Le Fantôme de l’Opéra

Titre Original : Phantom of the Opera

De: Arthur Lubin

Avec Claude Rains, Susanna Foster, Nelson Eddy, Edgar Barrier

Année : 1943

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

La prometteuse soprano Christine Dubois est une jeune femme très courtisée, à la fois par le chanteur lyrique Anatole Garron et l’inspecteur Raoul D’Aubert. Mais elle a également un prétendant secret, ancien violoniste de l’Opéra de Paris défiguré par une projection d’acide, qui hante les catacombes de l’édifice…

Avis :

La littérature française classique a toujours attiré beaucoup de scénaristes et de réalisateurs. A défaut de passionner les collégiens et lycéens, cette littérature fait la part belle aux mystères et au fantastique, quand elle ne dépeint pas une société misérabiliste ou une guerre entre deux clans d’enfant. Depuis toujours, ces livres, comme La Guerre des Boutons de Louis Pergaud, Les Misérables et Notre-Dame de Paris de Victor Hugo, Le Fantôme de l’Opéra de Gaston Leroux, se sont vus adaptés en film. Pour le Fantôme de l’Opéra, dès 1925, un premier film sortira avec Rupert Julian aux commandes. Si le film qui nous intéresse est le deuxième d’une longue saga, il est bon de savoir que par la suite, pas moins de 3 autres métrages seront faits, dont un par Dario Argento, alors en perte de vitesse. Mais pour comprendre toutes les versions de cette histoire, il est parfois bon de se replonger dans un classique, et c’est la version d’Arthur Lubin de 1943 qui nous fait de l’œil.

Serait-ce un porno en costume ?

Le Fantôme de l’Opéra raconte l’histoire d’un violoniste qui n’a plus la capacité de jouer dans l’orchestre, la faute à une main tremblante. Mécène secret d’une chanteuse soprano dont il est éperdument amoureux, il s’inquiète de son licenciement car il n’a plus un sou. Il va alors essayer de vendre ses créations pour continuer à payer en secret des cours à la chanteuse. Alors qu’il va chez l’éditeur le plus connu, il entend l’une de ses mélodies. Pensant que l’éditeur veut lui voler son travail, il est pris de rage et tente d’assassiner le patron. C’est alors que son assistante lui jette un bain d’acide à la figure. Défiguré, l’ancien violoniste se réfugie dans le théâtre avec un masque pour cacher sa cicatrice. Il va alors écarter toutes les prétendantes au poste de soliste dans le prochain opéra pour placer sa bien-aimée. Il va aller de la menace au meurtre et une enquête va être menée.

Il faut savoir que ce n’est pas le premier métrage horrifique d’Arthur Lubin et en ce sens, on pourrait croire que Le Fantôme de l’Opéra sera une réelle expérience horrifique dans un lieu baroque, propice au gothique. Ce ne sera malheureusement pas le cas, car si le film n’est pas mauvais, il joue très peu sur le registre de l’horreur. Allant plus sur l’aspect dramatique de la situation et essayant de jouer sur l’empathie créée par le personnage principal, le film délaisse l’épouvante au profit d’une histoire d’amour maudite. Difficile de dire si le film est fidèle au roman quand on ne l’a pas lu, mais d’un autre côté l’ambiance reste assez proche de la fin du XIXème siècle début XXème siècle. Et cette atmosphère est plutôt réussie. Les décors sont sublimes, le côté gothique est bien retranscrit tout comme les passages d’opéra qui restent agréables. On notera par contre une séquence vraiment forte et bien foutue, lors d’une course-poursuite dans l’opéra qui se terminera dans les cordes maintenant tout le décor.

Seulement, le rythme sporadique du film demeure un point faible. Sans jamais vraiment entrer dans l’horreur comme l’a pu faire un Frankenstein ou un Dracula, le film alterne les phases d’apparition du « fantôme » et les moments d’opéra. Si parfois le monde de l’opéra est dépeint avec un certain cynisme (il suffit de voir l’humeur d’une des cantatrices), les messages restent assez peu porteurs. D’autant plus que le film est ponctué par des phases d’humour franchement dispensables. Le trio amoureux n’est pas crédible et fait vraiment hors sujet. Ces moments ne sont franchement pas drôles et assez enfantins, comme lorsque les deux hommes parlent en même temps ou quand ils se font concurrence pour pourchasser le fantôme. Heureusement pour nous, la fin sera plutôt réussie, allant vraiment à fond dans le drame, sur fond d’une musique sublime… qui sera détruite par une séquence humoristique finale franchement de mauvais gout.

Au niveau des acteurs, Claude Rains campe un fantôme très crédible et franchement touchant. Il est d’ailleurs assez mystérieux dès le début, car on le sent fébrile devant son amour caché et il vrille totalement lorsqu’il se fait dévisager. Pour un rôle aussi difficile, il est plutôt convaincant. Susanna Foster est agréable aussi, mais elle reste très effacée et on a du mal à se demander comment elle peut attirer autant d’hommes. On restera de marbre aussi devant ses deux prétendants, qui jouent dans un registre humoristique alors qu’ils devraient être un peu plus sérieux. D’ailleurs cela aurait été plus judicieux de les faire jouer dans un registre dramatique, afin d’appuyer l’aspect gothique du métrage.

On t’a reconnu Fantomas !

Au final, Le Fantôme de l’Opéra d’Arthur Lubin n’est pas un mauvais film en soi, mais il a pris un certain coup de vieux, contrairement aux autres films de chez Universal (Frankenstein, Dracula ou encore Le Loup-Garou). Si sur la forme, le film reste très joli et avec une ambiance bien marquée, le fait d’avoir mis un humour bien lourd ne sert à rien et alourdit le propos. On noter aussi un rythme très lent et très peu d’allusions à l’horreur ou l’épouvante. Il reste un fond dramatique qui aurait pu être plus approfondi.

Note : 12/20

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Par AqME