avril 26, 2024

Esther

Titre Original : Orphan

De : Jaume Collet-Serra

Avec Vera Farmiga, Peter Sarsgaard, Isabelle Fuhrman, CCH Pounder

Année : 2009

Pays : Etats-Unis

Genre : Thriller

Résumé :

Après avoir perdu l’enfant qu’elle attendait, la fragile Kate voit ressurgir les douloureux souvenirs d’un passé qu’elle préférerait oublier.
Hantée par des cauchemars récurrents, et décidée à retrouver une vie de couple équilibrée, elle fait le choix, avec son compagnon John, d’adopter un enfant. A l’orphelinat voisin, Kate et John se sentent étrangement attirés par une fillette, Esther.
Mais Kate ne tarde pas à découvrir la face cachée de la  » douce  » enfant. Autour d’elle, personne n’a rien remarqué, et nul ne semble partager ses doutes et ses inquiétudes…

Avis :

Avec son nom de famille et son prénom, on pourrait croire que Jaume Collet-Serra fait partie de la nouvelle vague ibérique avec des talents tels que Jaume Balaguero, Paco Plaza ou encore Juan Antonio Bayona. Et à quelque part, c’est un peu le cas, sauf que Jaume Collet-Serra décide de partir immédiatement aux States pour faire son premier film, sans passer par la case Espagne. Il réalise alors en 2004 La Maison de Cire, un film d’horreur classique, mais qui se révèle plaisant et assez gore. Après un détour vers un film complètement raté, Goal 2 la Consécration, le réalisateur se lance dans un nouveau film d’horreur, Esther. Et c’est peut-être ce film qui va vraiment lancer sa carrière, se liant après coup d’amitié avec Liam Neeson, lui offrant des rôles de grand sauveur dans Non-Stop, Night Run, Sans Identité ou encore The Passenger. Mais revenons à nos moutons et à Esther, un thriller qui lorgne du côté de l’horreur et qui s’avère aujourd’hui encore très réussi, notamment grâce à une direction d’acteurs parfaite et une ambiance glaçante.

Avec ce troisième film, le réalisateur renoue un petit peu avec ce qui lui avait valu les yeux doux de certains producteurs et il semblerait que ce soit son genre de prédilection, même s’il commence à faire plus des thrillers d’action que des thrillers horrifiques. Le film démarre de façon assez étrange, puisque l’on va voir une femme qui fait une fausse couche et qui va avoir du mal à s’en remettre malgré la présence de deux enfants à la maison. Un traumatisme que le réalisateur décide de montrer de façon éthérée, avec des éclairages très forts, très crus, de manière à amener un certain malaise dans cette perte. On va rapidement se rendre compte que derrière ses atours de thriller glauque, Esther est aussi et surtout un film qui parle de la famille et de la relation que l’on peut avoir entre différents membres. D’un côté il y a la relation entre la femme et son mari, puis celles des parents envers leurs enfants. Il faut satisfaire tout le monde, ménager la chèvre et le chou avec les caractères de chacun et le film montre bien la difficulté de tout ça. Une fois Esther à la maison, c’est encore pire, les liens se fragilisent, les relations éclatent, les confiances se brisent et on voit qu’un petit élément perturbateur peut déclencher un immense maelström.

Bien évidemment, pour renforcer tout cela, le film va jouer à fond avec une ambiance assez glaçante et oppressante. Si l’élément déclencheur et l’arrivée d’Esther dans la famille, c’est aussi dû la mise en scène de Collet-Serra qui s’avère très efficace dans ce domaine. Esther déambule dans la maison comme un spectre, les parents n’ont plus forcément d’intimité et les enfants se retrouvent terrassés par cette menace qui joue avec leurs nerfs. Avec de lents mouvements de caméra, avec des apparitions furtives mais toujours efficaces et sans forcément user de jump scare, Jaume Collet-Serra arrive à installer une ambiance malsaine et prenante. On pourrait presque dire qu’il y a du James Wan dans cette réalisation. Si on ajoute à cela le fait que l’histoire se déroule en hiver, dans la neige et que la maison semble isolée du monde, on aura affaire à un film qui bénéficie d’une belle ambiance anxiogène.

Mais le film ne serait pas aussi efficace si les acteurs n’étaient pas aussi  au diapason. Vera Farmiga est, comme d’habitude, parfaite. Elle campe ici une mère fragilisée par la perte d’un enfant, mais qui possède aussi un lourd passif, puisqu’elle est une ancienne alcoolique et les liens de confiance avec son mari sont très fragiles. Elle possède une belle fragilité et son parcours dans le film va lui permettre de devenir de plus en plus sûre d’elle, de se dépasser pour sauver ses enfants. A ses côtés, Peter Sarsgaard est très bon lui aussi, même s’il a un rôle plus « bâtard », puisqu’on va le détester très rapidement. Il délaisse un peu ses enfants au profit d’Esther, il va renier sa femme, allant jusqu’à la faire interner pour qu’elle arrête de boire alors qu’elle n’a même pas recommencé. Il joue le type qui se fait berner du début à la fin, et à ce petit jeu, il est brillant. Et comment ne pas citer Isabelle Fuhrman, âgée alors de douze ans à l’époque, et qui joue une psychopathe de la plus belle des façons. Derrière son regard angélique et son sourire de façade se cache une grande malade qui aime faire du mal aux gens et qui ne s’en cache presque pas. Il est dommage que sa carrière ne soit pas plus abondante, la faute à un Hunger Games d’une banalité affligeante. Bref, tout le monde est bon et cela donne au film un cachet supplémentaire.

Au final, Esther est un thriller horrifique qui ne vieillit pas et qui fait monter la pression au fur et à mesure que le film se déroule. Entre une réalisation au cordeau, des acteurs parfaits et une ambiance qui fait froid dans le dos, Jaume Collet-Serra signe l’un de ses meilleurs films, si ce n’est le meilleur, et confirme alors son statut de réalisateur à surveiller. D’ailleurs, Esther est un film qui se re-regarde avec plus de plaisir que ses autres productions, qui commencent à toutes se ressembler, et c’est bien dommage…

Note : 17/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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