré la noirceur de Gotham, qui est assez bien retranscrite, tous les personnages semblent sortis d’un dessin animé. Cela sied étonnamment bien au personnage de Robin, puisqu’il s’agit d’un enfant, et on a presque la sensation de lire l’histoire à partir de son point de vue. On verra que cela ne sera pas le cas avec les interventions nombreuses d’Alfred, qui partage son point de vue sur la vie du jeune homme, son devenir et ses inquiétudes. En effet, le fait d’embaucher ce jeune orphelin et d’en faire un justicier ne va-t-il pas le rendre aussi sombre que Batman ? Cette question va hanter le lecteur durant tout le tome.
Mais le plus incroyable reste le décalage entre les graphismes et le ton des histoires. Tout est incroyablement sombre et surtout, hyper violent. Le premier segment parle de kidnapping d’adolescentes par le Chapelier Fou pour le compte d’un tyran asiatique, qui fait du fétichisme sur des fillettes blondes. Le thème est dur, cela est fait sans concession et c’est assez hallucinant de voir ça dans un graphisme joyeux. Le deuxième segment sera encore plus fou, puisque Double-face va piéger le duo de super-héros et va montrer son côté le plus sombre. Une séquence sera tout bonnement effroyable, donnant une sensation aussi forte que lors de la mort d’un personnage principal de The Walking Dead. On ressent la volonté de ne pas s’imposer de limites sur la cruauté des méchants dans Batman, qui va devoir frôler ses limites pour ne pas tuer quelqu’un. Enfin, le dernier segment est moins violent en termes de menaces physiques, mais il montre que Mister Freeze est un sale connard, voulant priver la ville de poches de sang pour les fêtes de Noël, et il sera sans pitié envers les médecins. Ces trois récits montrent aussi la difficulté pour un enfant de se faire une place en tant que héros, notamment dans une ville aussi sombre que Gotham.
Au final, Robin Année Un s’impose comme un indispensable pour tout fan de Batman et son univers. Ce qui fait sa particularité, c’est la différence entre le ton très dur et violent et son graphisme léger et presque juvénile. On peut dire que cela sonne juste, croisant ainsi la jeunesse insouciante de Robin par le dessin avec l’univers glauque et violent de Gotham par le ton. Une réelle réussite et un comics que l’on conseille ardemment.
Note : 18/20
Par AqME