avril 20, 2024

Beck – Morning Phase

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Avis :

Selon Pierre Bourdieu, la psychologie d’un enfant est caractérisée par son habitus primaire. C’est-à-dire que l’enfant est forcément influencé par ce qu’il se passe chez lui, autour de lui, dans son environnement proche. Ainsi, si un enfant a la chance de naître dans une famille qui lui montre et lui inculque des choses sur l’art, la nature ou la musique, cet enfant aura une prépondérance pour ce genre artistique. Beck n’échappe pas à cette règle, puisqu’il est nait au sein d’une famille de musicien. Son père est chef d’orchestre et arrangeur de cordes alors que sa mère est une danseuse du Velvet Undergound ainsi que la fondatrice d’un groupe punk satirique, Black Fag. Bien évidemment, le jeune garçon baigne dans un environnement propice à la musique et c’est sans surprise qu’il sort plusieurs albums qui auront des succès plus ou moins retentissants. Alors qu’il sort quelques albums sous des labels indépendants, son vrai gros succès reste et restera Loser qui sort en 1994 et qui est présent dans l’album Mellow Gold. Mais ce qui fera la spécificité du chanteur et guitariste, c’est que de plutôt se reposer sur un style qu’il maîtrise, il va à chaque fois tenter de nouvelles expériences. C’est pourquoi avec Odelay, il s’oriente plus vers le blues puis change par la suite pour osciller entre des albums acoustiques et des albums un peu plus foufous, allant vers le rock psychédélique ou la musique lounge, calme et à ambiance. Morning Phase est son neuvième album sous un gros label et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas un album qui va faire grand bruit, dans tous les sens du terme.

La première chose qui frappe quand on écoute l’intégralité de cet album, c’est la platitude. En effet, on aura à aucun moment un morceau qui change de rythme, qui accélère le tempo ou qui change complètement de registre. A la manière d’un Vincent Delerm ou d’une Cœur de Pirate, Beck livre un album monotone et qui pourrait s’avérer aussi ennuyeux que l’intégralité des carrières des deux artistes précédemment cités. Mais malgré ce tempo lent et cette impression de morne plaine, Morning Phase va révéler quelques facettes intéressantes et sera ponctués par quelques fulgurances insoupçonnées.

S’appuyant sur une intro aussi lénifiante qu’inutile que l’on retrouvera à la quasi identique au milieu de l’album (Cycle et Phase), le début de l’album laisse à désirer et tombe dans la facilité avec deux titres qui représentent exactement la totalité de l’album, menant un tempo identique, un petite guitare légère, une voix qui surnage et un ennui profond. On ne peut pas dire que Morning et Heart is a Drum vont emporter les foules. On retrouvera cette monotonie dans d’autres titres qui se veulent encore plus planant comme Unforgiven ou encore Wave qui sera le point culminant de l’emmerde dans le skeud.

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Mais l’album est tout de même parcouru par quelques fulgurances qui ne sont pas sans rappeler les Beatles, rien que ça, ou d’autres groupes qui gravitent autour de la scène folk et blues. On peut citer par exemple l’exceptionnelle piste Country Down, avant dernier morceau du skeud et qui un titre folk pop servi par une voix parfaite et une rythme lent mais bercé par une guitare d’une grande qualité. L’ajout de l’harmonica emmène une vague de d’émotion non négligeable sur ce grand morceau et vraisemblablement l’album vaut l’écoute rien que pour cette pièce. Bien entendu, d’autres titres sont très bons comme Don’t Let It Go qui fait immédiatement penser à une ballade de Bruce Springsteen par exemple et qui rentre parfaitement dans le rythme lent de l’album mais qui possède une certaine aura et une grande beauté, notamment dans son refrain. On peut aussi citer Say Goodbye, parfait morceau folk où Beck laisse éclater sa voix si particulière avec un banjo en second plan qui est juste excellent. Bien évidemment, d’autres morceaux sont plus transparents mais ils demeurent sympathiques comme Blue Moon, plus aérien ou encore Blackbird Chain qui se rapproche un peu trop d’un titre des Beatles.

Au final, Morning Phase, le dernier album de Beck, n’est pas un si mauvais album que ça. Si le skeud souffre d’une monotonie qui lasse au bout d’un moment, il faut reconnaître que certaines pièces sont vraiment excellentes et montrent toutes les influences du chanteur, en passant du blues ou rock. Il s’agit donc d’un album lent, sans soubresaut, qui peut dérouter et ennuyer mais qui réserve quelques passages pas si dégueulasses que cela.

  1. Cycle
  2. Morning
  3. Heart is a Drum
  4. Say Goodbye
  5. Blue Moon
  6. Unforgiven
  7. Wave
  8. Don’t Let it Go
  9. Blackbird Chain
  10. Phase
  11. Turn Away
  12. Country Down
  13. Waking Light

Note : 12/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=_6Zp84XH6Eo[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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