mars 19, 2024

Alice au Pays des Morts-Vivants – Mainak Dhar

Auteur : Mainak Dhar

Editeur : Outrefleuve/Pocket

Genre : Post-Apocalyptique/Horreur

Résumé :

Deadland, Inde. Du monde d’hier, il ne reste rien, juste les armes nécessaires à la survie. Depuis qu’un virus a réduit la quasi-totalité de l’humanité à l’état de zombies, le Comité Central règne sur cette partie du globe. L’instrument de son pouvoir : son armée, Zeus.
Alice, quinze ans, vit dans une communauté restée indépendante et libre. Pour tout école, elle n’a connu que celle du combat. Mais elle y excelle. Lors d’une patrouille, elle surprend un mort-vivant portant des oreilles de lapin roses qui disparaît dans un trou. Des rumeurs parlent d’un réseau souterrain où les Mordeurs se réfugient.
Sans l’ombre d’une hésitation, elle s’engouffre à sa suite. Et chute…

Avis :

Les zombies sont devenus, depuis l’avènement de la créature avec George A. Romero et son La Nuit des Morts-Vivants en 1964, une impressionnante machine à faire vendre tout et n’importe quoi. Pour preuve, on retrouve la créature dans de nombreux films destinés ou non au cinéma, mais aussi dans la musique, les séries et la littérature, quel que soit son format, aussi bien en manga (High School of the Dead), qu’en Comics (Marvel Zombies, The Walking Dead), qu’en bande-dessinée (Zombies ou La Nuit des Morts-Vivants). Même la littérature classique s’y est mise, avec parfois des livres sérieux comme des romans qui se veulent parodique à l’image d’Orgueil et Préjugés et Zombies de Seth Grahame-Smith. Le roman qui nous intéresse aujourd’hui n’est pas une parodie malgré ce qu’aurait pu laisser paraitre son titre, mais bel et bien un livre sérieux dans un monde post-apocalyptique où les zombies (ici appelés mordeurs) vivent dans un désert et sont sans cesse attaqués par des humains vengeurs. S’inspirant librement du roman de Lewis Carroll pour poser certains personnages, ce roman indien vaut-il le détour ?

Pour faire simple, l’histoire se concentre sur Alice, une jeune américaine qui vit en Inde car son père travaillait pour l’ambassade des Etats-Unis à New Delhi. Sauf que Delhi n’est plus, la faute à une invasion zombie et à une guerre sans merci qui a détruit la moitié de la planète, si ce n’est pas plus. Alice n’a pas connu le monde d’avant et n’a appris qu’à se battre contre les mordeurs. En tombant dans un trou alors qu’elle suivait un mordeur avec des oreilles de lapin, elle découvre que les zombies ne sont pas les monstres qu’ils semblent être et qu’ils sont régis par une reine mi-humaine, mi-zombie. Elle va alors montrer à Alice la vérité sur l’être humain, sur le gouvernement chinois qui est à l’origine de tout ce barda et qu’elle est l’élue pour mener la rébellion. Bref, on tombe rapidement dans les travers du genre où les humains sont les vrais méchants et les zombies sont de pauvres créatures qui tentent de survivre à leur propre condition. Car oui, ne nous y trompons pas, Alice au Pays des Morts-Vivants est un roman tout ce qu’il y a de plus classique et seul le changement géographique et les idéologies politiques trouveront un semblant de nouveauté.

Si on s’écarte un petit peu du sens profond de ce livre, ou tout du moins de ce premier tome, on est clairement dans quelque chose de très classique et qui ne révolutionnera pas le genre. Avec son livre, Mainak Dhar s’inspire des grands du genre comme Romero pour montrer la cruauté humaine et les manipulations politiques qui font que les mentalités sont si ancrées dans des clichés et des volontés d’hommes puissants. On retrouvera donc les grands méchants humains, qui font fi de leurs congénères tant qu’ils ont la main mise sur le pouvoir et l’argent. Remplacez ici les hommes politiques américains par des hommes politiques chinois et vous obtenez un Le Jour des Morts-Vivants version occidentale. Et c’est bien là tout le problème de ce premier roman qui n’invente rien tout en pensant qu’il innove quelque part. On noie le poisson en mettant deux/trois personnages d’Alice au Pays des Merveilles, mais cela ne change pas vraiment le fond qui demeure simpliste au possible. Tout comme les péripéties qui s’enchainent sans vraiment surprendre. On aura donc des combats assez denses, des mutineries, une Alice qui va devoir se transformer en meneuse d’hommes, etc… Bref, rien de bien nouveau, mais le style d’écriture demeure assez fluide et on ne s’ennuie jamais grâce à un format court (moins de 300 pages) et à un rythme très soutenu.

Si le roman ne réinvente pas l’histoire des zombies, montrant que finalement, c’est toujours l’homme qui est un loup pour l’homme, il se permet d’être un véritable brûlot contre l’empire chinois. Sans pour autant connaître les griefs qui existent entre l’Inde et la Chine, on ressent dans l’histoire de Mainak Dhar que l’empire du milieu n’est pas bien vu par les habitants de l’Inde. Pour preuve, les gardes rouges sont des soldats surentrainés qui ne font qu’exécuter les ordres qu’on leur donne, les généraux se fichent pas mal de leurs enfants quand ils les déshonorent et surtout, le comité central chinois décide de qui doit vivre et qui doit mourir dans un monde qui n’est plus que cendre. L’écrivain montre une critique acerbe sur un gouvernement qui se fiche pas mal de l’humain et qui continuera même si des zombies menacent l’humanité. Il vaut mieux régner sur un empire de rien que de ne pas régner. Ainsi, Alice au Pays des Morts-Vivants peut se voir comme un brûlot politique qui n’est pas très sympathique avec le gouvernement chinois, tenant même les Etats-Unis par les parties intimes. Il en résulte donc un livre assez hybride, qui mélange un divertissement de masse commun à un aspect politique très fort.

Au final, Alice au Pays des Morts-Vivants, du moins le premier tome, est un roman qui souffle le chaud et le froid et qui peut plaire comme il peut déplaire. Entre un côté politique très appuyé et très critique envers la Chine et un aspect post-apocalyptique/horrifique très classique ne réinventant rien dans le domaine du zombie, ce premier roman demeure intéressant par quelques aspects, mais aussi décevants par d’autres, n’arrivant pas vraiment à marquer le lecteur, même celui féru de chair putréfié. Un roman moyen en somme, qui a pour lui de se dérouler dans un pays où l’on n’est pas habitué à voir des zombies.

Note : 13/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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