mars 19, 2024

Pandemia – Franck Thilliez

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Auteur : Franck Thilliez

Editeur : Fleuve Noir

Genre : Thriller

Résumé :

L’homme, tel que nous le connaissons, est le pire virus de la planète. Il se reproduit, détruit, étouffe ses propres réserves, sans aucun respect, sans stratégie de survie. Sans Nous, cette planète court à la catastrophe. Il faut des hommes purs, sélectionnés parmi les meilleurs, et il faut éliminer le reste. Les microbes sont la solution.  » Après Angor, une nouvelle aventure pour Franck Sharko et Lucie Henebelle. Et l’enjeu est de taille : la préservation de l’espèce humaine.

Avis :

Semblables à des tueurs en série microscopique, les virus sont des organismes à la simplicité aussi désarmante que redoutable. Et même insaisissables, si l’on est dépourvu des compétences nécessaires à leur capture. En général, ils sont un terrain propice pour des scénarios catastrophes ou apocalyptiques. Pandémies mondiales, absence de remèdes, virus non répertoriés ou symptômes peu ragoûtants sont autant d’éléments indispensables pour divertir tout en éveillant les consciences à une menace invisible et néanmoins tangible. Il est un autre domaine où ces organismes microscopiques aiment à se propager : le thriller scientifique.

On connaît Franck Thilliez pour nous offrir des récits soutenus par une solide documentation qui s’appuie sur des hypothèses et des découvertes probantes. Par conséquent, il en découle un réalisme fort au fil de recherches aussi singulières que déstabilisantes. Avec Pandemia, dont le final d’Angor laissait présager l’imminence de sa sortie, l’auteur mène de front une double investigation. Certes, l’approche pour départager un roman sur deux histoires parallèles n’est pas des plus novatrices et fait souvent partie de la caisse à outils de l’écrivain. Pourtant, la nature des deux enquêtes interpelle.

Entre des disparitions inquiétantes, une série de meurtres inexpliquée et la propagation d’une souche mutante de la grippe, il faut endiguer le fléau de la maladie et retrouver le responsable. En somme, trouver le coupable et l’arme du crime qui continue à faire des ravages. L’intrigue joue autant sur le suspense d’un thriller au sens classique du terme que sur la paranoïa générée par une contagion à grande échelle. Il en résulte une tension permanente qui monte crescendo via des chapitres assez courts et habilement construits pour ressentir la menace latente du virus.

Les différents aspects de l’histoire s’équilibrent au fil de la progression sans jamais se perdre en digressions ou en errements inopportuns. Chaque élément a son importance et n’égare pas le lecteur dans des explications téléphonées. Les pistes sont aussi claires que les nombreux exposés propres à mieux comprendre le fonctionnement d’un virus, sa dangerosité et l’organisation sous-jacente qui découle d’une éventuelle contamination. Malgré la structure et la préparation, il persiste néanmoins toujours un doute que l’on sent poindre lors des moments clefs ou des séquences plus délicates.

Ce n’est pas pour autant qu’il faille en oublier une atmosphère glauque. Avec des mises en scène travaillées, les crimes font preuve d’une rare brutalité au même titre que le modus operandi du tueur. De la traque au cœur d’endroits inattendus (l’incursion dans les recoins putrides des égouts de Paris) jusqu’à l’exploration du Darknet (assez anecdotique, en dépit de sa portée), on a droit à une bonne dose de sordide qui ravira les amateurs. Le tout avec une réflexion sur la nature du mal et de la violence. Une question récurrente que l’auteur évoque souvent au sein de ses ouvrages, comme dans Le syndrome E ou Angor.

Loin d’être un ersatz de Gataca auquel il emprunte un aspect scientifique prépondérant sur fond de meurtres, Pandemia se révèle un thriller singulier mené de mains de maître. En jouant sur deux fronts différents, Franck Thilliez nous offre une intrigue intéressante à plus d’un titre (deux récits à la fois dissemblables et complémentaires) où le suspense est permanent. D’une part la peur et la paranoïa qui s’installe sans pour autant sombrer dans le catastrophisme. D’autre part, la traque d’un mystérieux individu qui n’est pas sans évoquer quelques sombres conspirations de l’ombre. Il en ressort une lecture fluide au sein d’une atmosphère pour le moins particulière et indéniablement immersive.

Note : 16/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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