mars 19, 2024

Le Jeu de l’Ombre – Sire Cédric

jeu-de-l-ombre-01

Auteur : Sire Cédric

Editeur : Le Pré aux Clercs

Genre : Fantastique

Résumé :

Mais que pouvait bien chercher Malko Swann Une overdose d’adrénaline, la sensation ultime, le sentiment de liberté ? Pourquoi roulait-il aussi vite en pleine nuit sur une route de campagne étroite et sinueuse jusqu’à faire une chute de trente mètres en bas du pont du Diable ? Atteint d’un traumatisme inexplicable, le musicien est désormais incapable d’entendre la musique. Mais il ne s’agit que du début de sa déchéance. Dans l’ombre, quelqu’un l’observe… quelqu’un qui veut jouer avec lui. Un jeu a goût de sang… Il s’engage alors dans un combat désespéré.

Avis :

Grâce à des histoires mélangeant parfaitement le surnaturel et le réel, Sire Cédric est devenu incontournable dans un genre souvent efficace, mais qui manque parfois d’une touche singulière et inattendue. Cette touche, l’auteur aveyronnais la distille dans son œuvre où le fantastique et l’horreur s’invitent dans des enquêtes prenantes et immersives au possible. Bien sûr, les éditeurs mettent en avant des termes assez vendeurs comme « le Stephen King français » pour attirer le regard. Cela s’est déjà vu dans d’autres cas de figure. Même si ce rapprochement n’est pas erroné, il serait plus judicieux de comparer le romancier à Clive Barker.

Et pour cause, sa plume ensorcelle, tourne et retourne les émotions dans une poésie macabre où chaque mot est voué à faire frémir son lectorat. Grâce à une atmosphère lourde qui s’amuse à la lisière de nos perceptions, l’intrigue vaque de faux-semblants en revirements de situation. Le jeu de l’ombre ne déroge pas à la règle même si, contrairement à ses prédécesseurs, l’aspect fantastique paraît moins présent aux premiers abords. En effet, l’histoire s’attarde davantage sur la manipulation au sens large du terme afin de remettre constamment en question les a priori que l’on s’est forgés au fur et à mesure de la trame.

La progression se fait sans heurt avec des points de vue fluides et complémentaires qui s’entrecroisent pour finir par se percuter de plein fouet. L’habileté de l’intrigue n’a d’égal que son originalité à nous surprendre dans sa dernière ligne droite. Entre les investigations qui resserrent l’étau et la folie croissante de Malko, Sire Cédric fait montre d’une grande maîtrise dans l’exposition des faits. On se laisse porter des situations dissonantes et/ou inextricables en regard des conséquences. Pas le moins du monde redondant ou rébarbatif dans les moments plus « posés », Le jeu de l’ombre entretient une tension permanente.

Le sujet principal, à savoir l’amusie, est exploité sans complaisance grâce à un traitement efficace et subtil où les sons (ou l’absence de sons) deviennent une obsession, un signe annonciateur d’un malheur ou pire encore… Là encore, les descriptions s’avèrent originales pour communiquer non pas ce que l’on voit ou sent, mais ce que l’on entend (ou pas). Cela peut paraître abstrait, sans doute déstabilisant, il n’en demeure pas moins que les mélodies s’envolent dans notre esprit au gré des pages, au même titre que les espoirs de Malko Swan.

On retrouve aussi une palette de protagonistes éclectiques et réalistes. En tête de gondole, l’imposant Alexandre Vauvert qui se montre égal à lui-même, soutenu par une équipe non moins impliqué dans leur travail. À cela, s’ajoutent des caractères antipathiques tels de Malko Swan, célébrité arrogante et égocentrique qui limite le monde à ses frasques et ses mœurs légères. En somme, le parfait enfoiré dont on se délecte du sort qu’il subit. Néanmoins, il ne faudrait pas conclure que les individus disposent d’une simple facette. L’apparent manichéisme révèle d’étonnants rebondissements.

Au final, Le jeu de l’ombre est un thriller fantastique au sens propre comme au figuré. Entre une intrigue saisissante, une atmosphère singulière et unique, un suspense savamment entretenu et des personnages mémorables, nous avons droit à un mélange des genres exquis, mais aussi à une rare maîtrise dans l’écriture avec des tournures fouillées. Parfait amalgame entre une complexité sous-jacente et l’apparente simplicité des mots, cette signature est la marque des grands romanciers. N’en doutons pas que Sire Cédric en fait partie avec une constance bluffante dans l’excellence de ses histoires.

Note : 18/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.