avril 27, 2024

Crash

De : David Cronenberg

Avec James Spader, Holly Hunter, Rosanna Arquette, Deborah Kara Unger

Année: 1996

Pays: Angleterre, Canada

Genre : Drame, Erotique

Résumé :

James et Catherine Ballard, un couple dont la vie sexuelle s’essouffle quelque peu, va trouver un chemin nouveau et tortueux pour exprimer son amour grâce aux accidents de voiture. A la suite d’une violente collision, ils vont en effet se lier avec des adeptes des accidents…

Avis :

Dans le paysage cinématographique, David Cronenberg est un réalisateur très atypique. Cronenberg, c’est un cinéaste qui a un univers fascinant, un univers aussi étrange qu’hypnotique ou encore terrifiant. Alors qu’il fut très largement révélé dans les années 80 avec des films tel que « Dead Zone« , « La mouche« , « Videodrome » ou « Faux semblant« , pour ne citer qu’eux, les années 90 lui sont plus discrètes si l’on peut dire. Certes, il y a bien eu « Le festin nu » en 1992, mais les années 90, pour Cronenberg, vont être surtout marquées par un film. Un film qui fut accompagné lors de sa sortie de controverses, de polémiques, de scandales et autres interdictions dans certaines villes.

J’aime le cinéma de David Cronenberg, mais je dois aussi dire que comme tout cinéaste, il y a les films que j’apprécie et ceux que je n’apprécie pas. Puis il y a cette particularité dans le cinéma de David Cronenberg d’avoir des œuvres tellement atypique, tellement étranges et différentes dans ce qu’elles racontent, ou comment elles racontent leur histoire, que ces œuvres me dérangent, me poursuivent et au-delà de ça, elles sont si radicales, que je suis dans l’incapacité de savoir si l’expérience fut bonne ou mauvaise. D’ailleurs, je pense que c’est peut-être au gré de ces quelques lignes, en couchant mes fascinations et mes incompréhensions, que je pourrais me faire un avis. Peut-être ces lignes feront office de thérapie, et qu’à la fin, mes idées seront plus claires.

James est réalisateur, il vit avec Catherine, et le couple a une vie sexuelle qui s’essouffle quelque peu. Un soir, James fait un violent accident de voiture et cette collision ne le laisse pas indemne. Peu après sa sortie de l’hôpital, il va se rapprocher de Helen Remington, la conductrice du véhicule qu’il a percuté et ensemble, ils seront fascinés par les accidents de voiture et plus James s’enfonce dans cette fascination, plus sa vie s’en voit clairement transformée.

Il y a des films qui ne laissent pas indifférents, qu’on les ait appréciés ou non, il y a eu ce petit quelque chose qui a fait que le film fut une expérience comme on n’en voit pas si souvent que ça. Le cinéma de David Cronenberg fait partie de cette idée et au sein même de sa filmographie, il y a des œuvres qui sont plus marquantes que d’autres, et « Crash » peut prétendre à entrer dans le panthéon des œuvres les plus étranges du cinéaste canadien.

Que ce soit dans le pitch ou dans sa mise en scène, « Crash » a tout du film qui trouble, qui bouscule, qui fascine autant qu’il répugne et c’est la conjugaison de tous ces ressentis qui fait qu’à la sortie de cette séance pas comme les autres, on ne sait que penser du film et comment l’aborder. D’ailleurs, un second visionnage serait le bienvenu, mais encore faut-il avoir envie de se replonger de suite ou dans quelques mois dans toute cette morbidité, dans toute cette psychologie qui voit devenir des voitures accidentées des objets d’érotisme, de fantasme et d’excitation.

Adapté d’un roman de J.G Ballard qui fit son petit scandale à sa sortie, on voit d’emblée pourquoi David Cronenberg a voulu adapter ce bouquin, tant « Crash » est un film qui s’inscrit parfaitement dans la filmographie de son auteur. Il y a dans cette histoire beaucoup des thèmes qui fascinent Cronenberg depuis toujours. Les corps cassés, abîmés, la fascination de l’homme pour la machine, il y a des addictions, des phobies, « Crash » développe toute une psychologie et s’aventure dans les recoins les plus sombres de l’être humain. À travers cette histoire et ses personnages, David Cronenberg dresse des portraits glaçants, dont finalement, on ne sait trop quoi en penser tant tout s’entrechoque. Les personnages sont peu attachants, et pourtant ils sont ô combien fascinants et leur descente en enfer, au plus près de leurs névroses, de leurs pulsions, de leurs limites qu’ils ont toujours envie de repousser, donne lieu à un film étrange, addictif et en même temps repoussant, car plus « Crash » se dévoile, et plus il devient malsain et malaisant, au point qu’on finit par en être perdu.

On va être d’autant plus poussé dans ce sens-là, car « Crash » est un film qui met aussi très mal à l’aise. Comme toujours ou presque chez Cronenberg, il a cette façon si particulière de filmer ses personnages, leurs corps, et plus largement leur vie, mais avec « Crash« , l’intrigue, prétendant déjà au malaise, celle-ci n’est que renforcée par tout ce que le réalisateur va mettre en place. Entre situations sordides, courses poursuites fantasmatiques et une certaine folie que tiennent ses personnages, « Crash » se pose comme un film qui ne plaira clairement pas à tous, et plus que ça, j’ai même envie de dire qu’il est pour un public averti, car même si je savais là où je mettais les yeux, à aucun moment je m’attendais à un film pareil.

Au final, je suis quelque peu perdu à la sortie de ce film. Film assurément Cronenbergien, « Crash » est une expérience qui pousse nos sens. C’est un film qui fascine autant qu’il dérange. C’est un film qui n’est qu’une montée crescendo de violence, de malaise, de perversion et d’autodestruction. Inoubliable dans un sens, même si je ne regrette en aucun cas m’y être arrêté, d’autant plus que le film ressort sur beaucoup d’écrans, je suis ravi de l’avoir découvert au cinéma, il n’en demeure pas moins que l’expérience fut telle que je ne suis pas sûr d’avoir envie de la revivre. Je vais donc me laisser du temps, car le film demeure encore très frais, et malgré ces quelques lignes, je demeure toujours aussi indécis. Entre bon et mauvais, entre fascinant et répugnant, je ne saurais vous conseiller « Crash » de David Cronenberg, tant le film est une expérience et finalement, tout en sachant là où vous mettez les yeux, j’ai envie de vous dire de vous faire votre propre avis. Et même en sachant où vous vous aventurez, « Crash » sera au diapason de cela… Bref, ce film est une expérience.

Note : 12/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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