avril 18, 2024

Baroness – Purple

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Avis :

Qu’est-ce que le sludge métal ? Apparu au milieu des années 80, le sludge caractérise un rythme lent mais avec des sonorités lourdes, pesantes, instaurant une ambiance dépressive avec son lot de paroles nihilistes. Empruntant aussi bien au punk, qu’au grunge ou qu’au Doom métal, le Sludge devient un sous-genre à part entière du métal. Si certains groupes se sont spécifiés dans ce sous-genre, d’autres s’amusent à le mélanger à d’autres envies comme Alice in Chains qui le mêle avec le Stoner ou encore Baroness qui le fusionne avec le métal progressif et le rock. Et ça tombe bien, puisque le groupe originaire de Savannah revient fin 2015 avec un quatrième album aux couleurs violettes. Continuant sa thématique des couleurs et après le rouge, le bleu, le jaune et le vert, c’est au tour du violet de pointer le bout de son nez. Un album aux saveurs particulières puisque après un terrible accident de bus (une chute d’un viaduc), le bassiste et le batteur prirent une décision sans équivoque, quitter le groupe. Et il n’est jamais facile de reprendre le chemin des studios avec une toute nouvelle équipe pour fournir un quatrième album. Mais John Baizley n’est pas un bleu et il va montrer que Baroness n’est pas fini, loin de là.

Le skeud débute avec Morningstar, un morceau énergique et qui envoie des riffs très lourds d’entrée de jeu. Mais bizarrement, ce sera surtout la structure même du morceau qui sera déroutante. Oscillant toujours entre rock progressif et métal, on a l’impression que le groupe se cherche et pourtant, l’ensemble reste cohérent. En fait, le morceau est relativement exigeant et nécessitera plusieurs écoutes pour pleinement l’apprécier. Et ce sentiment d’efforts pour apprécier chaque titre à sa juste valeur sera le crédo de l’album. Vraiment difficile d’accès à cause d’une voix qui n’est pas toujours en accord avec le rythme de la musique, avec des ruptures parfois incongrues, avec des breaks qui virevoltent dans tous les sens, autant dire que le skeud ne sera pas une balade en sentier balisé. Et si Shock Me est un poil plus carré que le premier morceau, notamment grâce à un joli solo de gratte, il reste tout de même en dehors de ce que l’on peut entendre dans le sludge ou même le prog. Bien évidemment, le summum de cette sensation sera avec la pièce maîtresse de l’album, Chlorine & Wine, un titre qui dépasse les six minutes et qui se veut à la fois énergique et plein de ruptures inattendues. Attention, l’album n’est pas mauvais, bien au contraire, il est très bon, mais il demande un certain temps d’adaptation et il n’est pas certain que les auditeurs d’aujourd’hui aient la patience pour un tel album. Et c’est dommage, car c’est rempli de bonnes choses, à l’image de Fugue, une ballade relativement courte mais diablement efficace.

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Néanmoins, tout n’est pas parfait non plus dans le skeud et certains titres ne marquent pas assez l’auditeur. A titre d’exemple, on peut citer Try to Disappear qui est plus cadré que les autres morceaux, mais qui du coup est en deçà de nos attentes. Le groupe ne trouve pas l’équilibre adéquat sur ce titre pour en faire quelque chose de marquant. Par contre, il réussit son pari de rendre le refrain entêtant, chose difficile sur d’autres titres. Kerosene est un morceau intéressant et pêchu, mais il commence comme un Avenged Sevenfold pour partir ensuite vers quelque chose de plus punk et c’est assez déroutant, même si au final, le titre reste hyper efficace. Au niveau des ruptures, difficile de faire mieux que Desperation Burns, un titre sympathique, lourd, mais qui ne marque pas suffisamment les esprits, malgré son aspect plus sludge que les autres. En fait, si au niveau technique c’est vraiment irréprochable, le groupe manque de riffs rentre-dedans pour marquer un peu plus le clou. C’est-à-dire que les morceaux sont bons, c’est indéniable, mais il manque une certaine simplicité sur certains breaks et lorsque le groupe trouve cette simplicité (Try to Disappear), il ne l’utilise pas à fond, en faisant un titre manquant vraiment d’équilibre. Du coup, on oscille entre deux genres, pas incompatibles, mais si l’un prend le pas sur l’autre, c’est moins bien.

Au final, Purple, le quatrième album avec pour thème une couleur de Baroness, est plutôt satisfaisant et demeure l’un des meilleurs dans le domaine du rock progressif et du sludge. Techniquement infaillible, on pourra regretter toutefois un manque de violence sur certains titres et parfois même un manque d’équilibre au sein des morceaux pour les rendre soit plus complexes, soit plus accessibles. Néanmoins, Purple reste un excellent album, exigeant, mais magnifiquement produit.

  1. Morningstar
  2. Shock Me
  3. Try to Disappear
  4. Kerosene
  5. Fugue
  6. Chlorine & Wine
  7. The Iron Bell
  8. Desperation Burns
  9. If I Have to Wake Up (Would You Stop the Rain ?)
  10. Crossroads of Infinity

Note: 15/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=DnYO7iQfQDQ[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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