avril 26, 2024

Legend – Docteur Tom and Mister Hardy

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De : Brian Helgeland

Avec Tom Hardy, Emily Browning, Paul Anderson, David Thewlis

Année: 2016

Pays: Angleterre, France

Genre: Biopic, Policier

Résumé :

Londres, les années 60. Les jumeaux Reggie et Ronnie Kray, célèbres gangsters du Royaume-Uni, règnent en maîtres sur la capitale anglaise. À la tête d’une mafia impitoyable, leur influence paraît sans limites. Pourtant, lorsque la femme de Reggie incite son mari à s’éloigner du business, la chute des frères Kray semble inévitable…

Avis :

Les histoires vraies, les biopics, sont devenus légion dans le cinéma actuel. Il faut dire que c’est une manne intarissable d’histoires à raconter sans trop chercher un script original. D’autant plus que les faits réels ont tendance à apporter beaucoup de monde dans les salles. Et ce n’est pas la flopée de films biographiques sortant chaque année qui me fera mentir. J’en veux pour preuve avec The Danish Girl, Joy, The Program, Le Prodige, Chocolat, Experimenter, Steve Jobs et bien d’autres encore. Seulement, la force de Legend ne réside pas forcément dans son atout « d’après une histoire vraie », mais plutôt dans sa performance d’acteur et dans la gémellité qui lie les deux personnages principaux. Un seul acteur, deux rôles, Tom Hardy n’est pas le premier à s’y essayer (on se souvient notamment de Jeremy Irons dans Faux-Semblant de Cronenberg), mais il faut dire que l’idée encourage à aller voir ce biopic qui a des faux-airs de policier. D’autant plus que le jeune acteur est en train de devenir une référence dans le cinéma contemporain après avoir écopé de rôles difficiles comme celui de Bronson, de Mad Max Fury Road (mutique et énervé) ou encore du futur The Revenant qui promet d’être un film âpre et violent. Mais consécration ou enterrement prématuré, que vaut vraiment la prestation de Tom Hardy dans Legend, et que vaut vraiment le film ?

LEGEND

Au-delà des qualités d’interprétation, le film se déroule en deux vitesses. Et c’est sûrement cette rupture de ton au niveau du climax fratricide qui va plus ou moins causer un léger déséquilibre au sein de la narration, mais aussi au niveau de l’ambiance. Démarrant avec une voix féminine de ce qui sera la future femme d’une des deux jumeaux, le film s’ouvre sur un personnage attachant, sympathique, mais qui tient son affaire d’une main de fer sans pour autant paraître dangereux. Une mise en scène élégante qui fait étalage des grandes différences entre les deux jumeaux. L’un est plutôt stable alors que l’autre est un aliéné qui peut péter les plombs à n’importe quel moment.

Mais de ces moments durs où l’on nage dans le milieu de la nuit londonienne dans les années 60 va naître un ton léger, presque badin, effleurant les coutumes amoureuses d’une époque révolue. En plus de la dichotomie entre les deux frères, on notera un nivellement entre ce qu’il se passe à l’écran, et la violence graphique de certains moments, et la légèreté des dialogues où se lit l’insouciance des jumeaux. Sans jamais perdre le spectateur sur la ligne directrice choisie, Brian Helgeland dresse un portrait attachant et presque romanesque de la vie des deux frangins.

La mise en scène est d’ailleurs élégante, alternant des plans très séquencés avec des plans-séquence simples mais très efficace, le scénariste de L.A. Confidential emmène son spectateur où il veut, entre romance et film policier. Mais la principale réussite du film réside dans la performance de Tom Hardy. Jouant deux rôles, il est absolument parfait dans cette rivalité qui finalement lie les deux frères. D’un côté charmeur et stable, il arrive à jouer la folie à la perfection avec une intonation différente et un jeu incroyable. Il est si fort qu’il arrive à faire oublier qu’il n’y a qu’un seul acteur derrière ces deux personnages. Malheureusement, sa prestation est si imposante qu’il étouffe tous les autres rôles et seconds couteaux comme Paul Anderson, pourtant fort sympathique ou encore Sam Spruell en petite frappe qui accumule les conneries. Seule Emily Browning tire son épingle du jeu en étant l’atout charme et la baby doll est absolument sublime dans ce rôle, entre fragilité et douceur dans un monde de brutes. Elle retrouve là un rôle à la hauteur de son talent, tant elle s’est faite discrète après Sucker Punch de Zack Snyder.

Malgré tout, le film perd de son intensité après le climax. Rupture nette de ton, le film devient plus noir, abandonne sa légèreté au profit d’un film policier plus sérieux mais aussi plus académique. Devenant presque transparente, la réalisation devient quelconque et n’arrive plus à fournir des plans iconiques comme on pouvait en avoir au début du métrage. De ce fait, le film devient plus académique, pas plus violent, mais il perd cette légèreté salvatrice qui le sortait du carcan du biopic de gangster qu’il faut noircir à tout va. Bien entendu, le film se suit mais il perd en intensité.

Intensité qui se délite un peu plus dans un procédé douteux autour de la voix-off qui va tenter, dans une pirouette maladroite, de proposer un twist malvenu et sans grand intérêt. C’est-à-dire que l’on arrive à un point névralgique du scénario et qu’il fallait faire un choix drastique, soit ne pas avoir de voix-off du tout, soit ne pas faire ce qu’il se passe dans le film pour garder une pointe de crédibilité. Enfin, dernier point sensible, le film ne se concentre quasiment jamais sur les conséquences des actes des deux frères.

Il manque réellement un impact sociologique dans le film, ce qui aurait donné plus d’ampleur aux personnages. Brian Helgeland se contente de relater des faits et de narrer de manière assez linéaire la dualité, mais aussi l’amour qui unit les deux frères sans pour autant chercher plus loin. Alors on pourrait croire que le film ne fait que survoler son sujet, et dans un sens c’est la vérité, mais on ne peut juger le choix artistique du réalisateur qui préfère parler de la vie privée des gangsters plutôt que de leur impact dans le Londres des années 60.

LEGEND

Au final, Legend est un film à deux vitesses, mais qui arrive in extremis à trouver un équilibre brinquebalant dans le jeu de Tom Hardy et dans une première partie relativement légère tout en abordant la violence de la guerre des gangs. Il est surprenant que le film perde autant en intensité en laissant de côté un humour ravageur et salvateur au profit d’un film plus noir et plus académique sur sa deuxième moitié. Il reste néanmoins un Tom Hardy impressionnant qui justifie presque à lui seul le titre du film.

Note : 15/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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