mai 1, 2024

Jul – Emotions

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Avis :

Le domaine du rap est un endroit où les imposteurs sont aussi nombreux que les vrais artistes. Plus que dans les autres styles musicaux, certains « artistes » aiment à alimenter une image de caïd, un destin tragique ou alors une enfance difficile. En fait, tous ces états de fait ne sont présents que pour apporter du charisme à des personnes qui n’ont finalement rien pour eux. Si l’on peut compter sur Booba, Kaaris, Sch et consorts, Jul rentre parfaitement dans cette catégorie tout en abordant le rap de manière différente sur la forme. En effet, ce qui peut expliquer le succès de Jul depuis deux ans, c’est sa propension à sortir des albums tous les quatre mois, mais aussi et surtout de mettre en avant une instrumentalisation plus dansante, plus rythmée que les autres rappeurs précités. Alors on pourrait croire à un renouveau dans ce milieu qui est un peu trop bouffé pour les pseudos gangstas et leur boîte à rythmes dégueulasses, mais il n’en est rien, puisque Emotions, qui est le cinquième album de Jul, n’est qu’un amas de débilités lancées les unes après les autres, sans aucun recul avec un talent rare pour l’écriture, si on la compare avec un élève de sept ans.

Originaire de Marseille, il fallait bien que le rappeur force son accent, à la manière d’un Soprano, mais uniquement pour dire des insanités. Si le premier morceau, Je Trace ma Route ne comporte pas de gros mots, ce ne sera pas le cas avec la suite, Allez le Sang, qui est certainement le titre le plus odieux de tout l’album. Si l’on excepte l’instrumentalisation un peu dansante et rythmé, les paroles sont le gros point faible de cet artiste. Empruntant à un champ lexical digne d’un enfant de CE1, le rappeur pose des rimes pauvres à tout bout champ et ne cherche pas à aller au fond des choses, ne parlant que de thèmes égocentriques ou de violence, ou du quartier ou de comment coucher avec une femme. Il est d’ailleurs étrange de voir le succès de Jul tant les paroles sont une catastrophe sur bien des plans. Entre les erreurs de liaison et les punchlines débiles (Toi t’es comme le rosé, tu m’as pris en traitre), le rappeur véhicule une mauvaise image auprès des jeunes. Entre les violences verbales ou cette exubérance dans la volonté de frapper les autres, l’exemple montré est décadent et d’une nullité affligeante. On devine facilement comment le type peut sortir trois albums par an ou encore une chanson par jour tant le style est d’une nullité affligeante et les messages parfaitement nauséabonds. On pourrait presque dire que Jul est un danger pour une jeunesse qui s’identifie à ces rappeurs, à leur style de vie et c’est désolant de voir que cet homme continue de faire un carton et que les enfants trouvent génial qu’ils disent autant de gros mots.

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Parce qu’il ne faut pas se leurrer, le principal attrait que trouvent les jeunes, c’est l’accessibilité des paroles, qui sont à leur niveau (à savoir, pas de mots complexes ou de recherche lexicale et grammaticale) et l’omniprésence des gros mots, insultes en tout genre ou punchlines abêtissantes. Et ce qui marche vraiment, c’est cette faculté à mettre des rythmes dansants. C’est bien simple, même si tout l’album est sur le même tempo, il se détache une certaine musicalité superficielle. Si parfois on tutoie les musicalités dignes d’un Collectif Métissé, parfois on flirte avec le zouk, ce qui ne s’allie pas vraiment avec le rap. D’autant plus qu’il n’existe pas de vrais instruments dans l’album de Jul, le jeune rappeur s’appuyant simplement sur des samples déjà existants ou des boîtes à rythmes identiques d’un titre à un autre. Et pire que tout, le rappeur ne possède pas de belle voix. Du coup, tous les morceaux sont à base d’autotune dégueulasse, ce qui rend l’ensemble imbuvable et à la limite de l’écoutable. Et quand on se tape ça durant 20 titres, il faut être soit endurant, soit sado-maso, soit être un enfant sans goût et sans assistance parentale. Et si certains doutent encore sur la médiocrité de Jul, il suffit d’écouter Mon Bijou, qui est un florilège de mauvais goût et de rimes pauvres, à savoir, je cite : t’es mon bijou, viens là je veux te faire un bisou, je t’aime habillée ou en pyjama, je pense à toi-même quand je suis dans la piscine. Mesdames, voici le gentleman de l’année.

Au final, Emotions, le dernier album en date de Jul est une catastrophe absolue. Complètement dénué de caractère ou de talent, le rappeur se cache derrière une violence latente, un autotune imbuvable et surtout une écriture calamiteuse que renierait un bon élève d’école primaire. Un succès inexplicable pour un album médiocre et dangereux. Cependant, en ce sens, Jul devient donc le mètre étalon de la merde auditive, et il est certain que tout, absolument tout, devient meilleur après lui.

  1. Je Trace ma Route
  2. Allez le Sang
  3. Je Pense à Eux
  4. J’Attends
  5. Rien à Cirer
  6. Emotions
  7. Mon Bijou
  8. Je Picole
  9. Mon Poto
  10. La Classe
  11. Fusiller
  12. Mon Petit
  13. Ciro
  14. On est Trop feat Ghetto Phénomène
  15. Vivre mes Rêves
  16. Toujours la Dalle
  17. C’est Rien
  18. Traître feat Wanted
  19. C’est pas Beau
  20. Où je Vais

Note : 00/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=3qvlVaI4RwI[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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